Les Mutants - Par P. Aubry - Les Arènes

Par Tristan MARTINE le 22 février 2016

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Un roman graphique touchant sur un peuple d’incompris : les adolescents.

Pauline Aubry a connu une adolescence difficile, enchaînant attitude rebelle envers ses parents et les institutions scolaires et crises d’angoisse qui lui firent passer de longs séjours aux urgences, notamment à l’hôpital Sainte-Barbe, seul lieu où elle se sentait à l’abri.

Une grosse dizaine d’années plus tard, devenue adulte, elle retourne à Sainte-Barbe, mais cette fois-ci dans le rôle de l’enseignante. Grâce à sa meilleure amie, pédopsychiatre à l’hôpital, elle a en effet réussi à créer un atelier de bande dessinée dans l’un des services de pédopsychiatries de l’hôpital. Cet atelier proposa à des adolescents de 12 à 15 ans de raconter leurs souvenirs, leur imagination en bande dessinée, et quelques-unes de leurs planches sont d’ailleurs reproduites à la fin de l’album.

Les Mutants - Par P. Aubry - Les Arènes

Cette bande dessinée, qui est le premier album de l’auteur, mélange BD-reportage et introspection autobiographique, dans un va-et-vient permanent entre ces ateliers et les adolescents qu’elle observe face à elle et le souvenir de l’adolescente qu’elle fut.

« Moi je ne sais pas dessiner… », dit l’un des adolescents. « C’est pas grave, l’important c’est de raconter », lui répond Pauline Aubry. Et de fait, c’est ce que l’on se dit en lisant ce roman graphique, au dessin globalement maladroit, mais qui sonne juste. Le trait est parfois brouillon et ne simplifie pas la lecture, elle-même grandement compliquée par la calligraphie. Mais on sent une vraie honnêteté dans le propos.

Outre l’émotion véhiculée, cet album est également très instructif. On apprend ainsi beaucoup du fonctionnement des unités de soin pédopsychiatrique, sur le mécanisme des TOC, sur les rituels des salles de garde, sur la douleur psychique des adolescents qui en arrivent à se scarifier, sur leurs relations à leurs parents, etc.

Les réflexions sont fines et intelligentes et, de manière plus générale, cette œuvre nous permet de nos replonger dans cette période si singulière qu’est l’adolescence, moment fondateur que l’on a pourtant tendance à refouler et à oublier.

Un album important pour la construction personnelle de son auteure, Pauline Aubry, et qui le sera également pour bon nombre d’adolescents et de parents d’adolescents désireux de mieux appréhender le monde mystérieux des « mutants ».

(par Tristan MARTINE)

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