Au XVIe siècle, le jeune prêtre franciscain Fray Marcos de Niza (Frère Marc de Nice) fut envoyé vers le Nouveau Monde afin d’évangéliser les Amérindiens, et surtout retrouver Cibola, les fameuses Cités d’or.
Humaniste convaincu ayant totalement épousé les thèses antiesclavagistes de frère Bartolomé de las Casas, frère Marcos arrive à Tenochtitlan, capitale de la Nouvelle-Espagne (territoire recouvrant tout le Mexique jusqu’à la frontière méridionale du Costa Rica) où il est reçu par le vice-roi Antonio de Mendoza. Lors d’un dîner à la cour du vice-roi, il fait la connaissance de Doña Isabel, dont la beauté ébranle son serment monacal d’homme de Dieu...
Doña Isabel n’est autre que la fille de l’ancien empereur aztèque Moctezuma. En 1520, elle fut sauvée et adoptée lorsqu’elle était enfant par le conquistador Cortez, qui ne pouvait se résoudre à l’abandonner à son funeste sort. En effet, Cortez avait trahi Moctezuma pour s’allier à Xicotenga, chef des indiens Tlaxcaltèques, ennemis jurés des Aztèques. Moctezuma vaincu et tué, Cortez voulu protéger les trois derniers enfants (deux garçons et une fille) de l’empereur qui étaient menacés de mort par Xicotenga. Mais le rapport de force n’étant pas en sa faveur, il dû sacrifier au roi tlaxcaltèque les deux princes aztèques, mais garda la petite, qui devint plus tard doña Isabel.
Aujourd’hui adulte et placée sous la protection de l’empereur Charles Quint, doña Isabel est promise en mariage au conquistador Nuno de Guzman... Autant dire que le courant ne passe pas entre les deux futurs époux. Surtout lorsque Guzman se révèle être l’allié de Xicotenga. Isabel profitera de la mission de Marcos pour fuir avec lui.
Afin d’escorter dans son périple le frère Marcos, Guzman a l’idée de lui adjoindre un soldat maure, un esclave affranchi répondant au nom de Esteban de Dorantes (aussi connu sous les noms de Estevanico ou de Mustafa Zemmouri). Soldat et explorateur aguerri, Esteban est aussi un remarquable polyglotte qui connait bien les langues amérindiennes. Un coéquipier de choix pour le jeune prêtre, mais qu’il faudra néanmoins convaincre de rejoindre l’expédition. Car Esteban a déserté, fatigué des guerres et des massacres, lui qui n’aspire qu’à la paix et à retrouver les siens dans son pays natal, le Maroc. Mais il est repris par Guzman et ses hommes. Le sort de l’affranchi ne fait plus aucun doute : il sera condamné au bûcher pour hérésie, sauf s’il accepte la mission que lui propose Guzman.
La fuite de doña Isabel précipite les évènements. Guzman et Xicotenga se lancent à leurs trousses, obligeant Esteban à improviser un plan de fuite pour protéger les tourtereaux. Mais il pourra compter sur l’aide du vice-roi Mendoza, pour semer leurs poursuivants...
Écrit par le journaliste et romancier François Armanet (rédacteur en chef à L’Obs) et le scénariste et réalisateur Jean Helpert, l’histoire racontée dans le diptyque Le Nouveau Monde s’inspire de faits réels mais prends de nombreuses libertés avec des personnages ayant réellement existé, notamment la romance entre frère Marcos et doña Isabel.
Le récit est plaisant et passionnant, si ce n’est un bémol : la différence graphique entre le premier et second tome du diptyque. Bien que de bonne facture, l’album réalisé par Stefano Carloni souffre de la comparaison avec celui exécuté par Xavier Coyère qui nous semble mieux maîtrisé graphiquement. Carloni nous avait expliqué qu’il avait tenté de s’inspirer du style de Coyère, afin de proposer une certaine continuité graphique entre les deux tomes de cette histoire. Une idée qui n’était finalement pas judicieuse. Il aurait mieux fallu qu’il conserve son propre style, qui correspond bien à ce type d’intrigue. Ce sentiment se renforce lorsque l’on voit son travail sur sa série Les Savants, dans laquelle il démontre toute l’étendue de son talent. Il reste que Le Nouveau Monde demeure un bon moment de BD à découvrir.
Voir en ligne : Découvrez le diptyque "le Nouveau Monde" sur le site des éditions Dargaud
(par Christian MISSIA DIO)
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"Le Nouveau Monde" (diptyque) - Par Jean Helpert, François Armanet, Xavier Coyère & Stefano Carloni © Dargaud
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