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Le coup de blues de l’édition indépendante

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 12 décembre 2010                      Lien  
L’Association, se déclarant en crise, réduit sa production et son personnel. Quant à son distributeur, le Comptoir des Indépendants, il annonce sa fermeture prochaine, son activité étant reprise partiellement par les Belles Lettres.

Les temps ont changé. Avant, il y avait les « gros éditeurs », les « commerciaux » vendeurs de soupe, et, d’autre part, si l’on en croyait Jean-Christophe Menu dans Plates-bandes (2008), les purs, les « Indépendants », les « Alternatifs », les « Avant-Gardes », les structures créées par les Auteurs (le tout avec des majuscules) « et animées de préoccupations différentes ou opposées au contexte BD établi. » qu’il désignait sous le vocable de "microcosme". [1]

Un rôle historique à reconsidérer

Cette vision un peu réductrice du marché de la bande dessinée, pour être déjà fausse à l’époque, permettait à L’Association de s’arroger un rôle "historique", trop merveilleux pour être vrai, dans l’avant-garde de la bande dessinée contemporaine.

En réalité, ce qui s’est passé ces dernières années découlait d’un processus naturel qui s’explique par l’ouverture de la librairie générale, jusque là hostile à la bande dessinée. Pourquoi ce revirement ? Surtout en raison de la volonté, de la part des libraires, de préserver leur chiffre d’affaires, principalement motivée par l’extraordinaire croissance vécue par la BD ces 15 dernières années en France. La Mission Livre 2010 initiée par le Ministère de la Culture laissait ressortir que le chiffre d’affaires de la BD avait progressé de 375% entre 1990 et 2005, laissant loin derrière le document d’actualité (124%), la jeunesse (90%) et le roman (47%) [2].

L’Association ne pouvait porter seule cette croissance. Elle a profité de cette tendance, surtout impulsée par l’arrivée sur le marché des mangas, responsable de l’ouverture de nombreux points de vente spécialisés. Elle a su se positionner sur le créneau -porteur lui aussi- du roman graphique avec des individualités charismatiques comme Joann Sfar, Lewis Trondheim, David B, Emmanuel Guibert et Marjane Satrapi.

Maintenant que le marché se tasse après une croissance ininterrompue de 15 ans (et peut-être 16 car, cette année encore, on s’attend à un tassement mais pas à un écroulement), il semblerait que L’Association joue un rôle moins "historique"...

Une prise en tenaille

Le fait est qu’aujourd’hui, bon nombre de maisons d’édition appartenant à des groupes importants (Gallimard, Denoël, Futuropolis, Soleil…) publient, depuis quelques années déjà, des produits qui ressemblent à s’y méprendre aux standards de l’édition dite « alternative » des années 1990, tant en terme de qualité que de tirage.

Soyons clairs : la supposée "avant-garde" de L’Association a joué un rôle plutôt secondaire. Il nous semble qu’elle était déjà assurée bien avant son arrivée, avec des fortunes diverses, par des précurseurs comme Vertige Graphic, Fréon et Amok en France et en Belgique, Valvoline en Italie ou Strapazin en Allemagne, sans parler du très fertile mouvement underground hollandais.

La rigidité des formats standards commerciaux des éditeurs classiques, déjà battue en brèche depuis le milieu des années 1970 au sein même de leurs propres structures (Chez Casterman : Les grands romans de la bande dessinée, 1975 ; Chez Dupuis : Aire Libre, 1988, etc.), est aujourd’hui abolie comme en témoignent des collections, parfois récentes, publiée chez ces éditeurs et leurs outsiders Glénat, Casterman, Soleil, Delcourt, et même le Lombard, sans pour autant éradiquer la forme classique.

La rage exprimée à une époque par J-C. Menu contre Futuropolis et Soleil dans le même ouvrage était justifiée par une menace contre son hypothétique pré-carré ("plates-bandes") dans un secteur qu’il n’avait pas inventé, le « roman graphique », avec « l’avant-garde » en oriflamme, alors même que l’ouvrage qui a, selon son propre aveu, sauvé « la seconde décennie de L’Association » : Persepolis, un album sur lequel Plates-bandes s’était fait très discret, était un ouvrage aux canons narratifs plutôt conventionnels.

Le coup de blues de l'édition indépendante
La plupart des grands éditeurs (ici, la collection KSTR chez Casterman) ont développé dans leur catalogue des productions proches des celles des éditeurs dits "indépendants".
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

La fin d’une certaine vision de la création expérimentale

Ce syncrétisme artistico-idéologique se mêlait à une tentative assez puérile de légitimation raccrochant L’Association au Mouvement Surréaliste des années 1930, aux joutes littéraires fondées en 1960 par le mathématicien François Le Lionnais et le poète Raymond Queneau, L’OuLiPo, ou encore à une supposée filiation avec Hara Kiri et Futuropolis, rien de bien neuf. Les théories de l’éditeur André Schiffrin (L’édition sans éditeurs) servaient par ailleurs de cache-sexe à un discours relativement vide.

La "punkitude" de J-C. Menu se traduisait parfois par des "gestes" concrets, comme par exemple le refus de l’apposition du code-barre sur les livres, à charge pour les diffuseurs ou les libraires de les y coller eux-mêmes…

Cette attitude, sans doute quelquefois jouissive, était un positionnement marketing comme un autre qui a permis, ma foi, grâce à l’appui de certains médias toujours en quête de "nouveauté", de fédérer en librairie une certaine catégorie d’éditeurs que le Comptoir des Indépendants incarnait peu ou prou, avec le succès de Marjane Satrapi, Persepolis, en étendard.

Une crise annoncée de longue date

Mais las, la multiplication des ouvrages expérimentaux, tant chez les éditeurs dits « indépendants » distribués par le Comptoir mais aussi de la part de labels attachés à des grands groupes comme Futuropolis (Joint-venture entre Soleil et Gallimard), Bayou (Collection de Gallimard fondée par Joann Sfar), Shampooing (Collection de Delcourt dirigée par Lewis Trondheim) ou encore Métamorphose (Collection chez Soleil dirigée par Barbara Canepa) dont la force de vente est trois à quatre fois supérieure à celle du Comptoir, ont réduit la pertinence de ce positionnement.

Pire encore : l’Internet, que L’Association a toujours snobée (« On y travaille » avait déclaré J-C. Menu récemment) enlève à ce type d’éditeur ce qui faisait naguère sa légitimité. Auparavant, quand on voulait se faire publier, on n’avait pas le choix : les petites structures s’offraient à vous et vous publiaient, le plus souvent sans payer d’à-valoir. L’Association était cette structure où des auteurs-fondateurs apportaient leur œuvre dans le pot commun.

Aujourd’hui, un jeune créateur qui veut se faire connaître publie ses œuvres sur le Net. Il ne gagne pas davantage d’argent que naguère, sauf que son audience est infiniment plus importante et qu’un éditeur peut le contacter directement. Des grands noms de la BD actuelle, comme Bastien Vivès, ont été recrutés de cette manière.

Cette prise en ciseaux –concurrence des gros éditeurs sur des formats expérimentaux et autonomie des créateurs sur Internet- sonne le glas d’une certaine image romantique de l’édition des années 2000 qui n’a cessé depuis sa création de parler, en la généralisant, d’une "crise" essentiellement circonscrite à son activité (Cf. Les propos de Thierry Groensteen dans notre article : "La BD est-elle en crise ?""] .

"Le métier de la BD en Europe est certainement en profonde mutation. Qu’il soit en crise, cela reste à prouver." avions-nous conclu (janvier 2006).

Récemment, Menu avait accordé deux interviews à l’occasion des 20 ans de L’Association dans lesquelles il reconnaissait que la crise le frappait plus que d’autres : «  …Le contexte a bien changé, dit-il à BD News. La crise est bien réelle. Pour moi, c’est très net. Les gens achètent moins de livres. Cela se ressent chez tout le monde. »

Fermeture annoncée du Comptoir des Indépendants

C’est dans ce contexte qu’il faut lire la fermeture annoncée avant la fin de l’année du diffuseur de L’Association, le Comptoir des Indépendants, et la reprise de certains éditeurs et d’une partie de sa force de vente par Les Belles Lettres à la suite d’un partenariat mis en place en avril 2010.

Une grosse partie des structures éditoriales qui profitaient de cet outil de diffusion créé par Latino Imparato au tournant des années 2000, parmi lesquelles Cà & Là, La Cinquième Couche, Diantre, Alain Beaulet, les Editions de la Gouttière, L’Employé du moi, Frémok, Groinge, IMHO, Michel Lagarde, Tanibis,…, se trouvent obligés de changer de diffuseur/distributeur (certains ont d’ores et déjà signé avec Les Belles Lettres) et se trouvent parfois menacés de se retrouver sans moyen de diffusion.

En avril, le Comptoir avait déjà fait ce constat : « La précision dans le traitement des commandes, la rapidité dans leur livraison, la maîtrise des coûts de transport sont des impératifs qui s’imposent aujourd’hui à tout distributeur. En raison de sa taille, le Comptoir des indépendants a du faire face aux difficultés d’assumer seul les engagements financiers nécessaires à une modernisation de son outil de distribution…  »

En conséquence de quoi, elle fit migrer aux Belles Lettres l’essentiel de sa distribution, soit un catalogue de plus de 2400 ouvrages pour une clientèle de 750 libraires, gérée par ses trois représentants. Mais, sans doute en raison de la réduction drastique des nouveautés de L’Association, elle vient de décider de fermer purement et simplement sa structure de diffusion.

Archipel BD, le stand des "indépendants" au dernier salon de Montreuil
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

« Cette décision des éditeurs/associés vient du fait que la structure n’arrive pas à dégager assez de marge pour régler ses factures éditeurs » annonce le Comptoir à ses diffusés. Une assemblée générale devait se tenir le 6 décembre pour fixer les modalités d’une fermeture « à l’amiable », la société continuant de fonctionner un certain temps, le temps de récupérer ses créances et d’apurer ses dettes. Sa force de vente devrait rejoindre celle des Belles Lettres où elle serait renforcée par un quatrième commercial.

Est-ce à dire que les « forces mercantiles », la « corporation » (dixit J-C. Menu dans Plates-bandes) ont gagné grâce à la « surproduction » ? Ce serait une façon de voir. La réalité, c’est que le marché s’est considérablement diversifié, que les auteurs se sont dirigés vers des structures plus "sûres" et que l’abondance de l’offre oblige chacun à être le meilleur et le plus inventif dans son domaine. Y compris commercialement.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

[1in Plate-bandes, J.C. Menu, L’Association, 2008.

[2Chiffres SNE, 2006.

 
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71 Messages :
  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    12 décembre 2010 16:27, par Hectorvadair

    Belle analyse qui a le mérite de remettre certaines choses a leur place. Dommage pour les indépendants ceci dit. Mais bon, la créativité ne va pas s’arrêter pour autant. Dommage par contre de se dire que cette crise ne va pas réduire les piles de bouquins commerciaux en librairie... Bref, la critique a de beaux jours devant elle.

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  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    12 décembre 2010 17:08, par Asacem

    Le catalogue de L’Association aura plus de pérennité que cet article.

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    • Répondu par Paulo le 13 décembre 2010 à  07:58 :

      ça c’est drôle :)) et de la même manière, le rôle historique des uns et des autres ne se verra que dans quelques années.

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  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    13 décembre 2010 07:11, par Automne

    Pourquoi mettre en avant systématiquement et uniquement l’Association ? Combien d’éditeurs indépendants vont partir à la trappe avec la chute du comptoir ? Pourquoi nier le pillage de leurs catalogues par les éditeurs établis qui étaient tous exsangues avant l’énorme travail des 6 associés ? Cet acharnement à vouloir dégommer Menu masque tout ce qu’il y a autour et c’est loin, très loin d’être négligeable. Quand il ne restera plus que des clones de Blain en librairie, il faudra de nouveau le boulot de quelques courageux pour relancer la machine éditoriale et ce ne sont pas les Mangas qui feront tout le boulot.

