Thor : Ragnarok est le troisième film consacré aux aventures en solo du dieu nordique dans l’univers cinématographique Marvel Studios. Le film a pour objectif de succéder à Thor (2011) et Thor : Le Monde des ténèbres (2013) afin de continuer à donner vie à l’univers d’Asgard et de ses dieux au sein de l’univers Marvel Studios, mais aussi de préparer le dieu du tonnerre à la fin du cycle 3 de cet univers, marquée par les films Avengers que l’on découvrira à partir de l’année prochaine.
Bien qu’il s’agisse d’un personnage désormais connu au cinéma ces dernières années (grâce à ses apparitions dans les films Avengers), les aventures en solo de Thor n’ont jamais été des blockbusters éprouvés au box-office et c’est même dans une relative indifférence du grand public qu’une nouvelle tentative pour transformer l’essai est tentée. Pari réussi pourtant pour le nouveau réalisateur, le Néo-zélandais Taika Waititi relativement novice dans cette fonction ?
Un choix a été opéré pour cette suite et il se remarque dès la première scène : Thor et ses nouvelles aventures vont tourner le dos à la dramaturgie (relative des premiers épisodes) et vont au contraire embrasser le caractère humoristique assumé que l’on associe fréquemment aux films Marvel Studios. En gros, ce Thor : Ragnarok se rapproche davantage de la formule populaire des Gardiens de la Galaxie de James Gunn que du format mis sur pied par Kenneth Branagh avec le premier film Thor.
Ce choix ne nous dérange pas trop s’il est assumé, mais Thor : Ragnarok semble au final un projet assis entre deux chaises, le résultat étant que l’on a l’impression d’avoir deux films en un. Le premier film, résolument porté sur l’autodérision et l’humour, est plaisant ; tandis que le second, essayant tant bien que mal de mettre en place une dramaturgie évoquant les premiers épisodes, nous a laissé indifférents. Heureusement que les deux-tiers de ce long-métrage suive plutôt la première option...
Le côté plaisant et solaire de ce Thor : Ragnarok est incarné par une aventure contre-nature pour le dieu du tonnerre, à savoir une très libre adaptation du Comic Planète Hulk de Greg Pak (2006). Sans trop dévoiler l’intrigue, Thor se retrouve projeté sur une planète peuplée de très divers extraterrestres qui n’ont presque qu’un seul point en commun : ils aiment bien réduire en esclavage les rejetés de l’univers afin de les faire combattre tels des gladiateurs pour leur bon plaisir.
Il aurait été plus agréable pour les spectateurs que la communication marketing de Marvel Studios ne stipule pas d’entrée de jeu la présence du géant de jade dans le film afin de leur ménager une réelle surprise pendant la séance, mais ne soyons pas surpris de voir le studio organiser une partie de sa communication autour de ce film sur le seul personnage capable d’attirer des spectateurs dans les salles obscures...
C’est ici que nous retrouvons les bons côtés du film, à savoir un humour et de l’action, des acteurs qui cabotinent à bon escient (Tessa Thompson et Jeff Goldblum en tête, Chris Hemsworth, Mark Ruffalo, Tom Hiddleston et Taika Waititi dans leur sillage) et une bande-son originale assez euphorisante grâce à ses multiples emprunts à des titres populaires des années 1980.
Le côté poussif et lunaire de ce Thor : Ragnarok est malheureusement incarné par son titre : l’intrigue autour de la disparition programmée des dieux d’Asgard est malheureusement peu intéressante. Une nouvelle fois, les amateurs des Comics de l’éditeur Marvel pourront soupirer à la vue du résultat : le choix n’a clairement pas été d’adapter littéralement des histoires marquantes du personnage, mais son aboutissement, patchwork plus ou moins assumé d’inspirations. Issues de nombreuses sources des précédentes décennies (servi par ailleurs par des effets spéciaux numériques peu inspirés), ce nouveau Thor n’est malheureusement pas à la hauteur des attentes.
Le Ragnarok est ici vite incarné par Hela, déesse de la Mort revenue en Asgard : sa volonté de soumettre les autres dieux à son autorité soulève plus l’indifférence qu’autre chose chez le spectateur. C’est d’autant plus dommageable que le personnage de Hela est incarné par la talentueuse actrice Cate Blanchett : le bagage de l’artiste ne permet malheureusement pas ici d’atténuer une écriture vraiment trop légère de la déesse de la Mort. L’intrigue asgardienne manque clairement de souffle et se trouve malheureusement loin du caractère épique qu’elle exife d’arborer.
Reste une bonne surprise du côté d’Asgard, le traitement du guerrier Skurge (« l’Exécuteur ») : même si un personnage aux cheveux blonds ne l’accompagne malheureusement pas, des références directes au travail dans les années 1980 du dessinateur et scénariste Walter Simonson pourront inscrire un sourire sur le visage des amateurs des Comics classiques de Thor.
Si vous craignez de manquer une intrigue incontournable pour Thor avant le prochain Avengers, ce n’est clairement pas le cas ici. Le film se révèle aussi frustrant : si le film était résolument tourné vers un traitement humoristique comme les deux-tiers ici du long-métrage, peut-être que le résultat aurait été plus probant.
(par Romuald LEFEBVRE)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Thor : Ragnarok. Par Taika Waititi. De Marvel Studios, 130 minutes.
Participez à la discussion