Boosté par l’expo de la Fondation Cartier, Moebius est bien entendu à la fête un peu partout et il semble de bonne guerre que les Humanos y participent. Ceux-ci éditent l’intégrale des bandes de Moebius « annonçant ou accompagnant l’âge d’or du magazine Métal Hurlant ».
Il faut dire que si Gir s’illustra surtout avec les récits ‘standard de 44 pages’ de Blueberry, Moebius et sa clique de pseudos s’épanchèrent principalement en courts récits, sans aucun ordre discernable [1].
Les Humanos tentent donc d’y mettre bon ordre : pas d’inédits, car « toutes ces pages ont déjà fait l’objet de nombreux recueils ou compilations dont les sommaires n’ont cessé d’évoluer au fil des années », nous explique l’éditeur dans une ultra-courte préface. Il faut avouer que l’utilisation des bandes de Moebius par les Humanos avait de quoi rendre fou le lecteur : les premières ‘intégrales’ de Moebius étaient suivies d’albums qui mélangeaient quelquefois des bandes inédites avec des bandes parues dans les précédentes intégrales (donc qui ne pouvaient plus être considérés comme telles), tandis que certaines rééditions comprenaient des chapitres complémentaires …
Voici donc un recueil qui reprend (en principe) toutes les bandes de Moebius parues aux Humanos (et donc pas les illustrations). Les plus pépites les plus célèbres sont ’Arzach, le Major Fatal et le Garage Hermétique, The Long Tomorrow ainsi que la Déviation, mais également des bandes plus courtes, parfois totalement déjantées, très fantasmées ou purement jubilatoires telles qu’Absoluten Calfeutrail, l’Interviouve ainsi que la décadente Tarte aux pommes.
La seconde excellente idée des Humanos est de produire la majeure partie de ces bandes en noir et blanc, excepté certains récits vraiment bien mis en couleurs par Moebius himself. Bien entendu, tout est une question de goût, et si les couleurs de Mandryka dans Escale sur Pharogonescia étaient aussi délirantes que le récit, celles de la plupart des éditions des années 1980 gâchaient parfois le travail de l’auteur.
C’est donc un livre indispensable pour les amateurs du maître qui opèreront au passage un grand tri dans leur bibliothèque, comme ceux qui se sont toujours désespérés de ne pas trouver un beau recueil de ce qui reste sûrement comme les plus belles années de sa production. Il faut juste passer outre le prix, ce qui risque sans doute de freiner l’amateur. Raison de plus pour le lui glisser sous sous le sapin...
(par Charles-Louis Detournay)
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