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  • "il semblerait que L’Association joue un rôle moins "historique""

    Ce qui se passe aujourd’hui ne réduira jamais le rôle historique qu’a joué L’Association.
    Elle est bizarre votre phrase...

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  • "Soyons clairs : la supposée "avant-garde" de L’Association a joué un rôle plutôt secondaire. Il nous semble qu’elle était déjà assurée bien avant son arrivée, avec des fortunes diverses, par des précurseurs comme Vertige Graphic, Fréon et Amok en France et en Belgique, Valvoline en Italie ou Strapazin en Allemagne, sans parler du très fertile mouvement underground hollandais."

    Vous réécrivez l’Histoire. L’avant-garde de L’Association ne se situait presque pas sur le plan graphique. Elle se situait sur le plan du récit. Nouvelles manières d’aborder des sujets, nouveaux sujets, nouveaux formats. En rien comparable à Vertige Graphic, Valvoline... Ensuite, les autres éditeurs ont suivi le mouvement et le mouvement s’est essoufflé. La génération qui suit a copié et vulgarisé. Normal. L’avant-garde n’est plus supposée elle est devenue establishment. Truc de vieux. C’est toujours comme ça que ça se termine. La nouveauté aujourd’hui se situe plus du côté d’Ankama. Retour vers la recherche formelle et une synthèse entre plusieurs moyens d’expressions (BD, Animation, jeu vidéo).

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    • Répondu par Lo le 13 décembre 2010 à  10:58 :

      Exemple typique de réduction désinformatrice justement. Quand L’Asso publiait ses premiers romans graphiques d’autres l’avaient fait avant, les Humanos notamment. Et au même moment Glénat s’y engageait aussi avec Tronchet et Autheman. Quant à l’autobio, rappelons, les Gotlib, Moebius, Gimenez, Baru, Boudjellal, Binet qui ont précédé et qui avaient pour certains également tenté l’écriture sous contrainte. Eux n’en n’avaient pas un système, c’est tout...
      Tout ce qu’a "inventé" l’Asso c’est la structure éditoriale associative crée par des auteurs pour atteindre directement les librairies... Et encore, certains me contrediront peut-être.

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      • Répondu le 13 décembre 2010 à  13:07 :

        Je ne vois pas le rapport avec ce que je dis. Le seul truc vrai, c’est qu’il faut systématiser pour installer. mais qu’une fois installée, toute avant-garde n’en est plus une. Pas de la désinformation du tout.

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        • Répondu par Lo le 13 décembre 2010 à  21:15 :

          Qu’entendez-vous alors par nouveaux formats, nouveaux sujets et nouveaux moyens d’aborder les sujets ?

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      • Répondu par Jean-Alain Moë s le 13 décembre 2010 à  14:13 :

        Ni Menu ni les fondateurs de l’Association n’ont jamais prétendu avoir inventé tout ce dont vous parlez. Il suffit pour s’en convaincre de (re)lire "Plates-bandes" et ses prolongements dans l’"Eprouvette".

        Leur mérite est plutôt d’avoir largement contribué - ils n’étaient pas seuls - à faire en sorte que des usages alors marginaux (gros livres en noir et blanc de petit format, autobiographie, expérimentation sur le langage de la bande dessinée) se muent en tendances de fonds. Rien que pour cela l’apport de L’Association demeurera immense quelle que soit la suite des évènements.

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        • Répondu le 13 décembre 2010 à  16:21 :

          C’est pourtant ce que bien des médias ont relayés.

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          • Répondu par SN le 13 décembre 2010 à  22:42 :

            parce que vous croyez tout ce que disent les médias ?

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  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    13 décembre 2010 10:31, par SydN

    Je trouve étrange de situer Bayou et Shampooing dans un registre expérimental... A la limite métamorphose expérimente plus, mais c’est plutôt de l’ordre de l’expérimentation éditoriale, du livre-objet. Ces trois collections ne sont pas, mais alors pas du tout, des lieux d’expérimentations formelles en bande dessinée, comme on a avec l’OuBaPo, les livres du Fremok, et quelques titres par-ci par là que l’ont retrouve chez les petits éditeurs comme La 5eme couche par exemple...
    Ces collections se situent plus dans une démarche de vulgarisation du travail effectué par les "petits" dans les années 90 surtout, on est loin de l’expérimentation...

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    • Répondu le 13 décembre 2010 à  12:38 :

      On a surtout chez Bayou du sous-Sfar et chez Shampooing du sous Trondheim, bien moins inspiré que leurs directeurs de collections et souvent sans intérêt.

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      • Répondu par SydN le 13 décembre 2010 à  22:45 :

        Hmmm... Un peu caricatural non ? RG est bien loin de Sfar et 3 ombres bien loin de Trondheim... Mais vous avez en partie raison tout de même, c’est tout a fait représentatif du phénomène de récupération par les gros éditeurs, et de la vulgarisation que celà entraine...

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  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    13 décembre 2010 13:32, par la plume occulte

    Un article brillantissime Monsieur Pasamonik.Est-ce dû à la cure de vitamine C pour préparer l’hiver ?

    Alors pour reprendre la formule d’un Stan très célèbre,EXCELSIOR.

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  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    13 décembre 2010 14:50, par PPV

    Très bon article, Didier, il y a longtemps que Futuro et certains "vrais" indépendants ont dépassé en qualité (et non plus seulement en ventes) ce qui reste de L’Asso, et pendant que Menu rale, dénigre, rumine et vieillit, d’autres créent. Cela dit, si les majors occupent le terrain des bd "alternatives", des vrais indépendants publient parfois des perles qui leur permettent de se maintenir... Mon dernier coup de coeur dans ce domaine ? 1h25, de Judith Forest, chez 5C.

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    • Répondu par June le 14 décembre 2010 à  16:33 :

      Très bon article, Didier, il y a longtemps que Futuro et certains "vrais" indépendants ont dépassé en qualité (et non plus seulement en ventes) ce qui reste de L’Asso,

      Ah la vache ce qu’on peut rigoler sur actuabd.

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    • Répondu le 19 décembre 2010 à  13:26 :

      Qu’est-ce que c’est, un "vrai" indépendant ? Je suis impatient de le savoir...

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  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    13 décembre 2010 16:09, par Manu Temj

    Un cycle se termine, de toute évidence...

    Après 20 ans, la "nouvelle BD" a été assimilée, absorbée, elle n’a plus grand chose de nouveau. Elle peut rejoindre tranquillement le cimetière des tendances BD, quelque part à côté de la « nouvelle ligne claire », des « métal », de la BD « bête et méchante »...

    Astucieusement affadie (si si !), subtilement liftée par les stratèges des grandes maisons d’édition, elle a définitivement trouvé son public, quelque part un tout petit peu à gauche des romans A Suivre et de la collection Aire Libre. Un format un peu plus moderne, un peu plus de pages, un peu moins de romanesque et un peu plus d’autofiction, la recette était identifiée, les machines ont pu rouler. Paradoxalement, le succès de Persepolis a donné les clés du marché aux grandes maisons et ouvert la voie du chemin de croix des petites. Pas sûr que Marjane Satrapi souhaitait tant d’honneur...

    Il faut certainement se réjouir de la reconquête d’un lectorat que les grandes séries de lutins et d’espionnage ne séduisaient pas, de la bonne santé globale du "marché" qui a trouvé là un nouveau filon, et de ce nouveau terrain de jeu et de survie pour des dizaines de jeunes auteurs. Ce n’est pas rien et si l’Asso a au moins contribué à ça, il me semble bien difficile de lui dénier son importance historique.

    Pour le reste...
    Disparue avec l’âge la fraîcheur des dix ou quinze premières années du mouvement "indé"... Une poignée de grands noms en pleine gloire font la queue pour recevoir leur (mérité) trophée angoumoisin : c’est leur tour. Les moins consensuels, les plus irréductibles, poursuivent – quand ils le peuvent encore – leur chemin de croix de petites structures en fascicules confidentiels. Les éditeurs semblent painer à trouver de nouveaux talents qui ne soient pas totalement sous l’influence béate des anciens et creusent de vieux filons. La fenêtre se referme inexorablement...

    Quant aux lecteurs, ceux qui ont vécu et accompagné ce mouvement avec gourmandise (la bave même !) aux lèvres et la sensation rare de vivre une grande époque, pleine, ou chaque année réservait son lot de découvertes improbables, de bouquins illisibles, courageux, expérimentaux, viscéraux, réjouissants ou terrifiants, recelant des trésors de sensibilité, de colère, de coups de poings dans la gueule… et bien ils observent avec effroi cette ambiance de fin de siècle. Cette ambiance de curée, de « je vous l’avais bien dit », de « je n’y ai jamais rien compris mais je savais que c’était de la merde ! »… Cette ambiance de tristesse, d’appauvrissement des publications, d’auteurs et d’éditeurs qui lancent des appels au secours… Cette ambiance de marché, de marketing, de collections Canada-Dry qui parait-il ressemblent « à s’y méprendre » à ce qu’ils ont aimé… Je suis désolé Cher Didier, j’essaie, mais je n’arrive pas à m’y « méprendre » !… Je ne suis pas le public de ces livres là, aussi sincères et méritants leurs auteurs fussent-ils.

    Je ne suis qu’un con de lecteur, seul je n’ai aucun pouvoir sur l’édition BD, collectivemment je ne suis visiblement pas assez nombreux pour alimenter un "marché viable". Je vois, malgré moi, les petits éditeurs se casser la gueule, les grands ne rien – ou presque – m’offrir d’équivalent et m’expliquer que si ! la collection Kchoses, ou STruc c’est la même chose que Mattt Konture (sans blague !), que les gentils blogueurs du net sont aussi novateur que Killofer, que l’avenir est à la lecture d’une Lanfeusterie post-post-tolkenienne en semi-animation sur un écran de 5x10 avec un lien direct sur le jeu vidéo et le réseau social ad hoc. Je ne dis pas que ce n’est pas intéressant, juste que ça n’a rien à voir !

    Pendant vingt ans une parenthèse étrange a permis la publication dans des conditions étonnement bonnes de centaines de livres de niche affranchis autant qu’il en était possible des contraintes du formatage commercial. Apparemment c’est fini, ou presque. Les avant-gardes retourneront aux « souterrains » et nous reprendrons notre pelle pour aller les y dénicher. Jusqu’à peut-être, une nouvelle éclaircie, car ces choses marchent, parait-il, par cycles… Peut-être...

    Le pire, c’est que certains semblent se réjouir de tout ça !

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 13 décembre 2010 à  19:52 :

      J’ai toujours eu, cher Manu, même si nos avis divergent parfois, de l’estime pour votre point de vue.

      C’est le lot des forums que de laisser s’épandre des avis contraires au mien. C’est aussi leur lot de comprendre de travers ce que j’écris. J’ai sans doute dû mal m’exprimer, ne pas avoir été assez clair, voulu exprimer trop vite trop d’idées à la fois.

      Comme vous dites, et c’est le sens de cet article :

      Un cycle se termine, de toute évidence...

      Un lecteur renvoie à "Plates-bandes", qu’il n’a manifestement pas lu. C’est vrai que "pour l’histoire", j’ai voulu jeter une pierre encore dans le jardin de J-C. Menu. La "nouvelle BD", ce n’est pas L’Association, même si celle-ci en fait partie. Dans l’ouvrage d’Hugues Dayez d’ailleurs, Blain et Rabaté figurent dans la liste et ne ressortent pas de l’éditeur associatif parisien.

