On reprochera ce qu’on veut à Yann : la surabondance de sa production, le caractère inégal de ses séries, mais il fait partie des auteurs qui ont le mieux compris comment éviter de trahir les grands classiques de la bande dessinée franco-belge.
C’est d’ailleurs paradoxal de voir celui qui, il y a pas loin de quarante ans, participait aux côtés de Yves Chaland et de Didier Conrad au dynamitage (respectueux) de la bande dessinée de l’Âge d’or, contribuer, comme Conrad avec Astérix et Chaland (au travers de ses héritiers Émile Bravo et Olivier Schwartz) avec Spirou, à perpétuer avec autant de réussite le canon de l’École belge.
Car la magie fonctionne, tant dans la caractérisation des personnages que dans la nervosité des dialogues. La magie du scénariste originel Jean Van Hamme, mélange de technicité, de sens du récit populaire et de roublardise scénaristique, se perpétue de façon épatante, au point que l’on se met à penser que cette série pourrait sans coup férir offrir une Continuity à l’américaine.
Il faut dire qu’elle est bien aidée par le dessin de Roman Surzhenko, solidement composé mais diablement efficace, bien que moins inspiré dans le traitement des décors et des matières et moins soucieux des décors que son modèle Grzegorz Rosinski (réalisateur de la couverture). Autre bémol : les couleurs faites par le dessinateur russe, performantes mais sans l’ombre d’un charme.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.