C’est un des lancements les mieux réussis de l’histoire du dessin animé hexagonal. Déjà, en avril dernier, nous écrivions : « C’est un des buzz les plus fameux du cinéma français et à n’en pas douter un succès annoncé. » Cela se confirme. A la première séance à Paris hier à 14 heures, celle que tout le monde scrute pour évaluer le succès à venir en salle, Persépolis a réalisé 1996 entrées sur 23 copies, loin devant son suivant, Roman de gare (826 entrées et 18 copies), ce qui laisse présager une entrée triomphale dans le box-office.
Ce triomphe, on le doit à un Prix du jury ex-aequo à Cannes, une publicité savamment orchestrée (une présence massive des réalisateurs à la télévision, un affichage intelligemment organisé), à une auteure charismatique qui n’a pas peur des caméras mais aussi à une critique dithyrambique. Florilège.
Thomas Sotinel dans Le Monde : « Persepolis est l’adaptation par Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi de la bande dessinée en quatre volumes et à succès réalisée par cette dernière entre 2000 et 2003 (éd. L’Association), dans laquelle elle évoque un fragment décisif de sa vie, de la chute du régime du Chah en Iran en 1978 (Marjane a 8 ans) jusqu’à l’exil en Autriche de l’adolescente rebelle qu’elle est devenue six ans plus tard.
Que l’on considère ce qui le sépare (le mouvement, la fictionnalisation) ou ce qui le relie (le noir et blanc, le réalisme stylisé dépouillé du trait) à la BD, ce film témoigne de qualités humaines et artistiques qui le destinent, bien au-delà de la trame historique et du drame intime, à un public universel. »
Arnaud Schwartz dans La Croix : « Comme par magie, le spectateur ne peut que s’identifier au destin de cette petite fille effrontée, percevant à 8-9 ans les clameurs de la révolution à travers le filtre de son insouciance, affichant un logo « Punk is not dead » sous le voile de rigueur, testant son penchant pour la rébellion et sa révolte d’adolescente face aux enseignants ou aux gardiens de la révolution. »
Pierre Murat dans Télérama : « Avant de se mettre au travail, Marjane Satrapi et son complice de cinéma, Vincent Paronnaud, ont visionné des films, en noir et blanc, bien sûr – La Nuit du chasseur, de Laughton, et La Soif du mal, de Welles –, pour en retrouver le climat de cauchemar. D’où l’angoisse que l’on ressent, dans l’Iran de Khomeyni, avec ces arrestations et ces exécutions qui se multiplient. Dans de somptueux dégradés de gris, toutes ces silhouettes qui passent à la trappe semblent avalées par une diabolique machine à tuer. Imaginez Ubu dans l’univers expressionniste de Fritz Lang… »
Marie-Noëlle Tranchant dans Le Figaro : « Cette grande fresque autobiographique est une entreprise vraiment originale, prix du jury à Cannes. D’abord par sa forme artistique de dessin animé en noir et blanc, prolongement cinématographique de la bande dessinée initiale : il est rare que l’animation soit employée pour raconter une expérience humaine aussi personnelle et complexe, et en ce sens, Persepolis ouvre à cet art des perspectives nouvelles. La stylisation du trait, la liberté d’interprétation du réel que permet le dessin animé apportent une force et un humour qui correspondent au tempérament de l’héroïne-auteur. »
Ce n’est pas Persepolis, c’est Byzance !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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