      Paradoxalement, le succès de Persepolis a donné les clés du marché aux grandes maisons et ouvert la voie du chemin de croix des petites. Pas sûr que Marjane Satrapi souhaitait tant d’honneur...

      Et avant-elle, Maus de Spiegelman, ne l’oublions pas. Et Frank Miller, et Dan Clowes publiés par Vertige Graphic.

      L’édition expérimentale comme l’autofiction ne sont pas et n’ont jamais été l’exclusivité de la seule Association : Frémok, Atrabile, Ego Comme X, Cornélius et bien d’autres ont chacun apporté leur pierre à l’édifice.

      Ce sont les esprits simplistes qui associent "la Nouvelle BD" et ce moment historique des années 1990-2005 à la seule Association.

      Il faut certainement se réjouir de la reconquête d’un lectorat que les grandes séries de lutins et d’espionnage ne séduisaient pas, de la bonne santé globale du "marché" qui a trouvé là un nouveau filon, et de ce nouveau terrain de jeu et de survie pour des dizaines de jeunes auteurs. Ce n’est pas rien et si l’Asso a au moins contribué à ça, il me semble bien difficile de lui dénier son importance historique.

      Je ne la dénie pas, d’où l’usage de l’expression "moins historique". Mais je refuse que son éditeur en chef en recueille seul le bénéfice. D’autres dans des conditions plus dures que la sienne, avec moins de chance que lui,mais avec une intransigeance plus entière encore ont illustré cette séquence. Il était nécessaire de le rappeler.

      Les moins consensuels, les plus irréductibles, poursuivent – quand ils le peuvent encore – leur chemin de croix de petites structures en fascicules confidentiels. Les éditeurs semblent painer à trouver de nouveaux talents qui ne soient pas totalement sous l’influence béate des anciens et creusent de vieux filons. La fenêtre se referme inexorablement...

      Une fenêtre, pas LA fenêtre. Encore cette tendance à l’exclusivisme, à n’apprécier que ce que vous connaissez. De nouveaux talents émergent, notamment de la génération "blog". Nous sommes dans une époque charnière. Personnellement, je suis confiant.

      Quant aux lecteurs, ceux qui ont vécu et accompagné ce mouvement avec gourmandise (la bave même !) aux lèvres et la sensation rare de vivre une grande époque, pleine, ou chaque année réservait son lot de découvertes improbables, de bouquins illisibles, courageux, expérimentaux, viscéraux, réjouissants ou terrifiants, recelant des trésors de sensibilité, de colère, de coups de poings dans la gueule…

      Croyez-vous que l’on soit passés à côté ? Que Blutch, Trondheim, Gerner, Winschluss, Goblet, Van Hasselt ou Rupert & Mulot manquent à nos bibliothèques ? Il faut être sot pour ne pas les avoir remarqués. Mais voyez-vous, on peut apprécier une catégorie d’auteurs ou d’œuvres en même temps que les Lutins et les Policiers que vous semblez tant mépriser, par goût (pourquoi s’enfermer ?) ou par curiosité. Nous avons toujours défendu cette ligne ici.

      et bien ils observent avec effroi cette ambiance de fin de siècle. Cette ambiance de curée, de « je vous l’avais bien dit », de « je n’y ai jamais rien compris mais je savais que c’était de la merde ! »… Cette ambiance de tristesse, d’appauvrissement des publications, d’auteurs et d’éditeurs qui lancent des appels au secours… Cette ambiance de marché, de marketing, de collections Canada-Dry qui parait-il ressemblent « à s’y méprendre » à ce qu’ils ont aimé… Je suis désolé Cher Didier, j’essaie, mais je n’arrive pas à m’y « méprendre » !… Je ne suis pas le public de ces livres là, aussi sincères et méritants leurs auteurs fussent-ils.

      Je comprends que vous ayez fait un choix, c’est même souhaitable avec tout ce qui sort, qu’une catégorie d’auteurs aient leurs supporters, mais de grâce, ne méprisez pas ce que vous ignorez.

      Mon article est aussi là pour contextualiser cet évènement, pour briser quelques vieilles lunes que notre ami Menu a contribué à faire prospérer. Les ricanements de Xavier Guibert de Du 9 prophétisant la mort de la BD commerciale étouffée dans la "longue traîne" en sont pour leurs frais.

      Souvenez-vous de ce que disait Alan Moore :la bande dessiné de qualité a besoin de la BD commerciale pour prospérer.

      Et puis, cette détestation dépassée de l’Heroïc Fantasy et des mangas contient, de toute évidence, sa part de propagande commerciale.Prenez-en conscience : quand vous parlez de "l’autre BD", vous êtes encore dans le marketing.

      Dans cet article, nous sommes dans un constat, dont il faut bien tirer une analyse. Point de curée ici (sauf dans le propos de certains commentateurs). Jean-Christophe Menu est encore jeune et toujours talentueux. Il a toujours un bel avenir devant lui.

      L’Association a un beau trésor de guerre, des actifs. On peut voir aussi dans ces actes de gestion une saine prudence.

      Je ne suis qu’un con de lecteur, seul je n’ai aucun pouvoir sur l’édition BD, collectivemment je ne suis visiblement pas assez nombreux pour alimenter un "marché viable". Je vois, malgré moi, les petits éditeurs se casser la gueule, les grands ne rien – ou presque – m’offrir d’équivalent et m’expliquer que si ! la collection Kchoses, ou STruc c’est la même chose que Mattt Konture (sans blague !), que les gentils blogueurs du net sont aussi novateur que Killofer, que l’avenir est à la lecture d’une Lanfeusterie post-post-tolkenienne en semi-animation sur un écran de 5x10 avec un lien direct sur le jeu vidéo et le réseau social ad hoc. Je ne dis pas que ce n’est pas intéressant, juste que ça n’a rien à voir !

      Sur ce dernier point, je suis d’accord avec vous. La perception que l’on peut avoir de l’intérêt ou du talent change avec le temps. Mais ce n’est pas parce que le talent est d’une autre nature qu’il n’existe pas.

      Pendant vingt ans une parenthèse étrange a permis la publication dans des conditions étonnement bonnes de centaines de livres de niche affranchis autant qu’il en était possible des contraintes du formatage commercial. Apparemment c’est fini, ou presque. Les avant-gardes retourneront aux « souterrains » et nous reprendrons notre pelle pour aller les y dénicher. Jusqu’à peut-être, une nouvelle éclaircie, car ces choses marchent, parait-il, par cycles… Peut-être...

      Vous pêchez par pessimisme. D’abord L’Association n’est pas morte, ensuite des structures comme Fremok, La 5e Couche Atrabile, Ego Comme X, La Cerise ou encore Manolosanctis, pour ne citer que celles-là, sont encore capables de vous surprendre.

      Le pire, c’est que certains semblent se réjouir de tout ça !

      Pas nous, en tout cas.

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      • Répondu par SydN le 14 décembre 2010 à  00:00 :

        L’édition expérimentale comme l’autofiction ne sont pas et n’ont jamais été l’exclusivité de la seule Association : Frémok, Atrabile, Ego Comme X, Cornélius et bien d’autres ont chacun apporté leur pierre à l’édifice.

        Ce sont les esprits simplistes qui associent "la Nouvelle BD" et ce moment historique des années 1990-2005 à la seule Association.

        Vous dénoncez, si je comprend bien, ceux qui prennent L’association comme le symbole de la Nouvelle BD, quitte à en oublier tous les autres éditeurs majeurs de ce mouvement...
        Pourtant, vous faites de même avec cet article. Intitulé "le coup de blues de l’édition indépendante", vous ne parlez QUE de cette maison d’édition et pas une autre... L’association, symbole majeur de l’édition indé ? Oui. Et c’est pour ça qu’on en fait tout un foin, d’ailleurs.
        Si l’asso venait à disparaitre, ça ne serait pas la fin des haricots pour l’édition indé, bien d’autres acteurs majeurs sont encore sur pieds. Mais, tout de même ! Pour tous, l’Association est plus qu’une maison d’édition, mais un symbole, et sa disparition serait un coup dur pour le moral. Que vous déploriez le statut médiatique de l’Association, soit, mais vous ne pouvez rien y faire, il en est ainsi. Et qu’on ne me dise pas que justement votre article est là pour montrer que « oula attention, prenez garde à la méprise, l’Association n’est pas l’unique pilier historique de la production "indé" », puisqu’aucun autre pilier n’est cité dans votre argumentaire, et que vous placez vous-même l’Association dans une position plus que centrale...

        Les ricanements de Xavier Guibert de Du 9 prophétisant la mort de la BD commerciale étouffée dans la "longue traîne" en sont pour leurs frais.

        Souvenez-vous de ce que disait Alan Moore :la bande dessiné de qualité a besoin de la BD commerciale pour prospérer.

        Et puis, cette détestation dépassée de l’Heroïc Fantasy et des mangas contient, de toute évidence, sa part de propagande commerciale.Prenez-en conscience : quand vous parlez de "l’autre BD", vous êtes encore dans le marketing.

        Je ne vois pas vraiment ce que cette attaque envers Xavier Guilbert (il y a un L entre le i et le b)et Du9 vient faire ici... Je n’ai pas souvenir d’une seule prophétie de se genre sur ce site, mais n’ayant pas tout lu, je ne peux que me fier à votre bonne foi. Cependant, j’ai effectivement lu quelques articles où il était question de ricaner, souvent jaune, devant certaines stratégies éditoriales peu flatteuses, et pas souvent efficace qui plus est. Ce que Xavier Guilbert ne semble pas apprécier, ce sont les produits marketing plus que les bandes dessinées qui se vendent, je crois. La différence est énorme.

        Ce n’est pas parce qu’Alan Moore est un grand auteur que c’est un grand penseur. Qui plus est le marché du comics est totalement différent de celui de la bande dessinée en France. La phrase que vous citez : "la bande dessiné de qualité a besoin de la BD commerciale pour prospérer.", je ne sais pas si elle est tout a fait exacte, mais dite comme ça, elle est idiote. La bande dessinée de qualité n’as pas besoin de BD commerciale pour prospérer, ce sont les éditeurs qui ont besoin de "commercial" pour prospérer. La bande dessinée de qualité peut naître n’importe où, sur net, dans des fanzines, dans l’auto-édition (voyez Benoit Jacques !). J’ajouterai que pour prospérer, un éditeur n’a même pas besoin de Bd commerciale, il a juste besoin de vendre, ce qui peut se faire sans pour autant avoir des stratégies marketing à grande échelle (on est loin de la simple utilisation d’un terme comme "l’autre bd"), car c’est de ça qu’il s’agit quand on parle de "commercial" : Une Bd commerciale est une Bd qui est faite pour vendre et non pas pour être vendue, je n’ai pas l’impression que tout le monde ai saisie la nuance... Et c’est ça que Xavier Guilbert dénonce sarcastiquement sur Du9...

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        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 décembre 2010 à  13:54 :

          L’association, symbole majeur de l’édition indé ? Oui.

          Ben oui, c’est pourquoi elle est au centre des débats. Vous ne pouvez pas me faire dire tout et son contraire.

          sa disparition serait un coup dur pour le moral.

          Elle est loin d’avoir disparu...

          Que vous déploriez le statut médiatique de l’Association, soit, mais vous ne pouvez rien y faire, il en est ainsi.

          Non, je ne déplore rien de ce genre. Juste une lecture abusive de l’histoire par quelques-uns.

          l’Association n’est pas l’unique pilier historique de la production "indé" », puisqu’aucun autre pilier n’est cité dans votre argumentaire,...

          Hahaha !

          Je ne vois pas vraiment ce que cette attaque envers Xavier Guilbert (il y a un L entre le i et le b)et Du9 vient faire ici... Je n’ai pas souvenir d’une seule prophétie de se genre sur ce site, mais n’ayant pas tout lu, je ne peux que me fier à votre bonne foi.

