Qu’est-ce donc la liberté, la justice ou l’amour ? Des questions qui méritent toute notre attention et auxquelles Takahiro Arai tente au mieux de répondre au travers de sa vision des Misérables. Fantine, Jean Valjean, Cosette, les personnages charismatiques de Victor Hugo ont marqué la mémoire de plusieurs générations. Datant de 1862, ce classique de la littérature illustre non seulement la souffrance des laissés-pour-compte de la société de son époque mais aussi la force narrative d’un conteur hors pair. Des comédies musicales, des pièces de théâtre et de films en ont été tirés, c’est dire le challenge que constitue cette adaptation tirée de la version japonaise des Misérables traduite par Yoshio Toyoshima, il y a presque cent ans.
Pouvoir toucher des jeunes lecteurs par ce thème venant d’un autre siècle n’est certes pas choses aisée. Et pourtant, le résultat est patent. La série reprend les ingrédients fidèles au succès du roman. Pari réussi pour Takahiro Arai, l’auteur de Darren Shan et d’Arago..
La 1ère partie du récit se focalise sur les incidents qui ont poussé Jean Valjean à vouloir dérober une miche de pain : nourrir les sept enfants de sa sœur qui crèvent de faim. Vient ensuite son incarcération de dix-neuf longues années, prolongées suite à quatre tentatives d’évasion. Une fois libéré, l’homme est confronté au mépris : ses papiers stipulent clairement qu’il est un ancien condamné. La fin du récit le mène vers Monseigneur Myriel. Le saint-homme tente de sauver une âme perdue....
La lecture de ce 1er tome est fluide et plaisante. Le lecteur dévore ce récit à pleines dents et se trouve aspiré par son énergie dynamique. Le trait de l’auteur se rend bien toute la souffrance (et la force) des protagonistes, entre sourires déformés et faciès désespérés.
Le passage de la lumière aux ténèbres montre un homme qui a tout perdu, devenu une bête féroce, assoiffée de vengeance. Un Jean Valjean agressif, puissant et capable du pire.
(par Marc Vandermeer)
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