Qualifié de « BD de reportage », cet album réussit le tour de force de nous raconter les opérations récentes de la Légion tout en la resituant dans son histoire. En introduction, l’album débriefe les clichés qui composent son image et qui, provenant le plus souvent d’Hollywood, se sont insinués dans notre culture populaire à travers le cinéma, la chanson (on se souvent du célèbre succès de Marie Dubas et Edith Piaf) et même la bande dessinée, sans que l’on sache exactement quels en sont les véritables ressorts. Une courte histoire de quelques pages indique ensuite les grands moments de son histoire un peu décousue : trouvant son origine dans les armées étrangères de Napoléon, la Légion doit son acte fondateur au Maréchal Soult et son développement à l’aventure coloniale française à laquelle la Légion est intimement associée.
Puis vient le grand moment fondateur de la légende de la Légion : la Bataille de Camerone au Mexique où une poignée de légionnaires tint tête à une armée mexicaine bien plus nombreuse et mieux armée. Cette bataille est encore aujourd’hui célébrée et la prothèse de la main du capitaine Danjou qui commandait cette action mythique de la Légion est conservée comme une relique de saint et portée comme telle en procession. Aucun détail du folklore de la Légion n’échappe à Hervé Loiselet qui ne cache pas sa sympathie pour son sujet.
Le dessin de Benoît Blary accompagne avantageusement le récit. Ayant déjà illustré les deux Guerres mondiales dans 20 ans de guerre (avec Loiselet, au Lombard), Vies tranchées (avec Jean-David Morvan et Yann Le Gall, chez Delcourt) et Petites Histoires de la Grande Guerre (avec Kris, chez Kotoji), il était d’autant plus à l’aise pour mettre réussir ces allers-retours entre passé et présent, entre épisodes didactiques et récits de batailles, dans un objet curieux dont les chapitres sont entrecoupés d’interviews et de croquis préparatoires, et pourvus de flash codes qui renvoient vers des développements en ligne. Comme objet de communication, la Légion étrangère ne pouvait rêver mieux.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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