          Ah ben oui, vous n’avez pas lu. Le petit ouvrage sur la crise au CNBDI devrait vous éclairer. (Oui, Guilbert et pas Guibert. Guibert est tellement généreux et éblouissant...)

          Ce que Xavier Guilbert ne semble pas apprécier, ce sont les produits marketing plus que les bandes dessinées qui se vendent, je crois. La différence est énorme.

          Oui, c’est vrai, cela existe aussi. Ce n’est pas méprisable pour autant. Les vrais amateurs savent faire le choix. Ils n’ont pas besoin qu’on les prenne pour des crétins. Et, une fois de plus, ces "produits" confortent le reste.

          Ce n’est pas parce qu’Alan Moore est un grand auteur que c’est un grand penseur.

          Si si, encore un que vous n’avez pas lu ;)

          Qui plus est le marché du comics est totalement différent de celui de la bande dessinée en France.

          Alan Moore se distingué précisément du mainstream des comics.

          La phrase que vous citez : "la bande dessiné de qualité a besoin de la BD commerciale pour prospérer.", je ne sais pas si elle est tout a fait exacte, mais dite comme ça, elle est idiote. La bande dessinée de qualité n’as pas besoin de BD commerciale pour prospérer, ce sont les éditeurs qui ont besoin de "commercial" pour prospérer. La bande dessinée de qualité peut naître n’importe où, sur net, dans des fanzines, dans l’auto-édition (voyez Benoit Jacques !).

          Vous avez raison, c’était maladroit. Il y a de la bande dessinée commerciale de qualité.

          J’ajouterai que pour prospérer, un éditeur n’a même pas besoin de Bd commerciale,...

          L’éditeur peut-être, le librairie lui, en a bien besoin, mais vous faites partie de ceux qui rêvent d’une édition sans libraire peut-être ?

          Une Bd commerciale est une Bd qui est faite pour vendre et non pas pour être vendue, je n’ai pas l’impression que tout le monde ai saisie la nuance...

          Je dois être buté car je ne la vois pas, la différence.

          Et c’est ça que Xavier Guilbert dénonce sarcastiquement sur Du9...

          Ah vous avez lu la même chose que moi alors...

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          • Répondu par LM le 14 décembre 2010 à  16:04 :

            J’ajouterai que pour prospérer, un éditeur n’a même pas besoin de Bd commerciale,...

            L’éditeur peut-être, le librairie lui, en a bien besoin, mais vous faites partie de ceux qui rêvent d’une édition sans libraire peut-être ?

            Puisque des éditeurs peuvent très bien prospérer sans succés gigantesques, pourquoi pas les libraires ? Ce sont eux qui vendent les livres des éditeurs, non ? Ils ont donc droit à leur part des ventes (et heureusement). Il existe des libraires qui sont là depuis des pas mal d’années sans mettre en rayon un seul titeuf, dora ou autre twilight. Si si.

            Une Bd commerciale est une Bd qui est faite pour vendre et non pas pour être vendue, je n’ai pas l’impression que tout le monde ai saisie la nuance...

            Je dois être buté car je ne la vois pas, la différence.

            BD faite pour vendre -> pour faire un max de fric à tout prix (même au prix de proposer volontairement de la bouze). Et oui, je vous accorde un point, parfois, il arrive que des BD commerciales ne soient pas si mauvaises.

            Bd pour etre vendue -> faite, et puis vendue pour au mieux tenter de rentrer dans ses frais.

            la démarche est tout fait différente dans les deux cas.

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      • Répondu par Asacem le 14 décembre 2010 à  07:12 :

        Les premières publications de Christophe Blain se sont faites dans Lapin, la revue de l’Association, sur scénario de David B., avant la publication d’Isaac.

        Mais on pourrait multiplier la discussion des points de détail, je relève juste celui-ci, mais rien n’est surprenant, je crois que David B. et Blain et Sfar (etc.) partageaient le même atelier à un moment.

        L’Association a réuni, pendant un temps, un certain nombre d’auteurs, qui ont inventé une façon de faire la bande dessinée qui est aujourd’hui le modèle de la BD "autofictive" et/ou "vite dessinée", de la BD "artiste" dont les clones sont publiés par tout le monde. C’est au moins un "courant". Il suffit d’ouvrir n’importe quel numéro de la revue Lapin (disons les dix premiers), de comparer ce qui s’y publiait avec ce qu’on trouve aujourd’hui majoritairement dans les rayons "BD indépendantes/alternatives etc." des librairies pour que cela saute aux yeux. Pas Vertige Graphic, moins Ego comme X, l’Association. Si on doit citer de petits éditeurs qui ont creusé leur voie plus parallèlement, ce seront Les Requins marteaux ou 6 pieds sous terre.

        Citer Maus comme contre-exemple n’a rien à voir, et n’importe quel lecteur peut se rendre compte de ce qui fait, à plus d’un titre, le destin exceptionnel - tant du point de vue de sa création que de sa diffusion - de cette bande dessinée unique.

        JC Menu a, au premier chef, participé à la publication des travaux de ce "courant" par l’Association (en étant lui-même auteur participant de ce courant), d’une part, et a été parmi les acteurs principaux (en cofondant le comptoir des indépendants mais nous parlons de vingt ans de travail de diffusion y compris des livres de Cornelius, Fremok, etc.), et de la pénétration de cette bande dessinée dans les librairies généralistes et dans les grandes surfaces culturelles (FNAC, Virgin, les supermarchés moins).

        Qu’il ait eu raison ou tort, et quelque soit le devenir de ces faits, aucun tour de passe passe rhétorique ne pourront les masquer bien longtemps.

        Pour finir, parler d’expérimentation, d’innovation, d’invention, de commercialisation, "in abstracto", ne mène nul part. Si vous voulez faire quelque chose pour la bande dessinée sur ces questions-là, faites de la bande dessinée (ou publiez-en ou vendez-en).

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        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 décembre 2010 à  13:42 :

          Les premières publications de Christophe Blain se sont faites dans Lapin, la revue de l’Association, sur scénario de David B., avant la publication d’Isaac.

          Mais aucun livre au catalogue, pourquoi ?

          Mais on pourrait multiplier la discussion des points de détail, je relève juste celui-ci, mais rien n’est surprenant, je crois que David B. et Blain et Sfar (etc.) partageaient le même atelier à un moment.

          Effectivement, encore maintenant pour Blain et Sfar.

          L’Association a réuni, pendant un temps, un certain nombre d’auteurs, qui ont inventé une façon de faire la bande dessinée qui est aujourd’hui le modèle de la BD "autofictive" et/ou "vite dessinée", de la BD "artiste" dont les clones sont publiés par tout le monde. C’est au moins un "courant".

          D’accord sur le "courant", pas d’accord sur "l’invention". Les effets générationnels existent depuis toujours : les générations Pilote, Charlie, Écho des Savanes, Métal Hurlant, Fluide, Vécu,... Autant de courants.

          Pas Vertige Graphic

          Gipi quand même et la revue Black, d’où la diatribe contre "l’avant-garde soft" dans "Plates-bandes". Moi je trouvait cette notion d’avant-garde soft inventée par Igort plutôt brillante...

          Citer Maus comme contre-exemple n’a rien à voir, et n’importe quel lecteur peut se rendre compte de ce qui fait, à plus d’un titre, le destin exceptionnel - tant du point de vue de sa création que de sa diffusion - de cette bande dessinée unique.

          Ne confondez pas l’unicité de la Shoah avec celle de Maus : Tout est là : le format noir et blanc, l’exigence artistique (notamment relayée par Raw et le New-Yorker), l’auto-fiction, la volonté d’une implantation en librairie... Maus est, au contraire de vos dénégations, un vrai modèle précurseur. On peut y a ajouter, dans une moindre mesure, Will Eisner.

          JC Menu a, au premier chef, participé à la publication des travaux de ce "courant" par l’Association (en étant lui-même auteur participant de ce courant), d’une part, et a été parmi les acteurs principaux (en cofondant le comptoir des indépendants mais nous parlons de vingt ans de travail de diffusion y compris des livres de Cornelius, Fremok, etc.), et de la pénétration de cette bande dessinée dans les librairies généralistes et dans les grandes surfaces culturelles (FNAC, Virgin, les supermarchés moins).

          C’est précisément ce "momentum" qui est l’objet de mon article.

          Pour finir, parler d’expérimentation, d’innovation, d’invention, de commercialisation, "in abstracto", ne mène nul part. Si vous voulez faire quelque chose pour la bande dessinée sur ces questions-là, faites de la bande dessinée (ou publiez-en ou vendez-en).

          J’en ai suffisamment produite et vendue pour savoir de quoi je parle. Je doute que ce soit votre cas.

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      • Répondu par Manu Temj le 14 décembre 2010 à  08:21 :

        Cher Didier,

        Croyez-vous que l’on soit passés à côté ? Que Largo Winch, Murena, Lanfeust, Il était une fois en France, Mutafukaz, Monster ou Liberty Meadows manquent à nos bibliothèques ? Il faut être sot pour ne pas les avoir remarqués. Mais voyez-vous, on peut se montrer curieux, éclectique (et même un brin trop collectionneur), tout en reconnaissant que tout ça n’est pas un, indivisible, homogène et équivalent.

        Je ne méprise personne et je trouve des plaisirs très différents à lire et découvrir des choses très différentes, comme vous, semble-t-il. Seulement, la méprise serait de faire croire que tout peut se valoir et se comparer justement. Que si l’un ou l’autre venait à disparaître, ma foi, ce ne serait pas bien grave, la « BD » survit.

        Non, il n’y pas là, toujours, égalité d’ambition artistique, commerciale, équivalence d’idéologies, le même don de soi, les mêmes stratégies sous-jacentes. Ce serait trop simple et je ne peux pas croire que vous souscriviez.

        J’espère pouvoir partager votre optimisme sur la survie et la continuité du mouvement « indé », dans sa spécificité, avec ses ambitions propres qui ne sont pas celles d’autres éditeurs, d’autres auteurs et qui – s’il venait à sombrer sans trouver ses successeurs – manquerait énormément à la « BD », parce que – non - ce qu’il nous propose n’existe pas ailleurs.

        Seulement, quand le navire amiral écope et que le remorqueur fait faillite, il est permis de s’en inquiéter…
        Je ne souhaite pas caricaturer votre point de vue que j’aime à croire plus mesuré que la véhémence de vos papiers le laisse parfois penser (peut-être me trompé-je…). J’aimerais simplement que certains de vos lecteurs et intervenants saisissent que tonner « Bon débarras ! » en se tapant sur le ventre et en reprenant une tournée à la santé des « bobos » si « méprisants » ce n’est pas ni aimer, ni connaître la bande dessinée.

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        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 décembre 2010 à  13:19 :

          Croyez-vous que l’on soit passés à côté ? Que Largo Winch, Murena, Lanfeust, Il était une fois en France, Mutafukaz, Monster ou Liberty Meadows manquent à nos bibliothèques ? Il faut être sot pour ne pas les avoir remarqués. Mais voyez-vous, on peut se montrer curieux, éclectique (et même un brin trop collectionneur), tout en reconnaissant que tout ça n’est pas un, indivisible, homogène et équivalent.

          Tout dépend de votre grille de lecture. Moi qui n’ait pas un esprit encagé, j’ai fait mienne la sentence de Champfleury : "Il n’est point de pauvres images pour un esprit curieux".

          Je vous signale que tout le monde n’a pas votre ouverture d’esprit. Chez Menu, dans Plates-bandes, il y a la BD qu’il défend, et puis l’autre.

          Seulement, la méprise serait de faire croire que tout peut se valoir et se comparer justement. Que si l’un ou l’autre venait à disparaître, ma foi, ce ne serait pas bien grave, la « BD » survit.

