Fuyant l’Autriche alliée des nazis, miné par la guerre qui fait rage partout, jusqu’en Asie, Stefan Zweig arrive au Brésil avec sa seconde et jeune épouse.
Ensemble, ils revivent dans ce pays neuf et plein de lumières. Zweig doit commencer sa biographie de Balzac et continuer la rédaction de ses mémoires. Titré "Le monde d’hier", ce livre n’attend plus qu’un passage chez l’imprimeur. Mais les nouvelles de la guerre ne sont pas bonnes et Zweig se persuade que la défaite des alliés est proche. Son désespoir inquiète sa femme. Elle ne sait pas encore à quel point l’écrivain perd inexorablement l’envie de vivre...
Misant sur la relation d’une force peu commune entre Zweig et sa femme Lotte, Laurent Seksik fait entrer le lecteur dans sa vie avec élégance et finesse. Inutile d’avoir lu ses romans (ou ses nombreuses biographies) pour se plonger dans un esprit aussi tourmenté. On ne saisit pas immédiatement la profondeur de sa détresse. C’est tout le talent des auteurs de la saisir progressivement, dans une trame narrative entrecoupée de considérations sur la littérature, la guerre et ses souffrances. La judéité de Zweig est également abordée, éclairant sa vie et son œuvre.
Le choix graphique de Sorel privilégie les visages et expressions des deux principaux personnages, baignés dans des tons bleus et ocres, avec parfois une touche expressionniste.
Seksik affirme s’être éloigné de son livre pour écrire cette adaptation, au bénéfice de l’histoire. Les Derniers Jours de Stefan Zweig remplit sa double mission : convaincre les lecteurs du livre original de se laisser porter par la version illustrée, et donner envie aux autres de se plonger dans l’œuvre magistrale d’une des grandes plumes du XXe siècle.
(par David TAUGIS)
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