Le héros de cette nouvelle [1] Tcharkov, peintre russe au style réaliste, fige ses modèles sur la toile. Son commerce vivote et l’artiste vit dans la misère. Misère augmentée d’un profond désarroi devant l’extraordinaire Vasilitch, qu’il sait capable d’ajouter la vie éternelle à ses sujets mais dont il n’arrive pas à reproduire l’effet. Et puis un jour, tout bascule. Un trésor caché lui tend les bras, il s’interroge et choisit de prendre l’argent.
Dans l’esprit dérangé du héros, ces diverses révélations s’avèrent dangereuses le poussant à la violence et à la destruction.
Le portrait est une sombre tragédie faisant appel à de multiples situations ou sentiments humains peu avouables tels que l’échec, la jalousie, la violence, la faiblesse. Restant principalement une interrogation sur l’art en général, cette nouvelle de Gogol sert la bande dessinée avec bonheur, les auteurs s’étant appliqués à la rendre émouvante et profonde. Le dessin est accrocheur et le mouvement crescendo que Ravard a su créer au fur et à mesure du déroulement de l’histoire, plante un univers désolé et frappant de nihilisme. L’artiste décrit par Gogol est un homme désespéré, dépossédé et atteint de folie. Entre l’art et l’argent, il a vendu son âme au diable et le jugement qu’il s’inflige sous le regard accusateur d’un portrait lui sera fatal.
Le portrait est une oeuvre servant souvent de base aux études de texte dans le milieu scolaire. Ainsi adaptée en bande dessinée, elle devrait pouvoir s’adresser à tous. Plutôt réussie, cette énième adaptation littéraire, un phénomène éditorial qui aura marqué l’année.
(par Marie M)
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[1] Le Portrait fait partie d’un recueil de cinq nouvelles : La Perspective Nevsky, Le Portrait, Le Journal d’un fou, Le Nez et Le Manteau, publiées sous le titre « Nouvelles de Pétersbourg ».
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