          Ce n’est pas ce que je dis et je ne suis pas d’accord avec votre premier point. On peut préférer les poires ou les cerises aux pommes et considérer que nous avons là affaire à des fruits bien distincts

          Mais ma réflexion est économique, pas esthétique. Si la BD indépendante veut survivre, elle a intérêt à ce que l’ensemble du marché aille bien, que les librairies dégagent assez de profits et de trésorerie pour financer son développement. Encore une fois, les éditeurs qui ont déjà une réputation bien établie ne sont pas affectés par cette fin d’activité. Bon nombre, comme Cornélius par exemple, avaient pris la tangente depuis longtemps. Diffusé par Harmonia, il est en sécurité. Mais ce sont surtout les petits labels qui vont gicler, ceux qui n’ont pas la chance de passer aux Belles Lettres...

          Non, il n’y pas là, toujours, égalité d’ambition artistique, commerciale, équivalence d’idéologies, le même don de soi, les mêmes stratégies sous-jacentes. Ce serait trop simple et je ne peux pas croire que vous souscriviez.

          Ce n’est pas mon propos. Je conçois très bien ces différences (même si le don de soi est aussi le fait d’éditeurs mainstream). Cela n’empêche qu’il faut une cohérence commerciale et une certaine taille critique pour financer une diffusion indépendante. Même si les Belles Lettres font leur maximum, ce ne sera plus la même chose. De propriétaires les éditeurs deviennent des diffusés.

          J’espère pouvoir partager votre optimisme sur la survie et la continuité du mouvement « indé », dans sa spécificité, avec ses ambitions propres qui ne sont pas celles d’autres éditeurs, d’autres auteurs et qui – s’il venait à sombrer sans trouver ses successeurs – manquerait énormément à la « BD », parce que – non - ce qu’il nous propose n’existe pas ailleurs.

          1/ Par cette décision, L’Association a peut être posé le bon acte de gestion. Bien qu’il faille se souvenir de son modèle proclamé, le Futuropolis de Robial : Le jour où il a abandonné son outil de diffusion, cela a été le début de la fin...

          2/ L’édition indé n’est pas que L’Association, pourquoi tomberait-elle ? La nouvelle génération est là, talentueuse, trouvant, comme Manolosanctis, de nouveaux modèles économiques.

          Je ne souhaite pas caricaturer votre point de vue que j’aime à croire plus mesuré que la véhémence de vos papiers le laisse parfois penser (peut-être me trompé-je…).

          Véhémence, non. Pugnacité, oui. La lecture historique de Menu (comme celle de Groensteen dans OCNI) me semblent relever d’une propagande purement... marketing. Menu, assis sur le tas d’or de Persepolis faisant l’imprécateur, tourmentant David B, dégoûtant des personnalités généreuses ayant fondé avec lui cette association, oui, cela mérite une remise en place. Et même d’en remettre une couche. Que L’Association d’aujourd’hui n’ait plus rien à voir avec celle d’antan, un peu comme le "faux" Futuroplis et le "vrai", si vous voyez ce que je veux dire, c’est une évidence pour bon nombre d’observateurs. Le "downsizing" auquel nous assistons en est le résultat. Je regarde le temps présent, je le compare au passé, et je vois le gâchis.

          J’aimerais simplement que certains de vos lecteurs et intervenants saisissent que tonner « Bon débarras ! » en se tapant sur le ventre et en reprenant une tournée à la santé des « bobos » si « méprisants » ce n’est pas ni aimer, ni connaître la bande dessinée.

          Et encore, vous ne voyez pas les posts que l’on a censurés pour avoir franchi la ligne blanche. C’est l’expression d’une catégorie de nos lecteurs, pourquoi devrions-nous l’ignorer ?

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          • Répondu par Manu Temj le 14 décembre 2010 à  14:33 :

            Vous ai-je conseillé de l’ignorer ?

            Merci pour cet échange.

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          • Répondu par Estophière le 14 décembre 2010 à  16:48 :

            Mais ce sont surtout les petits labels qui vont gicler, ceux qui n’ont pas la chance de passer aux Belles Lettres...

            Comment ça se passe ? Un distributeur peut refuser de distribuer un éditeur ? Un éditeur peut-il ne trouver aucun distributeur ? Sur quels critères ?

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            • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 décembre 2010 à  21:26 :

              Comment ça se passe ? Un distributeur peut refuser de distribuer un éditeur ? Un éditeur peut-il ne trouver aucun distributeur ? Sur quels critères ?

              Un diffuseur peut refuser un éditeur car il prend un risque commercial en le diffusant : que les livres ne se vendent pas et génèrent des retours que l’éditeur ne pourra pas rembourser.

              Donc oui, un éditeur peut se retrouver sans diffuseur.

              C’était d’ailleurs le modèle économique de L’Association à ses débuts : la création d’un club de lecteurs qui permettrait de publier des ouvrages introuvables ailleurs.

              Dans un deuxième temps, les règles du jeu ont changé parce qu’il fallait bien accompagner le succès de certains sociétaires (Sfar, Trondheim, David B, Satrapi...)

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          • Répondu par Sergio Salma le 14 décembre 2010 à  18:47 :

            Excellent article , Didier. Très sévère mais juste. Pour ma part, je suis consterné de voir que l’on traite l’actu d’il y a 20 ans avec un effrayant manque de mémoire. Et un sens du raccourci assez inquiétant. A peu de choses près, on parle de la révolution "Association" comme on schématise horriblement l’apparition de la nouvelle vague dans le cinéma français. Comme si jusqu’en 59, c’était le cinéma de papa et qu’en 60 , tout a été balayé. Alors qu’il suffit de lire les listes de films, les succès , les insuccès, les migrations des uns vers d’autres contrées, le mélange des genres, les auteurs soit-disant classiques jamais classés dans le renouveau qui alignaient des oeuvres novatrices et les tenants officiels de la barque nouvelle-vaguesque qui ont dès le début été de purs académiques, puis surtout la liste des succès et des insuccès, les noms , les producteurs( l’équivalent des éditeurs donc) pour voir comment toutes ces barques ont été menées.

            En bande dessinée, les auteurs étaient très nombreux déjà vers 85 et effectivement il me semble que Maus( version américaine) soit annonciateur de cette mouvance . Pourquoi minimiser l’importance du bail avec Dieu de Eisner ?! Bien sûr , il n’est pas le seul livre hors-format classique, le 46 CC tant décrié par JC Menu( le devin , Gaston Lagaffe, les Comanche, les Blueberry, les Peyo se sont parfaitement accommodé de cette contrainte...etc...) le 46 CC ne sera pas remplacé, il va cohabiter. Suffit là aussi de voir la liste des 20 best-sellers année par année depuis 20 ans.

            les romans (à suivre), la ballade de la mer salée, Ici-même, Moebius et tout ce qui se passait dans les revues majeures n’étaient vraiment pas (devenues) mainstream et étaient en noir&blanc, dépassaient parfois les 200 pages etc...

            C’est en mettant en avant des travaux très confidentiels en apparence que L’association fait la révolution. La revue Lapin est un laboratoire et on affirme que l’on peut enfin sortir du carcan. Des centaines d’auteurs sont prêts à franchir le pas depuis longtemps et les structures éditoriales absorbent tous ces talents quel que soit leur niveau. Mais relisons les revues purement BD de 75 à 90 pour voir que des dizaines d’auteurs inventaient des univers hors des sentiers battus. L’édition décidément ne retient les noms d’auteur que quand ceux-ci sont réunis en album ! Perso, les auteurs je les apprécie dans les journaux, les revues généralistes, les news et surtout ( ah oui on oublie ça d’un coup de baguette magique) dans la presse jeunesse. Guibert c’est magnifique mais Ariol autant que le photographe, les sardines del’espace autant que la guerre d’Alan. Sfar aussi travaille très vite dans les deux secteurs. Mais évidemment la presse ne relève que ce qui est adulte.

            Pour ce qui est de l’OuBaPo (j’ai toujours trouvé pathétique cette génuflexion devant la littérature) on peut lire le concept de deux façons. La première qui consiste à être épaté par les recherches formelles, l’imagination au service de la structure du récit, le récit qui n’en est plus un etc...La seconde qui consiste à percevoir le neuvième art comme un art plastique, un territoire artistique et non plus un genre dédié au commerce.
            Mais à part Lecroart qui jongle avec bonheur avec le média bande dessinée, que s’est-il passé d’autre que l’émergence de talents qui sont de purs conteurs ! De grands raconteurs classiques, des narrateurs formidables, clairs, lisibles entre tous !

            20 après, on schématise en oubliant bien sûr ce qui se passait chez les "majors". Des dizaines d’auteurs sortent des sentiers battus, inventent des univers hors-norme, multiplient les créations originales. Mais ils le font à l’intérieur de structures conventionnelles et donc passent inaperçus aux yeux des grands médias qui envoient des journalistes là où ça gueule le plus.

            Une grande partie des auteurs qui ont fait leurs premiers pas à l’association n’ont pas transformé l’essai comme les stars qui sont aujourd’hui au sommet.
            Il y a depuis le début de cette maison d’édition, un malentendu. Il me semble du moins. Elle a d’ailleurs très vite éclaté ; cette association a vite montré ses limites humainement. La ligne éditoriale n’en a été que plus pure, plus dure. Mais on est vite allés de cette volonté de former un clan contre le monde entier à un David bien téméraire face au Goliath décontenancé mais aux reins solides.

            Un autre mot me choque dans les interventions : " récupération". Les grandes maisons récupèrent. My God que c’est idiot. Les auteurs vont présenter leurs projets ailleurs( pour changer d’air, pour gagner plus, par affinités...) et c’est cela que vous appelez de la récupération. Voyez l’histoire de la bande dessinée. Quand Casterman et Hergé inventent l’album, la série, est-ce que tous ceux qui ont publié des livres après les années 40 ont récupéré la tendance ? Est-ce que Fluide a récupéré Franquin quand il a eu envie de faire les Idées noires ( initiées dans Spirou) ? Il se passe les mêmes phénomènes dans la musique, le cinéma etc... Les migrations et la porosité sont le propre de la création. Ceux qui rédigent des articles vulgarisateurs sont obligés de schématiser ( dans les grands médias, à la télé n’en parlons pas, encore aujourd’hui...)mais sur un site BD, avec des lecteurs avertis (qui en valent deux pour un donc) je trouve désastreux de faire des amalgames.

            Dernière observation : le commentaire de Moore sur l’art populaire, le commercial, l’alternatif...quelle vision courte (et surtout méprisante) ! Comme s’il y avait d’un côté les chercheurs et de l’autre les suffisants, les frileux, les non-aventuriers.
            Tous les auteurs jouent leur peau tout le temps ; rien n’est établi .
            Cette vision binaire sur le best et le pas-best-seller est tellement fausse que c’en est risible. Il y a dans toutes les maisons d’édition des dizaines d’auteurs qui ne sont ni des blockbusters ni des invendables. L’édition est faite de l’ENVIE d’éditer et non seulement de l’envie de vendre. C’est d’ailleurs ce qui est jouissif et touchant, que des personnes misent sur d’autres personnes.

            Le grand drame des indépendants , pas relevé dans l’article parce que ,oui, un peu hors-sujet) c’est les sous. Depuis des années, sous prétexte de désir impérieux de publier des oeuvres, on a sacrifié les revenus des auteurs. On assassine aujourd’hui les majors parce qu’ils réduisent les paiements , personne ne relève que toute une partie de l’économie des indépendants a pu se faire parce que les auteurs n’ont même pas su qu’ils pouvaient gagner plus. Un peu tabou tout ça et pourtant c’est parce que les auteurs étaient peu chers que certains livres ont pu se faire. Ajoutons à ça les aides de l’Etat et on comprend qu’on aie plus publié, imprimé de livres que suivi des auteurs.

