Shigeo aborde les vacances d’été avec envie et détermination : à lui les cours de renforcement afin de s’assurer rester le premier de sa classe et l’un des meilleurs du département ! Car le garçon, 8 ans, qui vit seul avec sa mère, se définit d’abord comme un élève brillant, studieux et étonnamment mature pour son âge.
Mais voilà que sa mère décide de l’envoyer passer l’été chez son père, Hanao, avec qui il n’a presque aucun contact depuis des années. Il y aurait d’autres moyens d’apprendre que dans les livres. Et une relation à construire avec ce fan des Giants, l’équipe de baseball de Tokyo, dont le rêve demeure, à trente ans passés pourtant, de devenir joueur professionnel.
Un enfant débrouillard avec un adulte immature : le duo a tout pour plaire. Contraint de découvrir de menus plaisir de la vie et de la détente, Shigeo renoue avec une enfance qu’il s’est jusque-là ingénié à éviter et que ce père lui impose, accompagnée de toute l’affection qui va avec et que le garçon ne peut plus refuser.
Drôle et touchant, Le Rêve de mon père s’offre comme une suite de saynètes de type "tranches de vie" mais proposant néanmoins une progression lente mais sensible de la relation entre les deux protagonistes. La révolution qu’opère Shigeo s’avère aussi tendre que juste, sans aucune mièvrerie cependant.
Taiyô Matsumoto signe avec Le Rêve de mon père le premier de ses récits irrigués par une veine personnelle. S’il reste une trame de fond sportive comme dans sa précédente œuvre Zero, parue en juin chez Pika, c’est la relation filiale qui constitue bien le cœur du propos et la matière des intrigues déployées.
Une bifurcation dans une jeune carrière - Le Rêve de mon père n’est que la quatrième série du mangaka - qui entrainera Taiyô Matsumoto vers son premier et immense succès : Amer Béton, avec lequel Le Rêve de mon père présente de multiples parentés, à commencer par la complémentarité d’un couple que tout semble opposer.
Graphiquement, l’œuvre frappe non seulement par son dessin, déjà exubérant, mais aussi par les plans et cadrage adoptés, qui ne cessent de mettre en mouvement le récit et parviennent à construire un monde fourmillant de vie. Ajoutons enfin que Stéphane Beaujean signe une préface inspirée et passionnante, rappel s’il en était besoin que Taiyô Matsumoto fait partie des grands du manga contemporain, et que ses premiers pas en tant que mangaka étaient déjà d’importance.
(par Aurélien Pigeat)
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Le Rêve de mon père T1. Par Taiyô Matsumoto. Traduction Thibaud Desbief. Kana, collection "Made In". Sortie le 21 septembre 2018. 248 pages. 12,70 euros.
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