L’art surgissait donc dans la réalité et on restait ébahi devant le courage ou l’inconscience, en tous cas le jusqu’au-boutisme de Matt. Sa propre médiocrité, ses défauts petits ou grands, sont la matière préférée de l’auteur.
Avec Les Kids, qui conte ses souvenirs d’enfance, on pouvait s’attendre à un adoucissement du propos qui serait allé logiquement de pair avec l’innocence supposée des gamins. Or, bien entendu, Joe Matt ne change pas d’optique. Il se décrit enfant aussi sévèrement qu’il se dépeint adulte. Les défauts sont différents, mais toujours mis au premier plan.
Le vertige est peut-être encore plus fort avec cette bédé. Matt est cruel avec un enfant, même s’il est lui-même cet enfant. Le lecteur éprouve un sentiment différent de celui ressenti à la lecture de ses autres œuvres. Ici, l’humour est différent, moins porté sur le sexe, mais tout aussi cruel. Le trait est toujours aussi précis, le découpage et la narration très cohérents, bref, le lecteur se régale. Joe Matt a du savoir-faire et invente un genre à lui tout seul : l’autobiographie méchante...
Y-a-t-il un psy dans la salle ??
(par Laurent Queyssi)
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