Que veut Hachette (Groupe Lagardère Active), le tycoon de l’édition française ? Sortir le Salon du livre de son ronron, disent-ils. Ses organisateurs (le groupe Reed Expositions) et le Syndicat National de l’Édition ne seraient pas assez à l’écoute. Résultat : le premier groupe d’édition français a réduit sa participation de 900 m² à 100 m². Leur stand donnait assez clairement le ton : Des fauteuils occupés par des gars en costards-cravates gris et un énorme écran où le catalogue des différentes entités du groupe défilait. Conviction que l’édition passera au tout numérique, ou simple profession de foi ? Une nette réduction des dépenses en tout cas, avec une économie chiffrée à 600.000 euros…
2O ans, 30 ans…
Bref, au moment de l’inauguration jeudi, c’était un peu la soupe à la grimace, avec moins de monde dans les allées. Chez Media-Participations, on confirme le fait : ce salon, « c’est de la communication, c’est trop cher, on y perd de l’argent »,nous dit-on. D’où un stand qui, comme l’année dernière, rassemble Dupuis/Dargaud/Le Lombard/Kana. Néanmoins, les chasseurs de dédicaces sont là, et il y a la file. Et on joue le jeu : Les 10 ans de Poisson-Pilote justifient un espace d’exposition avec des planches originales tirées des albums les plus caractéristiques de cette collection crée par Guy Vidal en 2000.
Les 30 bougies que le Salon fête également de son côté sont le prétexte à une programmation volontariste. Des débats aux listes d’invités souvent mouvantes, un espace « speedbooking » pour les jeunes auteurs qui ne savent pas à l’avance quel éditeur ils auront en face d’eux, des défilés de mode et des cosplays vraiment très chibi, et un îlot de stands où l‘on retrouve Glénat, Delcourt ou Milady, cette dernière profitant du grand espace de sa maison-mère, Bragelonne pour s’offrir une visibilité. Finalement, après un creux le vendredi, le samedi et le dimanche font le plein. Un seul grand groupe qui vous manque ne signifie donc pas que tout le salon soit dépeuplé !
Parmi les animations, un espace SFR mettant en avant la BD sur portable avec cette nouveauté : une machine à dédicace électronique, préfiguration des futures séances de signatures numériques ? Ce serait la logique d’un métier qui se réalise de plus en plus sur l’ordinateur.
Sur le stand Arte, la BD est également mise à l’honneur, de même que sur le celui de la Foire du Livre de Francfort. Dans les allées, on croise Bilal, Tardi, Arleston, Didier Convard et… Éric Zemmour qui fait un vrai succès de foule. La télé, il n’y a que cela de vrai pour attirer le populo !
Détermination
Petits comme grands éditeurs font contre mauvaise fortune bon cœur et, en retroussant les manches, accueillent le client (librairie, bibliothécaire, lecteur…) avec détermination. Si, en cette période de crise, la BD s’en sort plutôt pas mal, c’est grâce au volontarisme de ses acteurs, éditeurs comme auteurs, très présents sur ce salon, comme en témoigne le dernier opus d’Arleston chez Glénat (avec Alwett, Barbucci, Balak, Zimba et Andry), Lord of Burger, un mangalike sur la gastronomie. Une production réfléchie et ciblée, mais en même temps très sentie, comme seul, croyait-on, l’archipel nippon était capable d’en produire.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Jusqu’au 31 mars à la Porte de Versailles à Paris.
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