            Les membres de l’association ont eu un courage et une énergie formidables, oui. Parce que gérer la création et l’édition c’est un travail de titan. Sauf que aucun de ses membres n’est resté exclusif, ils ont eu envie de publier ailleurs et ils ont publié ailleurs. Réduire la bande dessinée à un avant-Association et à un après-Association est vraiment dommageable. Puis Satrapi est arrivée. Puis l’Association a publié Crumb. Tout a changé petit à petit, puis Varlot soldat de Tardi ( récupération ?) .

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            • Répondu par Sergio Salma le 14 décembre 2010 à  21:38 :

              Mille pardons.. Ma dernière phrase devait être : " Pendant que Cornélius publie Crumb, L’Association publie Varlot soldat de Tardi."

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              • Répondu le 15 décembre 2010 à  07:58 :

                "l’OuBaPo (j’ai toujours trouvé pathétique cette génuflexion devant la littérature)" :
                Là, il faut le souligner, on touche le fond...

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                • Répondu par xavier löwenthal le 15 décembre 2010 à  11:43 :

                  oh je peux mettre un mot, moi aussi ?
                  menu n’est pas toujours le dernier à tremper sa plume dans le fiel. cela doit faire partie du jeu, sans doute. mais pour le coup, dominique, alors même que l’association connaîtrait des difficultés financières, tu n’y va pas de main morte.

                  gageons toutefois que cette polemikeke intra-microcosme servira in fine la cause (celle de menu, donc ;-))

                  menu est déjà, à son jeune âge à peine vieillissant, une figure historique de la bande dessinée. c’est un fait, indéniable. tenir à bout de bras une structure d’édition alternative, lui donner une cohérence, susciter la création comme il l’a fait (pas tout seul, mais toujours à la barre), fallait le faire.

                  menu est un grand artiste, parce qu’il est un grand éditeur.

                  il n’a jamais renié l’héritage du passé, jamais caché son admiration pour tous les auteurs qu’on se plait à citer ci-dessus pour mieux le critiquer parce que "ça existait déjà, ça a toujours existé". mais comme si nous l’ignorions ?

                  il y aura toujours des artistes, des bricoleurs acharnés, des novateurs, des révolutionnaires, même, mais leur heure ne vient jamais que quand les circonstances sont favorables (le marasme étouffant du début des ’90, par exemple, et puis bientôt, très bientôt, sûrement. c’est tout les 20, 30 ans, grosso modo) et qu’il se trouve un Menu, justement, sur leur chemin. vous enlevez Menu, il n’y a plus rien. les artistes, les bricoleurs acharnés, les novateurs... restent dans leur cave, dans leur "underground", créent dans la confidentialité, dans l’ombre moisie, et personne ne les connait.

                  quant à l’oubapo, à l’oulipo, on ne va pas reprocher à menu d’être un homme cultivé. on ne va pas reprocher à des auteurs et à des éditeurs de bande dessinée d’être de vrais amoureux de la littérature, du cinéma, de l’histoire de l’art et des avant-gardes. ce n’est pas de la déférence, c’est de l’admiration sincère. c’est de la reconnaissance (au sens de : reconnaitre ce que l’on doit et à qui on le doit).
                  ou bien ?

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                  • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 décembre 2010 à  13:38 :

                    alors même que l’association connaîtrait des difficultés financières,

                    Première nouvelle.

                    il n’a jamais renié l’héritage du passé, jamais caché son admiration pour tous les auteurs qu’on se plait à citer ci-dessus pour mieux le critiquer parce que "ça existait déjà, ça a toujours existé". mais comme si nous l’ignorions ?

                    Je comprends tous ces assauts de déférence comme un hommage. Pour ta génération, c’était le mec en ligne de mire, et ce n’est pas si mal, effectivement. Mas l génération des auteurs qui ont 20 ans aujourd’hui ne peut pas en rester là. Quel modèle économique pour la nouvelle création ? Telle est la question.

                    Et oui, si toi tu n’ignores pas (ou peu, soyons modestes), la nouvelle génération ignore cette histoire encrore non écrite à part par certains propagandistes qui y trouvent leur intérêt. On sera ravi de voir l’exposition sur l’avant-garde belge à Angoulême rien que pour cela. Et regardons les dates.

                    Encore une fois, la réussite de l’Association, à savoir avoir fait émerger les David B, Trondheim, Sfar ou Satrapi n’est pas dans l’avant-garde, ou si peu. Il y a les discours, et le reste.

                    vous enlevez Menu, il n’y a plus rien.

                    C’est précisément ce genre d’ineptie qui mérite une correction. On peut reconnaître le travail et la stature de Menu sans rien enlever aux autres. Un peu de complexité et moins e formules faciles, c’est tout ce que l’on demande.

                    on ne va pas reprocher à des auteurs et à des éditeurs de bande dessinée d’être de vrais amoureux de la littérature, du cinéma, de l’histoire de l’art et des avant-gardes. ce n’est pas de la déférence, c’est de l’admiration sincère. c’est de la reconnaissance (au sens de : reconnaitre ce que l’on doit et à qui on le doit). ou bien ?

                    Ou bien on arrête le complexe de la littérature et des beaux-arts et on crée une BD, une vraie, qui ne doit rien à personne. Comme Franquin, comme Kurtzmann, comme Alan Moore, comme Reiser...

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                    • Répondu par xavier löwenthal le 15 décembre 2010 à  15:04 :

                      quand je dis "enlevez menu", je le mets dans ce contexte :

                      "il y aura toujours des artistes, des bricoleurs acharnés, des novateurs, des révolutionnaires, même, mais leur heure ne vient jamais que quand les circonstances sont favorables (le marasme étouffant du début des ’90, par exemple, et puis bientôt, très bientôt, sûrement. c’est tout les 20, 30 ans, grosso modo) et qu’il se trouve un Menu, justement, sur leur chemin. vous enlevez Menu, il n’y a plus rien. les artistes, les bricoleurs acharnés, les novateurs... restent dans leur cave, dans leur "underground", créent dans la confidentialité, dans l’ombre moisie, et personne ne les connait."

                      et je veux dire, bien entendu, menu et les personnalités comme la sienne, volontaires, actives, acharnées... sans qui l’underground ne ferait jamais surface. mais tu as fait semblant de ne pas me comprendre, n’est-ce pas ? ;-)

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                      • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 décembre 2010 à  15:25 :

                        mais tu as fait semblant de ne pas me comprendre, n’est-ce pas ? ;-)

                        Non, non...

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                      • Répondu le 15 décembre 2010 à  16:44 :

                        L’underground a attendu Menu pour exister et prospérer.Celle là elle va tenir chaud tout l’hiver....Même rude.

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                    • Répondu par xavier lowenthal le 15 décembre 2010 à  15:24 :

                      "Ou bien on arrête le complexe de la littérature et des beaux-arts et on crée une BD, une vraie, qui ne doit rien à personne. Comme Franquin, comme Kurtzmann, comme Alan Moore, comme Reiser..."

                      je doute que franquin ou kurtzmann ou moore ou reiser ne doivent rien à personne.

                      la reconnaissance, ce n’est pas de la déférence, précisé-je.

                      il n’y a pas de complexe dans la reconnaissance. il y en a dans la vénération peut-être. faire de l’Oubapo, ce n’est pas vénérer le lionnais ou queneau, c’est les connaître et les rendre fertiles.

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                      • Répondu par économe le 17 décembre 2010 à  21:03 :

                        kurtzman ne prend qu’un "n", sinon il est moins reconnu

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                        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 18 décembre 2010 à  10:49 :

                          Mais oui, et d’ailleurs on peut se poser la question ; pourquoi tant de "N" ? ;)

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                    • Répondu par xavier lowenthal le 15 décembre 2010 à  18:05 :

                      "Je comprends tous ces assauts de déférence comme un hommage. Pour ta génération, c’était le mec en ligne de mire, et ce n’est pas si mal, effectivement. Mas l génération des auteurs qui ont 20 ans aujourd’hui ne peut pas en rester là. Quel modèle économique pour la nouvelle création ? Telle est la question.
                      Et oui, si toi tu n’ignores pas (ou peu, soyons modestes), la nouvelle génération ignore cette histoire encrore non écrite à part par certains propagandistes qui y trouvent leur intérêt. On sera ravi de voir l’exposition sur l’avant-garde belge à Angoulême rien que pour cela. Et regardons les dates."

                      le modèle économique est à inventer. et cela a été suffisamment clamé ci-dessus : nous n’avons plus vingt ans, merde ! on forme la relève, parfois, on attend qu’une nouvelle génération nous montre qu’on est vraiment devenus vieux. après, on acceptera peut-être ses médailles, les honneurs dûs aux anciens combattants chevrotants. (et bien entendu, on n’honorera pas toujours les bons, et il suffira d’avoir été blessé pour être un héros. hahaha.)

                      concernant l’expo angoumoisine des indépendants francophones de belgique : "avant-garde" est un terme qui nous a toujours embêté. on verra bien. les dates, je les connais, tu sais. dans un mouchoir de poche, nous étions. frigo un an avant 5c et quelques années avant spon, devenu employé du moi. on s’en fout un peu, des dates. george, c’est vachement bien aussi. ou Clafoutis. c’est venu plus tard ? et alors ? avant, il y eut le fanzine, n’est-ce pas. et avant 1992, Raúl et del Barrio (Madriz, Medios Revueltos), Bruno Richard, Bazooka, Raw. Bien entendu. D’ailleurs, rien qu’en Belgique, avant Frigo et les autres, il y avait eu Moka. Qu’est-ce que ça prouve ? Eh bien ce que j’en disais tout à l’heure : il y a toujours eu et il y aura toujours des artistes acharnés, indépendants ou underground, off, pas mainstream, en dépit du marché ou des circonstances. Ils émergent de temps en temps, régulièrement, puis redisparaissent. Mais ils n’émergent que grâce à leur à acharnement et à celui d’éditeurs courageux. Fonder une maison d’édition capable de faire cela, et la faire durer, c’est un art difficile et exigeant, qui mérite tout notre respect.

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                      • Répondu le 16 décembre 2010 à  21:35 :

                        Depuis quand l’underground est une qualité-ou un défaut après tout-en soi ?

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    • Répondu par Bruno CESARD le 10 janvier 2011 à  17:49 :

      Moi j’aime les "cons de lecteurs", ils nous aiment et nous lisent, je viens comme un con de scenariste de creer connement un label qui vient de sortir son premier album (La Rose et l’aigle chez FAUVARD editeur) ; on s’auto distribue, on est pret a se joindre à d’autres petits et la BD indépendante a encore de beaux jours devant elle...
      C’etait peut etre pas le moment de le faire, ca n’est jamais le moment, puisque vous n’entrez jamais dans une reflexion financiere lorsque la passion vous devore, que vous n’entrez jamais dans une collection et c’est pour cela que l’on vous jette des majors.
      Les artisans ont toujours façonné les plus beaux bijoux...
      L’"association" est morte ?...vive les autres associations qui viseront les talents du monde à s’associer.
      Je les invite personellement à me joindre et nous nous associerons à nouveau...

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  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    18 décembre 2010 09:56, par yugen

    Pour Ankama, je suis complètement d’accord, c’est actuellement un éditeurs qui prend des risques et édite des albums d’une audace formelle et graphique remarquable. Quelques exemples : Métamuta de Jérémie Labsolu (en attendant Nana Huxe), Constellations de Popcube et Daryl (David & David), Les carnets de la grenouille noire,...

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  • Quand on connait l’animosité toute personnelle qui existe entre messieurs Menu et Pasamonik (cf l’Éprouvette # 1), je ne vois pas comment on peut accorder le moindre crédit aux "analyses" de ce dernier sur L’Association...

