Ceux qui connaissent Éric-Emmanuel Schmitt ne seront pas surpris : sa formation de philosophe et son savoir-faire de dialoguiste sont au rendez-vous. Poussin 1er s’interroge et interroge le monde avec l’acuité d’un gallinacé existentialiste. C’est drôle et efficace, même si on se demande, à ce stade, si le scénariste saura dépasser ce stand-up dessiné pour créer un véritable univers, à l’instar de ceux d’un Raoul Cauvin ou d’un Philippe Geluck. La série vient d’éclore, laissons-la s’ébrouer quelque peu.
C’est au niveau du dessin que notre plaisir est le plus grand. Janry y déploie tout son savoir-faire de dessinateur animalier et l’animation de ses personnages, du poussin, qui transpose certaines mimiques de l’écrivain, aux autres animaux de la basse-cour, assure à lui-seul l’effet comique, comme un acteur incarne un personnage par sa seule présence.
Depuis les années 1990, l’école dite "de Marcinelle" fait l’objet d’un dénigrement critique, au point de faire douter les éditeurs de Dupuis qui, ces dernières années, louchaient de plus en plus vers la génération de L’Association.
Avec cet album, le style belge montre qu’il a encore du répondant, voire même, dans le cas de Janry, du génie.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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