Avant d’expliquer notre sentiment vis-à-vis de ce nouveau film, abordons tout d’abord un point qui nous semble essentiel pour les amateurs que nous sommes : est-ce que l’industrie du cinéma respecte ici, dans cette adaptation, la bande dessinée originelle ? Eh bien, comme pour le premier film consacré aux Gardiens de la Galaxie, nous serions tentés d’écrire « Non ».
Si on attend d’une adaptation qu’elle soit la transcription exacte sous une nouvelle forme d’un contenu bien défini, une adaptation fidèle des aventures écrites au fil des décennies par des scénaristes prestigieux comme Jim Starlin, le duo Dan Abnett/Andy Lanning ou plus récemment Brian M. Bendis, les lecteurs assidus seront sans aucun doute être déçus.
Même logique pour les personnages mis en avant : mis de côté deux cas sur lesquels nous reviendrons plus bas, les rôles respectifs sont parfois très différents de leur identité littéraire, même s’ils n’en demeurent pas moins attachants.
Autant l’avouer, ce second film centré sur les Gardiens de la Galaxie nous a globalement plu, en dépit du fait que l’effet de surprise qui portait le premier long-métrage n’est forcément plus au rendez-vous.
Dans la lignée d’une mécanique scénaristique très redondante au fil des différents films de Marvel Studios, le réalisateur James Gunn semble lors du premier acte de son film reproduire à l’identique l’essence du précédent : une atmosphère humoristique très prononcée et une place importante accordée à la bande-son qui pioche allègrement dans les tubes américains d’avant les années 1980. Sauf que le charme n’opère plus autant qu’au premier épisode. On voit venir la redite...
Heureusement, sans crier gare, la maîtrise du sujet par James Gunn fait son effet : la tonalité de cet univers tel qu’il a été porté depuis son apparition au cinéma change beaucoup avec le lancement de la véritable intrigue du film, une intrigue plus dramatique que prévue pour cette aventure. Attention, nous n’écrivons pas ici que le propos se veut plus sérieux ou sombre, mais il gagne en gravité et en intérêt : là où elle était centrée sur l’opposition avec Ronan l’accusateur lors du premier film, avec ses faiblesses évidentes, elle propose ce second film quelque chose de plus rassasiant, fournissant même un antagoniste intéressant (ce qui est rare pour les films Marvel Studios, passé Loki).
En ce qui concerne la galerie de personnages, la plupart reviennent en forme et continuent de gagner en présence. Toutefois, deux personnages de l’équipe ne semblent pas à nos yeux bénéficier de ce même traitement : Gamora et Bébé Groot.
La première, « la femme la plus dangereuse de la galaxie » dans les Comics, continue au cinéma de ne pas faire naître cette idée chez le spectateur. Certes, le personnage a davantage l’occasion de faire ses preuves dans les scènes d’action, mais on ressent qu’elle reste en retrait par rapport aux autres et que son développement est pour l’instant bien trop classique.
En ce qui concerne Bébé Groot, il s’agit là d’une déception : autant Groot dans le premier film était un personnage marquant, autant là on a l’impression ici de se retrouver avec un personnage qui n’a pour fonction que d’être « mignon » et de vendre des produits dérivés par paquets de douze. Dommage.
Au rayon des nouveautés, l’introduction de Mantis nous a beaucoup plu : capable de ressentir par le toucher, il reçoit un traitement humoristique inattendu, mais qui fait le travail, et participe aussi à une action décisive qui confère au film cette gravité évoquée tout à l’heure. Un traitement réussi donc.
Vient ensuite le personnage incarné par le talentueux acteur Kurt Russell, dont on taira l’identité pour ne pas gâcher la surprise, qui constitue la pierre angulaire de ce film : grâce à une très bonne performance d’acteur et une bonne écriture du personnage, on tient ici l’une des principales raisons qui font de ce film une séquence apprécicable.
Un propos plus dramatique que prévu (pour un film de Marvel Studios, évidemment), des personnages qui emportent globalement notre adhésion et des petites surprises très délectables qui émaillent la dernière partie du film (amateurs des années 1980 en général ou/et des Comics de Jim Starlin, préparez vous) font que l’on ressort ravis de la séance des Gardiens de la Galaxie vol. 2. Même si le film n’est pas exempt de défauts. Nous vous recommandons donc ce détour ces prochains jours par les salles obscures.
(par Romuald LEFEBVRE)
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