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    • Répondu par la plume occulte le 18 décembre 2010 à  14:00 :

      Ben tout simplement en y connaissant quelque chose à la BD.Et là par la force des choses....

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      • Répondu le 19 décembre 2010 à  13:25 :

        Qu’est-ce que ça veut dire ? Que si on n’est pas d’accord avec M. Pasamonik, c’est forcément qu’on n’y connait rien "à la BD" ???

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        • Répondu par la plume occulte le 19 décembre 2010 à  19:52 :

          Il y a une différence entre ne pas être d’accord et nier l’évidence.TOUT CE QUE DIT DIDIER PASAMONIK EST VRAI !Autant dans l’article-excellent de concision et d’informations-que dans ses réponses aux commentaires-tout aussi excellents-

          Cet article mériterait quelques approfondissements et prolongements,et devrait être distribué à tout les relais d’opinions(journalistes,libraires ,bibliothécaires,donneurs de prix)liés au média BD par mesure de salubrité(d’hygiène ?)mentale des lecteurs qu’ils informent et conseillent.

          Parce que à un moment donné,il va bien falloir arrêter les conneries.Y’en a marre de l’intoxication qui profite toujours aux mêmes-tiens là on en reviens aux donneurs de prix-

          On le sait un clou chasse l’autre.Le soi-disant mouvement nouvelle BD-après le nouveau roman,la nouvelle vague,la nouvelle cuisine,et la nouvelle lessive Omo- qui n’était en fait qu’une mode(et surtout un positionnement markéting comme ça a été fort bien souligné dans l’article) s’étiole et se ringardise-c’est la loi du genre avec les modes-

          Cette nouvelle BD,mode,qui avait remplacé celle de la BD esthétisante.

          Et on voit ce qu’il en reste de la BD esthétisante.

          Alors c’est quoi-ici- la nouvelle mode qui va remplacer celle de la pseudo nouvelle BD ?

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          • Répondu par Oncle Francois le 26 décembre 2010 à  20:19 :

            Bien d’accord avec vous, monsieur le plumeau-culte.
            Puisque vous posez la question : "Alors c’est quoi-ici- la nouvelle mode qui va remplacer celle de la pseudo nouvelle BD ?", je vais essayer d’y répondre, ce sera pour vous un joli cadeau de Noël, j’espère que cela pourra calmer vos angoisses !

            Il suffit de faire un tour en librairie pour s’en rendre compte : ce qui marche, c’est le manga (bon...), mais aussi les BD bien ciblées : vers les amateurs de politique, d’authenticité populaire, de vie de personnages réels, de jeux-vidéos, d’érotisme plus ou moins chic, d’humour style cour de récré, de blog-journal intime sur le net.

            Pour ma part, ma catégorie préférée celle de la qualité classique du vingtième siècle (le grand XXème en bref !°). Les grands éditeurs classiques (Casterman, Lombard, Dargaud Dupuis. Et aussi maintenant les Humanos et Glénat !!)ont longtemps négligé certaines séries, dont les albums peinaient à se vendre 10 à 13 euros l’unité. Mais par le biais d’intégrales parfois somptueuses, ces séries retrouvent le plaisir de s’exhiber sur les étals nouveautés des libraires, et il semble que tous ces beaux livres recueillent un succès bien mérités. Les vieux nostalgiques (comme vous et moi sans doute)peuvent y retrouver de charmants souvenirs de leur brillante jeunesse. Et ces livres permettent aussi aux lecteurs plus jeunes de découvrir des oeuvres parfois rétros, je le concède, mais qui ont été faites avec humilité et simplicité, à une époque où la principale consigne était de faire un travail tout public de qualité, ce qui n’est déjà pas si mal...

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  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    26 décembre 2010 10:41, par Big Ben

    Cette nouvelle est surtout très triste, et très inquiétante. Un distributeur-diffuseur qui ferme, des éditeurs en difficulté, si petits soient-ils, ce n’est jamais bon pour la création, et aussi pour le "marché" et les éditeurs grand public.

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    • Répondu par Michel Dartay le 26 décembre 2010 à  13:10 :

      Inutile de paniquer, les commerciaux du Comptoir sont transférés à Belle Lettres qui assure déjà la distribution des livres. Je suis libraire BD et je travaille avec le Comptoir. Je suis passé à Belles Lettres il y a quinze jours, je leur ai demandé si des éditeurs ne seraient plus distribués. On m’a répondu que les éditeurs restaient libres de leur choix. Plusieurs éditeurs diffusés par le Comptoir ont changé de diffuseur au cours des dernières années : Mosquito, Cornelius, les Requins Marteaux, plus récemment la Pastèque et Charrette je crois. Il s’agit de simples changements de logistiques, ce n’est pas cela qui privera le lecteur de livres... Encore faut-il qu’il y en ait assez pour financer leur fabrication.

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      • Répondu par Sergio Salma le 26 décembre 2010 à  20:28 :

        C’est très bien de relativiser, monsieur Dartay. D’autant que ce fameux blues , on peut aussi le voir ailleurs que chez les "indépendants". Mais attention, faut pas non plus penser que c’est la bande dessinée qui traverse une sale période. Le monde des affaires et l’économie en prennent plein la gueule, les petits et les gros ( bon, les très gros vont bien merci) ; comment imaginer que la BD puisse passer à travers ça tranquillement. Alors on voit des explications, le numérique, les loisirs qui changent de forme, le pouvoir d’achat etc...Alors que bon, tout est lié. Donc faut s’accrocher, ça turbule ! Tout le monde a un peu l’humeur grise. Sauf André-Paul Duchâteau( voir son actu quelque part sur ce site). Lui, dites donc, il pète la forme, a la foi, s’enthousiasme, écrit et travaille avec gourmandise. Un extra-terrestre.

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        • Répondu par Michel Dartay le 26 décembre 2010 à  23:07 :

          La faute vient sans doute à l’extraordinaire profusion de titres (nouveaux ou réeditions sous forme d’intégrales). La Bd est à la mode, mais le public ne peut absorber tous les livres intéressants qu’on lui propose. Il suffit pour s’en rendre compte de comparer l’évolution du nombre de titres avec celui du CA global de l’édition BD (bientôt le rapport de Gilles Ratier sur l’année 2010 qui viendra sans doute confirmer mes dires, attendons encore un peu !). Les éditeurs se sont crus exclus de la crise, parce qu’ils proposent des produits d’évasion en situation de morosité, donc ils ont multipliés les parutions (vrais nouveautés ou rééditions, une fois encore). Mais le pouvoir d’achat de leur clientèle et le nouveau public augmentent beaucoup moins vite !! Les éditeurs qui ont des locomotives (bestsellers) s’en sortent à peu prés (notamment grâce aux droits dérivés et à l’effet "suite" qui permet de fidéliser d’anciens lecteurs), les autres constatent une diminution des ventes, et une augmentation du nombre de retours. Pour ma part, je refuse de vendre les produits grand public à la mode que l’on trouve facilement, d’ailleurs je ne vends pas les livres de Media Part., de Soleil-Delcourt, ou de Glénat. Pour autant, les temps sont durs... et il faut une sacrée dose d’abnégation pour continuer...

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          • Répondu par Michel Dartay le 18 janvier 2011 à  20:39 :

            Déjà deux tranferts annoncés de petits éditeurs, dont on continuera donc à trouver les livres en librairie : Charrette et Alain Beaulet.

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  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    28 décembre 2010 18:52, par textocentre
  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    30 décembre 2010 11:35, par Big Ben

    Crise ou pas, je trouve que cet article nécrophage manque de retenue : l’auteur s’érige en donneur de leçons et en polémiste sur le cadavre encore fumant d’un diffuseur et de ses éditeurs, ce n’est pas très digne.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 décembre 2010 à  15:50 :

      Crise ou pas, je trouve que cet article nécrophage manque de retenue : l’auteur s’érige en donneur de leçons et en polémiste sur le cadavre encore fumant d’un diffuseur et de ses éditeurs, ce n’est pas très digne.

      C’est d’une grande dignité en effet que d’accuser ActuaBD de donner une information sur laquelle l’on avait été bien discret jusque là chez nos confrères, nous sommes en effet les premiers à sortir l’info, de tenter de donner à nos lecteurs les tenants et les aboutissants de cet arrêt d’activité, d’en analyser les implications.

      C’est cela manquer de retenue ? C’est cela être nécrophage ? C’est vous qui parlez de "cadavre". Nous nous contentons de parler de coup de blues pour l’édition indépendante.

      Vous parlez de dignité et c’est nous les donneurs de leçon ?

      Il y a dans votre raisonnement quelque chose qui cloche, monsieur Big Ben.

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    • Répondu par la plume occulte le 30 décembre 2010 à  16:20 :

      Il ne faut pas se tromper ou faire semblant de ne pas comprendre le vrai sujet de cet excellent article.Peut être remet-il en cause les fondements culturels de certains.

      Mais il parait que les remises en questions sont souveraines pour l’ego.Même si ce n’est pas une habitude franche chez ces infaillibles là.Du bénéfice donc si on y pense,et ne dit-on pas que la vérité et toujours une leçon donnée ?

      Il n’y a pas plus là de polémiste que de cadavre,juste un monde qui évolue et une mode qui s’essouffle.D’autres projets d’autres ambitions viendront la remplacer.C’est comme ça.

      Répondre à ce message

  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    17 janvier 2011 14:34, par Jean-no

    Hmmm... Très cher Didier, je ne comprends pas bien la logique de cette phrase :
    Maintenant que le marché se tasse après une croissance ininterrompue de 15 ans (et peut-être 16 car, cette année encore, on s’attend à un tassement mais pas à un écroulement), il semblerait que L’Association joue un rôle moins "historique"...
    En effet je ne vois pas quand l’Association a laissé entendre qu’elle jouait en rôle dans les chiffres de ventes du secteur de la bande dessinée, puisqu’à part quelques best-sellers comme Persépolis, l’Association, comme tous les éditeurs dits "alternatifs" vise les réussites artistiques plutôt que les succès financiers et ne se sent pas spécialement solidaire du monde de la bande dessinée dans son ensemble, ainsi que l’exprime vertement Menu dans son énervant pamphlet plates-bandes.
    Mais tout de même, l’Association a apporté quelque chose de neuf en son temps du point de vue du rapport entre éditeurs et auteurs, même s’il ne faudrait pas éclipser ses collègues de l’époque : Cornélius, Fréon, Amok et Six Pieds sous terre par exemple. Si l’Asso ne prouve pas que l’on peut échapper aux règles de l’entreprise en étant éditeur et s’il n’est toujours pas devenu évident de gagner sa vie avec des oeuvres "d’art et d’essai", cet éditeur a au moins démontré pendant des années qu’il était possible de se tenir à sa ligne artistique, parce que le résultat, ici, ce sont clairement les livres qui restent, et l’idée qu’il est imaginable de faire autre chose.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 17 janvier 2011 à  15:19 :

      Cher Jean-No,

      C’est fou cette tendance à me faire dire une chose et son contraire. Quand je dis "moins historique", cela veut bien dire que reconnais le rôle historique de l’Association, et d’une.

      Je lui récuse l’exclusivité de cette ouverture du marché ou son origine, mais je ne veux pas dire qu’elle n’a joué aucun rôle. Que je veuille étendre ce mouvement aux autres éditeurs (Frémok, Cornélius, etc.) c’est exactement mon propos. Et de deux.

      J’adore votre retournement sophistique : sous prétexte que l’Association vendrait un petit nombre d’exemplaires, elle n’aurait pas eu d’influence sur le marché. D’abord avec Persépolis, c’est devenu faux et pas que seulement en raison de ce seul titre : L’Ascension du Haut Mal, les albums de Sfar, de Guibert et Trondheim ont été de très bonnes ventes.

      Dans la mesure où la BD alternative n’est plus portée par l’Association (ne fut-ce qu’en terme de communication) depuis le départ de ces signatures, oui, elle est moins historique.

