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Les 11e Rencontres d’Aix en Provence à la croisée des arts graphiques innovants et populaires

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 11 avril 2014                      Lien  
Voici onze ans que Aix consacre ses Rencontres à la bande dessinée, dix que Michel Fraisset et Serge Darpeix sont aux manettes, avec chaque année des rencontres de la BD mais aussi des arts associés : graphisme, presse, illustration, livre jeunesse... Avec comme point commun la créativité.

La manifestation commence ce vendredi mais nous étions là un jour avant, afin de voir comment avançait le chantier. Le morceau de choix, c’est évidemment l’exposition Alan Moore. L’idée avait été suggérée par Jean-Marie Derscheid, sous prétexte que "c’était simple". Simple, Moore ? Évidemment que non, le commissaire belge d’expositions (il a travaillé aussi bien sur les grandes expositions de BD-FIL à Lausanne, que sur la rétrospective Spiegelman à Angoulême ou encore récemment l’exposition sur la Ligne claire à Bâle) le savait, et le directeur artistique des Rencontres Serge Darpeix aussi, évidemment, mais l’envie était forte. Alors, ils ont pris leur bâton de pèlerin et se sont mis à chercher dans les collections particulières, notamment celles des auteurs, les œuvres du maître-scénariste anglais.

Les 11e Rencontres d'Aix en Provence à la croisée des arts graphiques innovants et populaires

Pour s’y retrouver dans l’oeuvre d’Alan Moore, l’expo vous établit les réseaux qui ont tout l’air d’un plan du métro londonien.

Le résultat est éblouissant : plus de 200 planches sont rassemblées : celles d’œuvres mythiques : V For Vendetta, From Hell, Watchmen, La Ligue des Gentlemen extraordinaires, mais aussi de Miracleman, The Saga of the Swamp Thing, Big Numbers, A Small Killing, Lost Girls, de Wild CAT’s,... Mais comment rendre intelligible un auteur qui se signale par sa complexité et dont les graphistes, de David Lloyd à Brian Bolland, de Dave Gibbons à Ian Gibson, de Kevin O’Neil à Bill Sienkievicz, de Jim Lee à Oscar Zarate sont d’une diversité déconcertante ? "En mettant Moore en permanence au-dessus d’eux" nous dit Serge Darpeix.


L’art du scénario d’Alan Moore, d’une précision névrotique

C’est une des réussites de cette expo qui a profité des conseils éclairés du spécialiste anglais de la bande dessinée Paul Gravett, lui-même créateur de la première grande expo Moore à Charleroi, il y a dix ans exactement, en 2004 : par un processus de projections et de sons, le spectateur est enveloppé par la voix d’Alan Moore, une voix au débit lent, posée, apaisante. Pour les Francophones que nous sommes, les sous-titres défilent, ses réflexions nous ramènent au texte, accompagnent notre regard qui furète là sur des planches, là dans un cabinet de curiosité où l’on expose de vieux grimoires de Conan Doyle ou de Jules Verne, là dans le kiosque à journaux de Watchmen, là sur un amas de TV désaffectées qui fonctionnent par intermittence, là sur une toile du peintre Walter Sickert que Moore soupçonne d’être Jack l’éventreur...

Une des surprises de l’expo : Une toile du peintre Walter Sickert, qu’Alan Moore suppose être Jack l’éventreur

Et puis il y a les manuscrits de Moore, précis jusqu’à la névrose, qui montrent la méthode narrative du magicien du 9e art. L’expo court jusqu’au 10 mai 2014. Si vous ne pouvez pas aller la voir ce week-end, tentez une escapade pendant les ponts de mai, d’autant qu’elle n’est qu’une des 13 expositions visibles gratuitement dans la ville.

La diversité se retrouve chez Moore mais aussi dans les autre expos et activités de ce festival exceptionnel qui met la créativité en avant. Ainsi cette expo Jim Curious qu’il faut visiter avec des lunettes 3D et qui a des airs de Museum d’histoire naturelle, ou encore la performance de l’équipe des éditions suisses Atrabile dont les auteurs ont chacun fait un dessin, ensuite transformé en papier peint.

Un festival où la plupart des noms et des œuvres vous sont inconnus. Mais n’est-ce point le propre même de la rencontre que d’aborder quelqu’un ou quelque chose que vous aviez ignoré jusqu’ici ? Voilà pourquoi Aix en Provence continue de nous séduire depuis plus de dix ans.

Le museum d’histoire naturelle de Jim Curious

Les papiers peints de l’équipe d’Atrabile

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Lire aussi : L’interview de Serge Darpeix, directeur artistique des Rencontres

Le site et le programme complet de l’événement

Les expositions durent pour la plupart jusque fin mai 2014.

Le week-end BD, c’est aujourd’hui jusque dimanche soir : 11, 12 et 13 avril 2014.

 
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