Irénée vit dans un petit village du sud de la France, élevé par son oncle qui rêve de le voir reprendre l’épicerie familiale.
Seulement voilà, non content d’être profondément ennuyé à cette idée, Irénée n’a qu’une passion : le cinéma. Il rêve d’être une star de l’écran et de donner la réplique aux plus belles actrices. En plus de cela, il ne doute pas de son talent, il est forcément béni de Dieu.
Et justement, un film vient se tourner à proximité du village ! C’est le Destin, à n’en pas douter. En clair, c’est un schpountz, un naïf, à qui l’équipe technique va faire une farce. Mais ce qui n’était au départ qu’une blague potache va vite dépasser les protagonistes et prendre des proportions d’aucun d’eux n’aurait imaginées.
Pagnol offrait à Fernandel, dans le rôle-titre, un de ses grands rôles. L’acteur, truculent, en fait des tonnes et prend un malin plaisir à occuper l’écran. Et comment ne pas penser à lui en voyant cet Irénée de papier s’agiter devant nos yeux ? Car il y a bien du grand-guignolesque dans ce titre où on ne voit pas un personnage mais un acteur qui sur-joue en permanence.
Avec ce septième titre dans la collection Pagnol, Grand Angle poursuit le travail d’adaptation de l’œuvre de l’auteur provençal, alternant titres connus et textes oubliés. Une fois encore, preuve est donnée que son œuvre s’adapte parfaitement au 9e art et ce titre est une vrai réussite. Il y a du rythme, de belles trouvailles graphiques, un découpage dynamique. Parfois, certaines cases tiennent davantage du dessin animé que de l’image fixe mais l’ensemble est cohérent et une fois ce parti pris accepté, elles s’incèrent parfaitement dans le récit. Un beau travail de la part du dessinateur et des scénaristes.
L’histoire est savoureuse et permet de dénoncer, gentiment, les travers du monde du cinéma. Même si le texte a été écrit voici plus de 80 ans, il a des accents très actuels et il est saint de se moquer de ce que l’on admire. Si l’objectif est de nous donner envie de découvrir ce film qui va fêter ses 80 ans, c’est réussi. Qui a dit que Pagnol était un auteur d’un autre temps ?
(par Jérôme BLACHON)
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