Du western traditionnel des débuts allait émerger rapidement l’une des séries les plus révolutionnaires de l’époque, non seulement par le personnage, buveur, bagarreur, sale, qui détonnait par rapport à tous les beaux héros d’alors, mais aussi par son ancrage dans l’histoire (on allait, par des séries parallèles, apprendre sa date de naissance et la date de sa mort, et découvrir sa jeunesse) et par la personnalité grandiose des acteurs, bons (pas beaucoup) et méchants (la majorité) de cette extraordinaire saga.
Une saga qui se voit aujourd’hui portée au cinéma par Jan Kounen, dans "Muraya, l’expérience secrète de Bluenerry", une adaptation libre de deux des meilleurs albums de la série, "La mine de l’Allemand perdu" et "Le Spectre aux balles d’Or". Les Editions Dargaud en profitent pour les rééditer en un beau livre grand format accompagné d’un cahier de seize pages consacré à la fois à la genèse de la série et au film (via une interview de Vincent Cassel, l’acteur qui interprète Blueberry, et Jan Kounen), comprenant également quelques hommages graphiques signés Marini, Boucq, Blain, Larcenet, Goossens et Munuera, qui dessinent le fameux anti-héros à leur manière.
Mais l’essentiel est plus loin : une centaine de pages de maestria graphique et scénaristique, de paysages somptueux, de scènes chocs et d’action sans le moindre temps mort, les rebondissements inattendus (pour l’époque) s’amenant toutes les dix cases. Les couleurs, malheureusement, ne sont pas à la hauteur, mais à l’époque, c’était monnaie courante et l’on a connu bien, bien pire encore.
(par Patrick Albray)
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