      Quant à la BD alternative, voyez le Rapport Ratier, elle est la plus dynamique en terme d’offre éditoriale aujourd’hui. C’est même pour cela qu’elle souffre et que L’Association doit réduire la voilure.

      Tout cela est très cohérent.

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  • Le coup de blues de l’édition indépendante
    21 février 2011 15:12, par Phiip

    Oui, faut reconnaître que la phrase "moins historique" est la plus maladroite de l’article. L’Association est bien LA maison qui a, à une époque hélas révolue, révolutionné et redynamisé la bande dessinée.

    Comme toutes les initiatives novatrices qui ont du succès, elle a été récupérée jusqu’à la moelle, et en souffre maintenant.

    Sans compter bien sûr une vraie crise de la bande dessinée qui va d’abord emporter les plus faibles et les plus décalés pour nous laisser avec un mainstream consensuel qui peine à nous exciter.

    Enfin, je pense que tu souscris à fond à l’analyse de Menu, puisque tu actes que l’indépendant n’existe plus, et qu’il a été effectivement dilué dans la masse via des structures pseudo-indépendantes, comme Menu le décrivait dans Plate-bandes (ou Éprouvette, chais pu...)

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    • Répondu le 21 février 2011 à  15:22 :

      " pour nous laisser avec un mainstream consensuel qui peine à nous exciter. "

      dans le côté convenu, ça c’est pas mal non plus.

      Répondre à ce message

      • Répondu le 21 février 2011 à  17:36 :

        Tout à fait d’accord, il y a des " nouvelles bd"( ce terme ne veut rien dire !) très consensuelles et des bd "mainstream"( encore une expression insupportable) qui bousculent et apportent de l’innovation. Il faut se méfier des apparences et des petites boites !

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 21 février 2011 à  15:32 :

      Oui, faut reconnaître que la phrase "moins historique" est la plus maladroite de l’article. L’Association est bien LA maison qui a, à une époque hélas révolue, révolutionné et redynamisé la bande dessinée.

      Oui, sauf qu’aujourd’hui... Comme disait Paul Valéry :"Aujourd’hui nous savons que même les civilisations sont mortelles."

      Sans compter bien sûr une vraie crise de la bande dessinée qui va d’abord emporter les plus faibles et les plus décalés pour nous laisser avec un mainstream consensuel qui peine à nous exciter.

      Tout le monde n’est pas en crise. En réalité, des structures comme L’Association pèsent peu sur le marché. Les libraires spécialisés ne ferment pas par dizaines. Heureusement que le mainstream (et les mangas) sont là pour boucler leurs fins de mois.

      Enfin, je pense que tu souscris à fond à l’analyse de Menu, puisque tu actes que l’indépendant n’existe plus, et qu’il a été effectivement dilué dans la masse via des structures pseudo-indépendantes, comme Menu le décrivait dans Plate-bandes (ou Éprouvette, chais pu...)

      Non, tu pousses trop loin l’interprétation. L’Indépendant n’est pas fini, loin de là, mais la fermeture du Comptoir est un coup dur : elle met pratiquement certains labels sur la paille. L’Association, de l’aveu de Menu lui-même y a perdu 150.000 euros. Ceux qui ont pis la tangente avant, comme Cornélius ou Ego comme X, peuvent tirer les marrons du feu.

      Ma thèse est plutôt que L’Association des débuts a fait son temps et que c’est la nouvelle génération -notamment articulée sur les blogs- qui joue un rôle historique aujourd’hui. Les Ankama, les Manolosanctis, voire les Sandawe...

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      • Répondu par Manu temj le 21 février 2011 à  17:33 :

        Cher Didier,

        Si - comme vous - j’observe avec attention les nouveaux phénomènes éditoriaux issus de la "génération internet", je m’interroge néanmoins sur l’absence de ligne éditoriale - pratiquement structurelle et revendiquée - chez Manolosanctis ou Sandawe.

        Ne partagez-vous pas la crainte que nous soyons en train de basculer d’une dictature des éditeurs (avec sans doute ses excès dans certains cas...) à une dictature des "choix du public" ?... In fine, les choix du public (donc les ventes) ont certes toujours eu une influence majeure, mais il s’agissait d’un choix décalé, qui succédait au premier choix : éditorial. Désormais, je suis d’accord avec vous, se profile une véritable révolution puiqu’un livre ne verrait plus le jour qu’à partir du moment où il aurait reçu, d’une manière ou d’une autre, un nombre suffisant de suffrages a priori.

        Ce processus, s’il sécurise économiquement l’édition (ce dont personne ne se plaindra), me semble totalement nier le choix artistique doublé d’une prise de risque que suppose(ou supposait) le métier d’éditeur.

        Car, non que le "choix du public" soit forcément mauvais (Quel public ? Quelle niche ?), le goût du public qui préside à ce choix me semble mériter d’être en partie forcé, éduqué, influencé... ce qu’ont fait par le passé nombre d’éditeurs, de directeurs éditoriaux ou de directeurs de publication courageux en sélectionant des auteurs difficiles, inattendus, à leurs frais, parvenant parfois à lentement leur obtenir une place au soleil.
        Je ne suis que lecteur et ne cesserai de remercier ceux-là, qui m’ont progressivement permis de faire évoluer mes goûts.

        Or, il me semble que le système qui se profile ne laisse aucune place à cette "éducation du goût". En laissant une place infinie, en ligne (non rémunérée), à tous les auteurs qui le souhaiteraient, mais aussi, entre eux et le public - seul corps "décideur" - un complet no man’s land, il nie complètement l’apport de de la prescription, il refuse l’expertise, rejette le choix "autorisé". C’est le règne définitif du "mon choix personnel en vaut bien un autre" et du "tous les goûts sont dans la nature", donc aussi du "laissez moi tranquille" et du repli sur soi (ou sa communauté).

        Ce qui touche au coeur du métier d’éditeur - me semble-t-il - mais ne devrait pas laisser indifférent un autre corps de prescripteurs : les critiques !

        (Sauf à considérer que ce nouveau public, privé de l’oeil des éditeurs, se ruera sur l’appui des critiques... ce qui reste à prouver. Le repli confortable sur la "communauté" d’internautes, que vous citiez par ailleurs, me semblant à la fois plus probable et - hélas - très sclérosant).

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        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 21 février 2011 à  18:27 :

          Si - comme vous - j’observe avec attention les nouveaux phénomènes éditoriaux issus de la "génération internet", je m’interroge néanmoins sur l’absence de ligne éditoriale - pratiquement structurelle et revendiquée - chez Manolosanctis ou Sandawe.

          Qu’en savez-vous, en fait, de leur ligne éditoriale ? Pas grand chose, et moi non plus. Je crois que vous négligez les personnalités qui sont à la tête de ces structures. Pour Sandawe, nous avons affaire à un éditeur chevronné qui a travaillé dans le Mainstream pendant des années chez Dupuis. Je suppose qu’il sait ce qu’il fait. Il a été un découvreur de grands succès comme Kid Paddle qui est une œuvre bien plus profonde que ce que l’on veut bien dire. Pour m’être rendu dans les locaux de Manolosanctis, je n’ai pas eu l’impression d’avoir face à moi des commerciaux boursicoteurs. Quand on est face à Tot ou à Run chez Ankama, on voit aussi que l’on a affaire à de vrais artistes. Mais qui ne pensent pas forcément comme nous.

          Ne partagez-vous pas la crainte que nous soyons en train de basculer d’une dictature des éditeurs (avec sans doute ses excès dans certains cas...) à une dictature des "choix du public" ?... In fine, les choix du public (donc les ventes) ont certes toujours eu une influence majeure, mais il s’agissait d’un choix décalé, qui succédait au premier choix : éditorial.

          Goscinny a toujours eu du mépris pour les hommes gris du marketing. Avec raison : Ils n’ont pas vu venir le "phénomène Astérix" et il devait se battre pour qu’on augmente le tirage à chaque fois. Mais s’il avait été bon manager, il n’aurait pas vendu Pilote pour le franc symbolique à Dargaud et il aurait trouvé les moyens d’enrayer son déclin en 1974...

          Sérieusement, tant qu’il y aura des moyens d’impression bon marché, il y aura une édition indépendante. L’Internet est l’un de ces moyens bon marché qui permet à un artiste d’exister et de communiquer sur son travail. Si les gros éditeurs ne s’adaptent pas, ne sont pas créatifs, ils mourront.

          L’éditeur de demain est celui qui saura réunir autour de lui une communauté de gens et d’intérêt. La ligne éditoriale n’est-elle pas le meilleur moyen d’y parvenir ?

          Maintenant, il ne faut trop théoriser. Un catalogue, cela se fait autour d’auteurs marquants. Un seul suffit parfois et cela sert de ligne éditoriale. Le drame de L’Association est peut-être du au fait que Menu pensait comme vous (une ligne...) alors que les David B, les Trondheim, les Sfar... considéraient que leur liberté pouvait servir de politique éditoriale. Ce n’est pas seulement les raconteurs d’histoire contre les graphistes, ce sont les théoriciens contre les praticiens.

          Désormais, je suis d’accord avec vous, se profile une véritable révolution puiqu’un livre ne verrait plus le jour qu’à partir du moment où il aurait reçu, d’une manière ou d’une autre, un nombre suffisant de suffrages a priori.

          Non, non. Ego comme X expérimente l’impression à la demande, et c’est une vraie piste. Sortez des schémas habituels et relisez notre dossier sur le numérique.

          Je ne suis que lecteur et ne cesserai de remercier ceux-là, qui m’ont progressivement permis de faire évoluer mes goûts.

          Ils ont encore là mais les champs d’expérimentation ne sont peut-être plus les vôtres (voir le lien entre Trondheim ou la production d’Ankama avec le Jeu de rôle)

          C’est le règne définitif du "mon choix personnel en vaut bien un autre" et du "tous les goûts sont dans la nature", donc aussi du "laissez moi tranquille" et du repli sur soi (ou sa communauté).

          Peut-être, mais les communautés sont plus ou moins grandes. 1200 membres d’une Association valent-ils plus que 8 millions de joueurs en ligne ? Autres temps, autres moeurs.

          Ce qui touche au coeur du métier d’éditeur - me semble-t-il - mais ne devrait pas laisser indifférent un autre corps de prescripteurs : les critiques !

          Je vous assure que l’on fait ce qu’on peut (sans moyens) mais nous avons une ligne, nous : c’est de ne mépriser aucune création. Un peu par provocation, dans le train au retour d’Angoulême, je disais à Benoit Mouchard devant un Charles Berberian un peu horrifié que j’avais de l’intérêt pour les choses médiocres. Je le maintiens : elles en disent parfois plus que bien des choses "bien pensées".

          (Sauf à considérer que ce nouveau public, privé de l’oeil des éditeurs, se ruera sur l’appui des critiques... ce qui reste à prouver. Le repli confortable sur la "communauté" d’internautes, que vous citiez par ailleurs, me semblant à la fois plus probable et - hélas - très sclérosant).

          Parce que vous n’imaginez pas qu’une communauté d’internautes peut être parfois bien plus critique, et bien souvent de façon stérile et conservatrice, qu’un journaliste patenté. Je me souviens d’affrontements homériques pace que je défendais à Beineix son droit à s’exprimer ou parce qu’un album d’Astérix me semblait plus intéressant que ce que la masse de lecteurs et de critiques bêlants voulaient bien laisser accroire.

          Les discours de "critiques" ou de théoriciens d’avant-garde peuvent être parfois bien plus réactionnaires que celui des fan-boys déconnants.

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      • Répondu le 21 février 2011 à  17:35 :

        Quel rapport entre la ligne éditoriale grand public des éditeurs que vous citez et celle de recherche de l’Association ?

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