1912, quelque part en France, des enfants de tous âges sont incarcérés dans une colonie pénitentiaire. Voulant échapper à un univers uniquement rythmé par un travail agricole mené dans des conditions souvent inhumaines, sous les brimades et les punitions, Honoré, Miguel et Adrien ont choisi de s’évader de la sinistre colonie.
Dès le début de ce deuxième tome les trois fugitifs sont vite retrouvés et rejoignent la colonie des « Marronniers » . Les représailles ne tardent pas à tomber ! Les trois garçons sont contraints d’obéir au « Marbré », leur nouveau « grand frère » encore plus sadique que son prédécesseur.
La venue d’un journaliste chargé de mener l’enquête sur la vie à la colonie laisse sinon un espoir de s’échapper au moins celui de faire connaître leur situation à l’extérieur. Hélas, rien n’est simple, c’est déjà une première trahison. D’autres suivront, dans ce monde où tous les coups sont permis : manipulations, violences reviennent à la surface. L’idylle naissante entre Jean et Angèle, la fille du directeur de l’institut, fait partie des rares signes d’humanité dans un univers qui semble en faire cruellement défaut.
Au risque de malmener la crédibilité de l’histoire, nourrie par la recherche documentaire, le récit semble par ce biais prendre un nouveau départ.
Après des études en photographie, Laurent Galandon dirige un cinéma d’Art et d’essai avant de rejoindre les éditions Bamboo comme scénariste. Il ne tardera pas à s’y faire remarquer par son écriture et ses choix narratifs originaux en prise directe avec l’actualité ou l’histoire récente, n’hésitant pas à revenir sur des sujets encore brûlants ou polémiques.
Auteur majeur de la collection réaliste Grand Angle, Laurent Galandon n’en finit pas d’explorer la part d’ombre de notre histoire en ayant recours à des procédés romanesques particulièrement efficaces. Avec des récits aux contextes aussi différents que L’Envolée sauvage sur la Shoah, Tahya El-Djazaïr à propos de la Guerre d’Algérie, ou face au génocide des Arméniens dans Le Cahier à fleurs, il est parvenu à s’imposer comme l’un des meilleurs scénaristes actuels de séries réalistes. Avec Les Innocents coupables, il poursuit dans la même veine.
Anlor (Anne-Laure Bizot) a étudié aux Arts-Décoratifs de Paris (ENSAD) avant de réaliser en 2001 un premier court-métrage en volume animé : Qui veut du Pâté de Foie ? Dix ans plus tard, après un parcours de réalisatrice elle signe sa première BD : Les Innocents coupables.
Au fur et à mesure de l’avancement de cette série, cette jeune illustratrice dévoile un talent de plus en plus personnel et affirmé, confirmé par ses qualités de coloriste. Un bel album pour traiter pour un sujet difficile.
(par Patrice Gentilhomme)
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Les Innocents coupables T2 - Par Galandon et Anlor - Éditions Bamboo.
Illustrations © Bamboo Édition -Illustrations Galandon et Anlor.