L’événement est sans conteste la sortie en salle de l’adaptation à l’écran de la bande dessinée « Les petits ruisseaux » que Pascal Rabaté réalise lui-même. Déjà, la BD était un petit bijou de fantaisie et de justesse. « Avec humour et tendresse, le dessinateur angevin nous dépeint un univers qu’il connaît bien, celui des bords de la Loire pour la douceur de leurs couleurs et leurs lumières, celui des "petites gens" pour leur truculence et leur humanité, celui aussi d’histoires insolites et improbables. Pour faire bonne mesure, loin des super-héros en collants fluos et des héroïnes siliconées, Rabaté nous emmène dans le monde merveilleux du... troisième âge ! » écrivait dans nos pages notre collaborateur Patrice Gentihomme à propos d’un dessinateur dont vous pouvez lire l’interview également dans ces pages.
L’adaptation que l’auteur a faite de son propre travail est du même calibre. Un petit monument de poésie qui démontre que l’on n’a pas besoin de millions de dollars et d’effets spéciaux pour faire un bon film. Si Paul Léautaud a pu dire de Phèdre qu’elle était la tragédie du retour d’âge, Les petits ruisseaux montre que la vie ne s’arrêta pas à soixante ans, affectée par des problèmes de ménopause ou d’andropause, que l’amour peut refleurir après un veuvage ou une séparation en fin de vie. À la fois par le sujet et par la délicatesse de ses observations, Rabaté se hisse parmi nos grands créateurs qui, à l’instar d’une Marjane Satrapi, d’un Winschluss, d’un Joann Sfar ou d’un Riad Sattouf, savent appréhender les émotions de l’image sur tous les supports et sans complexe. Ce qu’il y a de fou, c’est que pour tous ces réalisateurs débutants, le succès est au rendez-vous. Un vrai phénomène.
Pilote, le journal pris dans la toile
Le journal Pilote le constate, d’ailleurs : la BD est devenue la nouvelle star du 7e art ! Gisèle de Haas qui coordonne ce numéro considère même que les auteurs de BD sont « les enfants de l’Art ». Au sommaire, des pages de Pétillon, Moebius, Vuillemin, Émile Bravo, Blutch ou Killofer où nos auteurs délirent sur leurs films fétiches, sur les BD adaptées, voire celles qui leur semblent improbables ou encore témoignent de la difficulté de la rencontre entre le 7e et le 9e Art. On remarquera la contribution remarquable et enjouée de Paul Pope
Regards croisés aussi, avec des réalisateurs comme Alain Chabat, Patrice Leconte avec les premières images du dessin animé du Chat du rabbin de Joann Sfar qui ont l’air, ma foi, bien séduisantes.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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