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Les Innocents coupables T3 - Par Galandon et Anlor - Editions Bamboo

Par Patrice Gentilhomme le 27 mai 2013                      Lien  
A travers différents albums du label Grand Angle, plusieurs auteurs se retrouvent autour du thème de l’enfance abimée : guerre, déportations, maisons de correction, bagne pour enfants … Retour sur quelques pages douloureuses cette histoire.

Chef de file de cette mouvance apparue il ya quelques années, Laurent Galandon (à qui l’on doit déjà L’Envolée sauvage à propos de la Shoah ou Le Cahier à fleurs sur le génocide des Arméniens) poursuit l’exploration des parts d’ombre de la condition enfantine.

Avec ce troisième tome se termine le triptyque consacré à l’univers particulier des « maisons de correction » mis en images par Anlor jeune auteure qui signe là sa première grande publication. On ignore bien souvent que de 1830 jusqu’au milieu du vingtième siècle beaucoup d’enfants jugés délinquants ou indisciplinés furent placés dans des centres pénitentiaires. Ces établissements « accueillaient » sans ménagement plusieurs dizaines d’adolescents dans ce qui, en dépit des intentions philanthropiques et généreuses de départ, se transformèrent vite en véritables bagnes d’enfants.

Les Innocents coupables T3 - Par Galandon et Anlor - Editions Bamboo
Une page d’histoire sombre et méconnue.

Dans La Liberté, troisième partie de la trilogie consacrée à cet univers, on retrouve Jean, Miguel, Adrien et Honoré dont on a déjà pu suivre l’arrivée dans la colonie, l’itinéraire mais aussi les tentatives d’évasion dans les albums précédents.

Après un nouvel échec, on retrouve ces ados brisés par une institution brutale et violente, décidés comme tous les prisonniers du monde à s’évader à nouveau ! Mais entre les jeunes gens les choses sont compliquées : trahisons, bagarres, jalousies, relations ambigües et difficiles entre eux ou avec Angèle, la fille du directeur...

Révélations et rancœurs permettent néanmoins de faire progresser cette chronique de la violence et de la souffrance. Dans cet ultime volume l’occasion nous est donnée de visiter le passé (mais aussi la « vie d’après ») d’Honoré et Adrien. Après Jean et Miguel dans les tomes précédents, les auteurs reviennent sur le destin de ces deux ados, avant de conclure une histoire sans véritable héros, chacun bénéficiant d’un égal traitement au cœur d’une épopée collective.

Bien que chaque volume soit « aéré » par de courtes anecdotes plus ou moins romanesques, c’est malgré tout l’émotion et la douleur qui dominent l’ambiance de ce récit noir et plombé.

L’univers des Bagnes pour enfants décrit au quotidien.

Ce dernier opus ne surprend pas, son titre ne laissant aucun doute sur le dénouement de l’épopée des jeunes gens. L’évasion quelque peu rocambolesque (au risque de l’incrédulité) ne constitue sans doute pas l’intérêt majeur de ce triptyque.

En fouillant l’itinéraire passé (et à venir) de ses personnages,Laurent Galandon nous dévoile un peu plus de leur personnalité tout en jouant du devoir de mémoire sur un des aspects les plus dramatiques de la condition de l’enfance. Entre épopée romanesque et trilogie quasi documentaire il revient avec force et sans complaisance des faits qui perdurèrent en France jusqu’en 1947 !

Le trait anguleux mais remarquable d’Anlor insiste avec beaucoup d’efficacité sur la souffrance des corps et des âmes de ces jeunes bagnards au parcours fracassé et aux nerfs à vif. Le choix des couleurs renvoie non seulement à un univers végétal humide et boueux, mais privilégie aussi les aspects sombres et glacés des sentiments qui traversent un récit dur et tendu.

(par Patrice Gentilhomme)

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Illustrations © Bamboo Édition -Illustrations Galandon et Anlor.

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2 Messages :
  • Merci Patrice pour cette chronique ! Juste un complément d’information : notre livre est aussi disponible chez de vrais libraires dans de vrais boutiques avec de vrais individus pour vous accueillir et vous conseiller. Il suffit juste de quitter un moment son écran ;o)

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    • Répondu par Oncle Francois le 27 mai 2013 à  12:19 :

      Vous avez raison de le rappeler, Monsieur Galandon. Les libraires sont en effet un maillon indispensable de la distribution de livres, même s’ils ne se valent pas tous (certains ont déjà cédés, les plus faibles probablement). Il y en a des compétents et des moins bons, exactement comme il existe des voitures plus ou moins agréables à conduire, etc (comme vous etes scénariste, je vous laisse imaginer la suite !°). Bien cordialement

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