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Le Monstre - Par Joseph Safieddine & Tom - Manolosanctis

Par Baptiste Gilleron le 4 novembre 2010                      Lien  
Dans une ambiance étouffante et troublante, les deux jeunes auteurs nous livrent un album poignant et sensible sur les errances d'un grand brûlé à la vie brisée. Une histoire loin d'être joyeuse mais qui évite l'accablement.

Victime d’un terrible accident de voiture, Antoine Kraven se retrouve défiguré à vie. Submergé par la honte et les remords, subissant les regards extérieurs, le "monstre" qu’il est devenu aux yeux de tous se replie sur lui-même. Antoine reste cloitré, ayant banni tout contact y compris avec sa famille et ses amis. Ne se nourrissant plus que de pizzas surgelées, de films et de cocaïne, il subit son quotidien, sa solitude et ses frustrations. Mais au milieu de sa déchéance, l’homme devra progressivement faire face à son passé pour réapprendre à vivre.

Le monstre est un pari un peu osé : tenir un huis clos de 140 pages sur un homme détruit et où il ne se passe finalement pas grand chose. C’est pourtant ce que les deux auteurs ont fait. Et le résultat s’avère très réussi.

Scénariste de Que j’ai été (co-écrit avec Charlotte Blazy et dessiné par Renart) chez Les Enfants Rouges et de Yallah écoute ! (dessiné par Céline Penot) chez Paquet, Joseph Safieddine signe un récit particulier qui sait prendre son temps pour mieux installer son ambiance pesante. Sans forcément chercher à faire s’identifier le lecteur au personnage d’Antoine, il parvient aisément à nous faire entrer dans cette histoire difficile. Sans trop en dire, la fin de l’album réserve, fort heureusement, une lueur d’espoir.

Le Monstre - Par Joseph Safieddine & Tom - Manolosanctis
Une vie peu sociale...
© 2010 Safieddine/Viguier/Manolosanctis

Pour accompagner ce scénario, il fallait un dessin en adéquation. Le style de Tom Viguier (Si j’avais un flingue, Éditions du moule à gaufre) s’y prête bien, alors qu’on aurait pu craindre le contraire. Le dessinateur va à l’essentiel, ne s’embarrassant pas de détails superflus, et rehausse le tout de couleurs sobres opposant les teintes chaudes et froides. C’est sans doute perfectible, mais la spontanéité du trait opère dans le bon sens.

Le monstre est donc un album à lire dans un état d’esprit particulier en raison des émotions qu’il véhicule, mais que l’on vous recommande sans peine.

(par Baptiste Gilleron)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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