"Vous allez recommander ce bijou à tous vos amis, c’est une certitude. Deux conjoints si différents, pourtant plombés par les habitudes, vont remuer ciel et terre pour se retrouver, après un accident de pêche en mer. Et tout cela sans paroles. Absolument bouleversant et jubilatoire de bout en bout" écrivait David Taugis dans nos pages. Notre chroniqueur saluait la parution d’Un Océan d’amour de Wilfrid Lupano & Grégory Panaccione (Delcourt/Mirages) en des termes plus que chaleureux,
Le jury du 3e Prix FNAC n’a pas pensé autrement. L’enseigne qui se proclame "le premier libraire de France" a terminé par un hommage à cet album poétique, à contrepied de la tendance dépressive du moment, une cérémonie qui avait commencé par un hommage de circonstance à Charlie Hebdo. Un album qui figure, comme on s’y attend, sur la liste des nominés d’Angoulême.
La Lune est blanche d’Emmanuel & François Lepage reçoit, quant à lui, le Prix France Info BD d’actualité et de reportage. "En réalisant un album sur l’Antarctique, les Lepage abordent la question climatique au cœur des préoccupations écologiques et environnementales présentes dans l’actualité ces dernières années, écrivait Charles-Louis Detournay, toujours sur ActuaBD. Pour autant, cette problématique est évoquée simplement, au gré des rencontres et des événements, sans chercher à imposer une idée préconçue. Elle devient progressivement un élément du récit, au même titre que le Raid, les photos, l’éloignement familial ou la rencontre de l’autre, ce qui permet à La Lune est blanche d’offrir un kaléidoscope de sentiments complexes. [...] Pour les amateurs d’aventure et d’espaces inexplorés, La Lune est blanche est l’album incontournable de cette fin d’année !"
Enfin Irmina de Barbara Yelin (Actes Sud, L’An 2) est la lauréate du Prix Artemisia 2015 de la bande dessinée féminine. David Taugis : "Le style à la fois raffiné et abrupt de Barbara Yelin possède une vraie identité. Entre les décors qui n’apparaissent que lorsqu’ils sont indispensables et ses surprenantes doubles pages, l’émotion des visages est toujours juste. Sur le plan narratif, Yelin maîtrise constamment les interactions entre la grande histoire et les accidents de la vie qui secouent Irmina. [...] On n’est pas prêt d’oublier en tous cas un tel personnage de femme, à la fois forte et fiévreuse, résignée mais jamais défaite."
Eh oui, il y a un monde de la BD en dehors du Festival d’Angoulême, car deux de ces trois prix réparent quelque peu les oublis d’une sélection 2015 qui a du mal à faire le tri dans une production abondante et de qualité, laissant passer des livres qui auraient amplement mérité d’y figurer. Heureusement qu’il y a d’autres Prix de la BD !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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