Deep South, Mississipi, 1925. Edward Ray Cochran alias Meteor Slim est un jeune écervelé qui a tout plaqué, un peu lâchement quand même : son boulot, sa maison et sa femme enceinte, pour aller sur les routes vivre de son art : la musique. De jam-sessions improvisées en pugilats homériques, de nuits d’angoisse noyées dans la saoulographie à quelques moments de gloire volés à une salle surchauffée, la ballade de Meteor Slim ne serait que divagation s’il n’y avait la musique et ses rencontres magiques avec les autres musiciens. Au bout du chemin, ce disque de cire enregistré par des producteurs un peu escrocs. Un disque fragile, susceptible de se briser comme un rêve. À cause de rien, sinon de la vie.
Duchazeau dont le trait nous avait déjà envoûté à la lecture de La Nuit de l’Inca ou de Gilgamesh nous livre là une fable magnifique sur la condition des premiers musiciens de jazz des années vingt. Son trait noir et blanc, langoureux et rêveur, restitue avec talent toute la douleur, la profondeur, la dignité et la désespérance de leur errance créative.
[En librairie à partir du 3 mars 2008]
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion