C’est toujours un peu la même histoire, mais c’est aussi un choix. Baudoin raconte ses errances, souvent ballottées par une bonne part de hasard, d’un pays à l’autre, de la campagne à la ville.... Et d’une femme à l’autre. Se mettant en scène, présent à chaque page à la manière d’un journal intime, il évoque ses rencontres, des moments de solitude ou de joie intense.
Si son texte est souvent poétique, parfaitement mis en valeur par un lettrage splendide, il ne surprend guère au fil des albums. Celui-ci est le troisième pour Aire Libre et il ressemble à s’y méprendre aux précédents.
L’impression de relire un peu toujours la même histoire. Certes, les aficionados aimeront se replonger dans l’univers délicat et nimbé de spleen de Baudoin. Son récit à la première personne baigne dans un romantisme désabusé, souvent lardé d’autocritiques sans complaisance. Mais difficile pour autant de voir poindre une inspiration nouvelle.
Et contrairement à Fabrice Neaud, qui raconte sa vie en BD depuis 10 ans (Journal, quatre tomes parus), les confessions intimes de Baudoin ne s’élargissent que rarement vers l’universel, d’où parfois un sentiment de gêne devant cette mise à nu. L’auteur sexagénaire, voyageur infatigable, cherche-t-il à se prouver qu’il reste un séducteur maudit, n’arrivant jamais à expliquer les raisons de ses échecs sentimentaux ?
Il faut cependant reconnaître la formidable vitalité de son dessin, qui non seulement mêle les techniques différentes (peinture, aquarelle...) mais donne parfois un relief éclatant aux personnages, qui se détachent dans des couleurs pleines de vie sur des paysages somptueux. Une palette qui donne souvent un éclat étonnant à certaines planches.
(par David TAUGIS)
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