Les aventures d’Hervé et son pote Camel, obsédés par leur libido naissante, ont fait le meilleur démarrage de la semaine à Paris (plus de 3.000 entrées) et attiré plus de 40.000 spectateurs sur la France, soit une excellente moyenne de plus de 200 entrées par copie. L’approche de la Fête du cinéma, où les "djeunes" sont traditionnellement nombreux (fin d’année scolaire oblige) pourrait bien accentuer la tendance, car le film a tous les ingrédients pour devenir culte.
Pour cette incursion, provisoire ou non, dans le 9ème art, Riad Sattouf s’est adapté à la mécanique scénaristique d’un long métrage : un personnage principal (Hervé) poursuit l’objectif simple (si l’on veut…) de sortir un jour avec une fille. Il se trouve toutefois en butte à de multiples obstacles : il est moche, bête, puceau, affligé de copains qui lui ressemblent, et d’une mère intrusive et un tantinet maboul (formidable Noémie Lvovsky). Comme son entourage, il atteindra cependant un équilibre qui détonne avec le ton plus uniformément désenchanté des albums de Riad Sattouf.
L’univers de l’auteur de Retour au collège est bien là, son talent pour croquer des scènes de vie drôles et pathétiques, ses dialogues savoureux surtout ("Depuis quand t’as un portable ? Tu connais personne à part nous !"). Des dialogues truffés de pépites, qui sont de ceux qu’on se répète et qui font buzzer…
Le casting est impeccable : Vincent Lacoste (Hervé) et son rire niais, Anthony Sonigo (Camel) toujours prêt à passer à l’attaque, sont décalés ce qu’il faut pour incarner les scènes les plus délirantes (notamment une avec un doigt, on ne vous dit que ça). Alice Trémolière (Aurore), avec qui Hervé va tenter une histoire, est ravissante – Riad Sattouf aurait pu éviter le piège de la jolie jeune actrice, mais bon, elle joue bien (et il y a des boudins aussi).
Dans le rôle de la directrice un brin sadique, l’impériale Emmanuelle Devos, que l’on est plus habitué à voir dans des rôles dramatiques, est hilarante. À noter aussi la présence d’Irène Jacob, trop rare au cinéma, qui apparaît d’abord dans des photos sur papier glacé – soyez attentifs.
Guest star de marque : Marjane Satrapi, qui réalise actuellement son premier film live à Berlin, fait une apparition comme vendeuse dans un magasin d’instruments de musique. Riad Sattouf lui-même incarne avec brio (et une perruque) le partenaire masculin d’une maman faussement occupée à faire le ménage sur mamans-trop-chaudasses.com… D’autres auteurs sont présents au casting. Nous laissons à nos lecteurs le soin de les signaler dans notre forum.
Comme pour symboliser la position de l’auteur par rapport à son univers : sarcastique, mais un peu dedans quand même !
(par Arnaud Claes (L’Agence BD))
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