Le livre du Tampographe Sardon (un métier unique, comme celui de Monstre du Loch Ness, précise non sans humour le communiqué de l’éditeur) se présente comme le journal de quatre années de création de gravures et tampons. Un artisanat à priori désuet, mais que Vincent Sardon réussit à rendre drôle et souvent mordant.
Après quelques trop rares bandes dessinées publiées entre 1995 et 2002, on avait perdu la trace de Vincent Sardon et de son trait légèrement ondulé et évoquant la gravure. Il fallait lorgner du côté de la presse pour trouver ça et là des illustrations de ce dépité du neuvième art. En vérité, Sardon préparait son grand œuvre punk : la réhabilitation du tampon !
Inextricablement associés à la paperasserie administrative, on ne peut pas dire que les cachets et tampons encreurs jouissaient d’une cote folle. Pourtant, pris d’une passion immodérée pour l’art de la reproduction encrée infinie, Sardon a chamboulé les idées reçues sur le sérieux de cet outil administratif antédiluvien.
En façonnant ses tampons, Sardon joue sur le décalage et les pastiches grinçants. Au fil des pages de son journal, Le Tampographe partage ses sources d’inspiration et ses petites manies. Parmi elles, d’hilarants safaris photo durant les manifestations du 1er mai, à la recherche de la plus belle bacchante ou de la mèche folle la plus impromptue.
Il y a aussi cette collection de photomatons qui rendent tristes, ces cartons officiels de la République Française autorisant à gifler les enfants des autres et à prendre la place des vieux dans les bus, ou les délirantes séries "tampons vulgaires" déclinées en langues diverses...
L’œil du tampographe Sardon est impitoyable, parfois cruel avec ses contemporains, mais c’est son acuité qui fait toute sa force comique.
(par Morgan Di Salvia)
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Le Tampographe Sardon – Par Vincent Sardon – L’Association
Toutes les illustrations sont © Le Tampographe Sardon - L’Association
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