Ce sont « Les années belges au journal Tintin (1955-1961) » que la Fondation Leblanc s’emploie à faire revivre (du 1er avril au 25 septembre 2009). Tout commence à New-York en 1949, où il rencontre grâce à des amis communs Jijé, Morris et un certain Georges Troisfontaines, éditeur et publicitaire, qui tient en main la régie publicitaire de Spirou et une agence de distribution de la bande dessinée, la World Press. « Si vous passez par Bruxelles… » lui dit l’homme d’affaires qui pense qu’à 10.000 kilomètres de la capitale belge, son invitation sera sans conséquence.
Or, le jeune Goscinny se rend compte que sa situation à New-York aboutit à une impasse. Il pense faire son retour en Europe et le seul boulot concret qu’on lui propose passe par la Belgique. Georges Troisfontaines l’engage en 1951 pour représenter son agence à Paris. Grâce à Charlier qui travaille pour Troisfontaines, il rencontre Albert Uderzo. Il écrit un Jerry Spring pour Jijé (L’or du vieux Lender) et surtout devient le collaborateur privilégié de Morris sur Lucky Luke à partir de 1955 (Des Rails sur la prairie, N°906 du Journal de Spirou).
Le 6 septembre 1956, il est contacté par le rédacteur en chef de Tintin, André Fernez qui lui écrit une longue lettre dans laquelle il raconte qu’il a entendu parler de sa réputation de scénariste de talent. Il lui propose de devenir le scénariste à tout faire du journal. Goscinny ne se fait pas prier et prend aussitôt le train pour Bruxelles. Or, ce jour-là, raconta le dessinateur Tibet lors de l’inauguration de l’exposition, André Fernez est retenu par une réunion et ne peut recevoir le scénariste venu de Paris. Il demande à Tibet de le faire à sa place. C’est le début d’une amitié qui ne s’est achevée qu’avec le décès de Goscinny en 1977.
Pour Tintin, entre 1955 et 1961, Goscinny va multiplier les collaborations : avec Franquin, Uderzo, Berck, Macherot, Maréchal, Tibet, Angenot, Craenhals, Bob De Moor, Weinberg… Les séries ? Oumpah-Pah, Spaghetti, Prudence Petitpas, Strapontin, Modeste & Pompon… Une suite marquante de créations qui ne sera éclipsée que par celles qu’il réalisa plus tard pour Pilote.
L’aventure belge de Goscinny ne s’achève pas là. À partir de 1967, les studios bruxellois Belvision, appartenant à Raymond Leblanc, également patron du Journal Tintin, adaptent Astérix, puis Lucky Luke, ainsi que des courts-métrages avec Oumpah-Pah et Spaghetti. En 1967, sur une croisière, Goscinny rencontre une ravissante jeune fille issue d’une famille d’origine belge qui ignore qui il est. Elle deviendra sa femme.
Fut-il belge, on n’échappe pas au destin.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Exposition René Goscinny au journal Tintin (1955-1961), du 1er avril au 25 septembre 2009.
Fondation Raymond Leblanc, avenue Paul-Henri Spaak, 7 à 1060 Bruxelles.
Ouvert du mercredi au vendredi et le 1er week-end de chaque mois de 12h00 à 18h00, fermé en juillet et les jours fériés.
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