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Le retour des Sentinelles et du Bois des Vierges

Par Laurent Boileau Arnaud Claes (L’Agence BD) le 8 mai 2009                      Lien  
Racheté en début d'année, le catalogue BD de Robert Laffont voit ses premiers titres réapparaître chez Delcourt. Le Bois des Vierges et Les Sentinelles ouvrent le bal.

Nouvelles couvertures et cahiers de 8 pages composés d’entretiens exclusifs et d’illustrations inédites réservés à la première édition. Les Editions Delcourt offrent un nouvel écrin aux séries abandonnées par Robert Laffont.

Pour Les Sentinelles, dessiné par l’argentin Enrique Breccia, la réédition du tome 1 s’accompagne de la sortie d’une nouveauté. Cette série de "rétro-science-fiction" est née de l’envie du scénariste Xavier Dorison d’écrire une histoire de super-héros. "Je me suis dit qu’il fallait situer cette histoire à une époque où la France a encore de grands rêves, une période où on croit encore dans notre pays en une forme de grandeur, à un certain nombre de valeurs un peu utopiques, de réalités qui nous dépasseraient. Cette époque se termine pour moi en 1918, et donc la dernière époque où je pouvais faire ce super-héros, c’était 14-18." confie Xavier Dorison.

Le retour des Sentinelles et du Bois des Vierges
Les Sentinelles (tome 2)
© Delcourt

"J’avais aussi envie de me différencier par rapport aux super-héros américains en faisant des personnages plus à l’image des Européens, c’est-à-dire beaucoup plus dans le questionnement, le doute, pas forcément convaincus de leur bon droit, et conscients que la réalité est beaucoup plus complexe qu’un combat entre les good guys et les bad guys. Et puis, en termes d’intrigue, le contexte de la guerre, sur lequel je me suis documenté de façon précise, est typiquement celui où, a priori, un seul homme ne peut pas tout changer, même s’il a des super-pouvoirs… et on va voir à travers Les Sentinelles que ça va être possible !".

Pour Le Bois des Vierges, de Jean Dufaux et Béatrice Tillier, il faudra encore patienter jusqu’au début de l’année prochaine pour découvrir le tome 2. Mais le scénariste Jean Dufaux nous en dévoile la trame : "Alors que dans le premier tome les animaux et les êtres humains sont confrontés les uns aux autres, dans le tome 2 on va se pencher sur le Bois des Vierges et sur ce qu’il contient : des entités qui tiennent autant du monde humain que du monde animal. C’est dans ce monde-là que va se développer une véritable histoire d’amour entre l’humain et l’animal. Le focus est mis sur le Bois des Vierges, avant que le tome 3 ne revienne à la guerre et à la conclusion entre les humains et les animaux. Le sexe fait aussi son apparition dans le 2ème tome. C’est un sexe qui est mélangé évidemment à la force, à la peur, mais qui débouche sur une véritable tendresse et une véritable reconnaissance de l’autre. Il y a aussi, précédant ce sexe, une part de séduction qui me semblait très belle à traiter dans l’album."

On retrouve dans Le Bois des Vierges une thématique récurrente de Jean Dufaux, celle du monde qui se déchire, d’un ordre qui s’écroule.
"C’est un sujet qui m’intéresse dans l’Histoire, que ce soit à Venise, Florence, Rome… Il y a un moment donné où un monde qui semble parfaitement établi et codé se détricote complètement. L’homme se retrouve alors nu face au pouvoir, et l’homme nu face au pouvoir est une thématique qui m’intéresse beaucoup."

La guerre entre animaux et humains est une façon de montrer l’animalité qui est en l’être humain. "Il y a des transgressions entre les deux univers" reconnaît Jean Dufaux. "Que l’on soit de poil ou de peau, on est poussé par les mêmes envies, les mêmes ambitions, par la faim ou la volonté de puissance. Ce qui m’intéressait, c’était d’accoler des univers comme celui de La Belle et la Bête de Cocteau ou de La Princesse de Clèves, et de leur opposer le monde du Roman de Renart, qui a été un des tremplins du Bois des Vierges."

Extrait du Bois des Vierges

Pour Béatrice Tillier, l’enjeu était de taille, elle qui jusqu’à maintenant n’avait eu à dessiner que des décors urbains, de grandes architectures… "Je devais essayer de faire parler avec le langage du corps, faire en sorte que les personnages soient crédibles, qu’ils ne soient pas ridicules une fois habillés, et qu’on n’ait pas l’impression qu’ils sont mal à l’aise dans leurs vêtements, mais que ce soit quelque chose de naturel. C’était vraiment rentrer dans la peau des personnages : penser à la fois comme un animal qui voudrait être humain, et en même temps, faire en sorte que les humains, qui paraissent humains, se révèlent des animaux à l’intérieur. Il y avait tout un jeu là-dessus…"

La fable allégorique que constitue Le Bois des Vierges s’aventure aussi sur les chemins du fantastique et des forces obscures… "Notre époque n’a plus le temps de s’arrêter au fantastique : il faut être productif, compétitif, et nous délaissons les chemins du fantastique, qui sont aussi les chemins de la rêverie et du repos." regrette Jean Dufaux. "Aujourd’hui, pour traverser une forêt, nous prendrons l’autoroute ; moi je préfère prendre les petits sentiers, et pour moi dans une vraie forêt il y aura toujours un ogre… Si on part du principe qu’une forêt c’est ennuyeux, qu’on la traverse par autoroute, qu’on peut même complètement la déboiser – ce qui sera encore plus simple –, on tue également l’ogre. Nous sommes dans une époque qui n’a plus beaucoup de temps à consacrer aux ogres des forêts…"

(par Laurent Boileau)

(par Arnaud Claes (L’Agence BD))

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