Franz Drappier, pour tous les lecteurs de bande dessinée, c’est un prénom : Franz.
Un prénom que l’on trouve en couverture de certains des meilleurs livres de ce dernier quart de siècle. Car cet auteur virtuose, à l’imagination incroyablement fertile, nous a offert, dans sa trop courte carrière, une foule d’œuvres magistrales, de Jugurtha à Poupée d’Ivoire en passant par Thomas Noland, Lester Cockney, les Compagnons de Fortune, des romans en BD et même un tome du "Décalogue" de Franck Giroud ou encore de Jerry Spring.
Deux constantes dans son œuvre : l’amour des chevaux, qu’il adorait et qu’il dessinait magistralement, et le respect de la femme, à qui il redonna sa juste dimension dans une bande dessinée trop encline à accorder le rôle de héros aux personnages masculins. Une grande humanité, aussi, que l’on retrouve dans tous les livres qu’il a réalisés. Auteur complet, il était aussi à l’aise dans l’illustration des récits des autres que dans ses propres scénarios, qu’il imaginait parfois pour d’autres dessinateurs.
A 54 ans, Franz était déjà un géant de la bande dessinée, l’un de ces auteurs qui figurent dans les bibliothèques de tous les vrais amateurs de bande dessinée.
Il avait commencé très tôt. Né le 11 juin 1948 à Charleroi, en Belgique, il avait vendu ses premiers dessins au Journal de Charleroi avant même d’avoir dix-huit ans et d’entrer aux beaux-Arts de Mons. Comme tous les dessinateurs en herbe de l’époque, il avait fait ses premiers pas dans la bande dessinée avec de "Belles histoires de l’Oncle Paul", des récits complets dans "Tintin" et des gags dans les pages d’actualités du "Pilote" belge du début des années 70. Il se retrouva également dans le studio Desclez, pour lequel il réalisa des adaptations en bande dessinée des enquêtes de San Antonio.
Avec le scénariste Vicq, il créa la série humoristique "Korrigan" pour "Tintin", avant de se tourner définitivement vers le dessin réaliste avec "Mandrin", avec le même Vicq, puis de connaître son premier grand succès avec la reprise de "Jugurtha", créée par Hermann et que celui-ci ne voulait plus continuer.
Une production déjà impressionnante, mais qui allait encore s’accélérer avec une foule de réalisations, souvent de commande, menées de front avec une succession de séries de qualité : "Thomas Noland" (sur scénario de Daniel Pecqueur), "Lester Cockney", "Poupée d’Ivoire". Dans les années 90, il profita du lancement de collections de prestige chez les éditeurs traditionnels pour écrire deux romans en bande dessinée, "Irish Melody" (dans la collection "Signé" du Lombard) et "Wyoming Doll" (dans la collection "Long Courrier" de Dargaud. En 2001, il avait encore lancé "Compagnons de Fortume" chez Delcourt.
(par Patrick Albray)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion