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Les Prix du Festival International de la BD d’Angoulême 2017 : 66 titres en compétition

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 13 décembre 2016                      Lien  
Le prochain Festival International d’Angoulême aura lieu du 26 au 29 janvier 2017. 66 albums sont en compétition pour 9 récompenses. Comme pour les années précédentes, la sélection officielle répond à un jeu éminemment politique et la prime est traditionnellement donnée aux petits labels tout en essayant de donner le change aux grandes maisons d’éditions. Analyse.

Deux jurys de présélection distincts ont élu les titres nominés de la compétition officielle.

L’un, spécifiquement dédié au Fauve jeunesse était composé de Stéphane Beaujean, directeur artistique du FIBD, de la responsable du secteur jeunesse du FIBD Ezilda Tribot , des libraires Delphine Becaria (La Sardine à lire à Paris) et Johan Devaux (Librairie Nation à Paris), de la journaliste Juliette Salin (Le Monde des ados), de l’auteure et illustratrice Dorothée de Monfreid et du journaliste BoDoï.com Romain Galissot. Vous avez remarqué ? Trois femmes, trois hommes...

Ce premier jury a sorti 12 titres de son chapeau :

Les Prix du Festival International de la BD d'Angoulême 2017 : 66 titres en compétition Anders et la comète de Gregory Mackay (Hoochie Coochie)
- Ariol t.11 de Marc Boutavant et Emmanuel Guibert (BD Kids/Bayard)
- Dans la forêt sombre et mystérieuse de Winschluss (Gallimard)
- Hägar Dünor t.1 de Dik Browne (Urban Comics)
- Ichiko et Niko t.1 de Lunlun Yamamoto (Kana)
- La Jeunesse de Mickey de Tebo (Glénat)
- Kanerva de Petteri Tikkanen (Les Requins Marteaux)
- Louis parmi les Spectres de Isabelle Arsenault et Fanny Britt (La Pastèque)
- Musnet t.1 de Kickly (Dargaud)
- My Hero Academia t.1 de Kohei Horikushi (Ki-oon)
- Quatre sœurs t.3 de Cati Baur et Malika Ferdjouk (Rue de Sèvres)
- Roller Girl de Victoria Jamieson (404 éditions)

12 titres, 12 labels, même si certains (Kana, Urban, Dargaud) appartiennent au même groupe. Les lauréats de ce prix seront attribués par un jury d’écoliers de 8 à 12 ans d’Angoulême et de Poitiers.

Les fauves d’Angoulême s’apprêtent à dévorer la sélection de la production 2016
Photo : FIBD

Le jury officiel

L’autre jury, qui s’attribue la présélection des autres prix, était composé de Stéphane Beaujean à nouveau, des libraires – Guillaume Dumora (Le Monte en l’air à Paris) et Thi Nguyen (Au repaire des héros à Angers), des journalistes Romain Brethes (Le Point) et Anne-Claire Norot (Les Inrockuptibles), de la scénariste Valérie Mangin et du conseiller scientifique au Musée de la bande dessinée Jean-Pierre Mercier. Là, la parité n’est pas respectée : 4 contre trois. mais c’est pas mal quand même.

Avec un tel jury composé de libraires spécialisés, de journalistes et de supports de presse plutôt considérés comme élitistes et d’un éminent historien de la BD, il ne faut pas s’attendre à un choix orienté vers des produits de grande distribution. Seule l’auteure présente peut éventuellement peser sur un choix qui serait trop cryptique. Les négociations ont dû être dures.

La sélection officielle

Leur choix s’est porté sur 42 titres :

- L’Arabe du Futur t.3 de Riad Sattouf (Allary)
- Bitch Planet t.1 de Kelly Sue DeConnick et Valentine DeLandro (Glénat)
- Ce qu’il faut de terre à l’homme de Martin Veyron (Dargaud)
- Chiisakobé t.4 de Minetaro Mochizuki (Le Lézard Noir).
- Chronosquad t.1 de Gregory Panaccione et Giorgio Albertini (Delcourt)
- Chroquettes de Jean-Christophe Menu (Fluide Glacial)
- Coquelicots d’Irak de Brigitte Findakli et Lewis Trondheim (L’Association)
- Cul de Sac t.1 de Richard Thompson (Urban Comics)
- Le Dernier Assaut de Dominique Grange et Jacques Tardi (Casterman)
- Dressing de Michael DeForge (Atrabile)
- L’Essentiel des Gouines à Suivre de Alison Bechdel (Même pas mal)
- La Famille Fun de Benjamin Frish (çà et là)
- The Grocery t.4 d’Aurélien Ducoudray et Guillaume Singelin (Ankama)
- Hip Hop Family Tree t.1 de Ed Piskor (Papa Guede)
- Histoires croûtes d’Antoine Marchalot (Les Requins Marteaux)
- L’Homme qui tua Lucky Luke de Matthieu Bonhomme (Dargaud)
- Jupiter Legacy t.1 de Peter Doherty, Mark Millar et Frank Quitely (Panini)
- Kobane Calling de Zerocalcare (Cambourakis)
- Last Hero Inuyashiki t.6 de Hiroya Oku (Ki-oon)
- Lazarus t.4 de Greg Rucka et Michael Lark (Glénat)
- La Légèreté de Catherine Meurisse (Dargaud)
- Le Mari de mon frère t.1 de Gengoroh Tagama (Akata)
- Martha et Alan d’Emmanuel Guibert (L’Association)
- Mauvaises Filles d’Ancco (Cornélius)
- Megg, Mogg et Owl à Amsterdam de Simon Hanselmann (Misma)
- Les Ogres-Dieux t.2 de Bertrand Gatignol et Hubert (Soleil)
- Otto, l’Homme réécrit de Marc-Antoine Matthieu (Delcourt)
- Patience de Daniel Clowes (Cornélius)
- Paysages après la bataille de Philippe De Pierpont et Eric Lambé (Actes Sud BD - Frémok)
- Pelotes dans la fumée t.2 de Miroslav Sekulic-Struja (Actes Sud BD)
- Perceval de Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg (Le Lombard)
- Police Lunaire de Tom Gold (Editions 2024)
- Rat God de Richard Corben (Delirium)
- Le Remarquable et stupéfiant Monsieur Léotard de Eddie Campbell et Daniel Best (çà et là)
- Rocco et la Toison de Vincent Vanoli (L’Association)
- Saga t.6 de Brian K. Vaughan et Fiona Staples (Urban Comics)
- Shangri-La de Mathieu Bablet (Ankama)
- Stupor Mundi de Néjib (Gallimard)
- Sunny t.6 de Taiyou Matsumoto (Kana)
- Les Trois Fantômes de Tesla de Guilhem et Richard Marazano (Le Lombard)
- Tulipe de Sophie Guerrive (Editions 2024)
- Vivre à Frandisco de Marcel Schmitz et Thierry Van Hasselt (Frémok)

D’un point de vue statistique, on remarquera que 28 éditeurs sont représentés dont 12 sont à considérer comme des « éditeurs alternatifs », c’est-à-dire de toutes petites structures, quelquefois passées sous les radars des librairies et des médias, y compris comme le nôtre. Une forte proportion qui enjoint le consommateur à se tourner vers la librairie spécialisée plutôt que vers son Carrefour favori. Un choix très urbain aussi. Mais vous allez me dire, avec les libraires en ligne, cette topologie n’a plus vraiment de sens. Voire…

Les vainqueurs de l’année –Dargaud et L’Association, trois nominés chacun- reflètent bien ce grand écart. Comme les outsiders : Glénat, Delcourt, Le Lombard, Urban et Ankama ou Actes Sud qui font pendant, avec deux titres chacun, à çà & là, Cornélius, Frémok et 2024. En même temps, à part Papa Guede, Misma et Même pas mal, il y a un certain conservatisme dans les catalogues choisis qui ont souvent de la bouteille, comme Cornélius qui fête ses 25 ans cette année-ci. Cela dit, avec plus de 300 éditeurs de BD en France et un nombre restreint de place, difficile de faire autrement…

On peut s’étonner cependant aussi de revoir cette année encore un Riad Sattouf déjà largement distingué ces dernières années. Le jury a dû considérer que cette année son album est encore plus exceptionnel que dans les années précédentes… Idem pour les Tardi, Lewis Trondheim, Daniel Clowes, Corben, Jean-Christophe Menu et autres Lucky Luke. Mais peut-on les écarter pour autant dans une sélection officielle ?

Reste que les sagaces membres du jury ne passent pas à côté d’ouvrages que nous avons nous-mêmes salués : La Légèreté de Catherine Meurisse, Stupor Mundi de Néjib, Les Trois Fantômes de Tesla de Guilhem & Richard Marazano, Chroquettes de Jean-Christophe Menu ou encore Ce qu’il faut de terre à l’homme de Martin Veyron

Neuf prix

Ces prix seront ventilés sur cinq récompenses principales attribuées par un Grand Jury réuni pour le Festival et quatre accessoires :

-  Le Fauve d’Or – Prix du Meilleur Album. Il récompense le meilleur album de l’année, sans distinction de genre, de style ou d’origine géographique.
-  Fauve d’Angoulême – Prix Spécial du Jury. Ce prix récompense un ouvrage sur lequel le jury a souhaité attirer particulièrement l’attention du public, pour ses qualités narratives, graphiques et/ou pour l’originalité de ses choix.
-  Fauve d’Angoulême – Prix de la Série - Ce prix récompense une œuvre développée sur plusieurs volumes (à partir de trois), quel que soit le nombre total de volumes de la série.
-  Fauve d’Angoulême – Prix Révélation. Ce prix distingue l’œuvre d’un auteur en début de parcours artistique, dont la bibliographie professionnelle ne peut compter plus de trois ouvrages.
-  Le Fauve Patrimoine le dernier de ces prix et sort du choix de ces 42 titres. Il porte sur des titres réédités qui ont plus de vingt ans. Elle nous semble manquer d’un acteur important : les éditions Dupuis dont les Intégrales sont en général remarquables. Pourtant, Dupuis fait son grand retour au festival cette année...

Voici le choix du jury :
- Les Aventures de Red Rat t.1 de Johannes Van de Weert (Black Star Editions)

Posy Simmonds, présidente du Grand Jury

Un Grand Jury présidé par une femme

On se souvient du scandale de l’année dernière suite à l’absence de femmes dans les Grands Prix. Pour parer à cette critique, la présidence de ce jury est attribuée à une femme, l’autrice [1] britannique Posy Simmonds (Gemma Bovery, Tamara Drewe, Scènes de la vie littéraire) qui, soit dit en passant, entend et parle très bien le français.

Elle sera entourée de Marius Chapuis, journaliste à Libération, de l’écrivain Mathias Enard, de l’humoriste et actrice Nora Hamzawi, du scénariste de BD Jean-David Morvan, de la libraire Vo Song Nguyen (Millepages) et de la journaliste de Elle, Catherine Robin. 3 mecs, 3 filles, la parité est assuré, ouf ! Elles restent cependant largement minoritaires dans la sélection…

Les prix des sponsors

C’est un processus obligé : les sponsors (les communicants préfèrent le mot « partenaires ») qui soutiennent financièrement le FIBD sont attachés aux prix. Ils sont deux :

-  Le Fauve d’Angoulême – Prix du public Cultura (ne cherchez pas : ce n’est pas encore sur leur site est attribué au terme d’un vote du public sur Internet (site Cultura), et au sein de l’Espace Cultura pendant le Festival. Le public de Cultura, donc, élit son album préféré parmi 12 titres de la Sélection officielle préalablement sélectionnés par un comité de lecture composé de libraires de la chaîne de libraires Cultura.

-  La Sélection Polar / SNCF est dédiée à une littérature de genre. Sa distinction tient uniquement au sponsor, la SNCF, qui, par ailleurs, promeut un prix littéraire dans le même registre. On y retrouve la même volonté de promouvoir les petits labels. En voici la liste :

Dans l’ensemble, donc, la sélection 2017, comme chaque année depuis plusieurs années, s’emploie à donner une prime à la découverte et à soutenir la bande dessinée alternative. Comme les grands éditeurs ont les moyens de promouvoir leurs titres, on peut considérer que c’est une bonne chose et que le FIBD donne là aux petits labels les moyens d’obtenir une visibilité qu’ils n’auraient pu financer. Mais, en contrepartie, le « grand public » continuera sans doute à ne pas se reconnaître dans un choix qui leur passe souvent au dessus de la tête.

Il faudrait vous parler aussi des prix « Découvertes » : Les Prix du concours de la bande dessinée scolaire, le Prix Jeunes Talents, le Prix RévélatiONline et le Challenge digital, mais cela fera l’objet d’un autre article.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême – Du 26 au 29 janvier 2017

LE SITE DE L’EVENEMENT

Photos (sauf mention contraire) : D. Pasamonik (L’Agence BD)

[1Autrice ou auteure ? Le choix est laissé à l’intéressée. On ne dit pas « acteure », « créateure » ou « sénateure ». Le FIBD a donc choisi d’élire une autrice.

Angoulême 2017
 
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20 Messages :
  • amusant comme ans un paragraphe, vous sous-entendez que Menu ne farait partie de la sélection que parce qu’il a "la carte" (chère à JP Marielle), puis de souligner dans le paragraphe suivant comme faisant partie des ouvrages que vous avez salués :o)

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  • Merci pour cette synthèse. Mais qu’en est-il exactement cette année pour les "Grands Prix" ? Quelque chose a-t-il été annoncé ? Y aura-t-il toujours un auteur distingué ? Selon quel processus ?

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    • Répondu par Pirlouit le 14 décembre 2016 à  21:32 :

      Un nom au hasard, Dan Clowes, qui a un album dans la liste chez Cornélius et une expo, plus une vente chez Martel en février.

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  • Recruter de nouveaux lecteurs ne semble pas la priorité du Festival d’Angoulême , le phare médiatique de la BD, depuis un bon moment.Plutôt que d’accuser sans cesse la supposée surproduction il faudrait regarder de ce côté là pour cerner une partie des problèmes du milieu.
    Sous couvert de jouer la carte de la légitimation de la BD-pour quoi, pour qui ?-le FIBD joue surtout la carte de la sienne, de légitimation. Crédibilité et subventions oblige.

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    • Répondu par Sergio Salma le 16 décembre 2016 à  20:27 :

      Je ne pense pas que les jurys successifs soient dans l’envie de légitimation ; ils lisent ce qui se fait mais surtout ils décident d’une liste d’albums " remarquables" ; ils mettent donc en avant des livres, des auteurs un peu hors-normes sans pour autant nier les qualités du reste de la production. Si on vous demande à froid quels livres vous ont interpellé dernièrement, quel film, quel roman, vous aurez le réflexe de parler d’un objet relativement original. Ce sont ces œuvres-là qui se retrouvent sous le feu des projecteurs. Et si question de légitimation il y a , pourquoi pas. Il s’agit de consacrer des envies éditoriales un peu surprenantes, neuves. Il est induit qu’on récompense et mette en avant des démarches nouvelles. Et c’est bien la surproduction qui enveloppe le tout d’un flot de phénomènes. La créativité débordante n’est pas un défaut ; le souci est peut-être de sortir la moitié de ce foisonnement sur quelques semaines. Noël et Angoulême sont proches, ça ajoute à l’embouteillage. Un album sorti en février mars de l’année précédente est noyé dans l’avalanche et surtout oublié.

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      • Répondu par La plume occulte le 17 décembre 2016 à  12:35 :

        "Je ne pense pas que les jurys successifs soient dans l’envie de légitimation ".

        Je crois que si,la leur de légitimation.
        Imaginons que le dernier album Les blagues de Toto de Thierry Coppée soit le meilleur de l’année.C’est acquis,indéniable il a réalisé ce qui se fait de mieux dans l’année.Vous imaginez un seul jury ,malgré le fait que ce soit sans conteste le meilleur livre de l’année, le mettre dans sa présélection et le couronner ?Ben non,au-delà de ses ventes conséquentes qui pourrait servir d’excuses, pour une simple question de crédibilité,d’assise de leurs choix.Pour le reste,la légitimation réelle la BD l’attend toujours,au-delà des mirages réconfortants pour certains.D’ailleurs c’est pas impossible qu’elle s’en tape .

        "ils lisent ce qui se fait "
        Avec plus de 5OOO albums parus dans l’année dont une large majorité de nouveautés ça m’étonnerait.Mais bon.Je pense plutôt qu’ils procèdent à une première présélection à vue,bardée d ’a priori et présupposés.Un écrémage qui peut être ressenti comme un équarrissage.De fait,vu que ce sont toujours les mêmes qui sont primés-auteurs ou genres d’albums- c’est une réalité.

        "ils mettent donc en avant des livres, des auteurs un peu hors-normes sans pour autant nier les qualités du reste de la production."
        Ben non,puisque ce sont toujours les mêmes qui sont mis en avant on n’est plus hors-normes mais complètement dans la norme.Rien ne ressemble plus à une goutte d’eau qu’une autre goutte d’eau.Surtout si elle sort du même robinet.

        "Si on vous demande à froid quels livres vous ont interpellé dernièrement, quel film, quel roman, vous aurez le réflexe de parler d’un objet relativement original"
        Pas du tout,je n’ai jamais eu ce genre de réflexe que je rattache à une forme exacerbée de l’ego,voire un snobisme.Je n’ai jamais ressenti le besoin d’exister dans les yeux des autres.La qualité c’est la qualité.Elle est présente partout.Dans le même ordre d’idées il n’y a pas d’auteurs infaillibles.

        " Il s’agit de consacrer des envies éditoriales un peu surprenantes, neuves"
        Surprenante pour celui qui les découvre,seulement lui,un peu d’humilité est toujours bon.Quant au qualificatif neuf il faut redoutablement s’en méfier,à l’usage il tient rarement longtemps la route.
        "La créativité débordante n’est pas un défaut ;"
        Oui,tout le monde a le droit de s’exprimer.Tant il est vrai que les mauvais albums,qui encombrent,sont toujours ceux des autres.Encore une fois ce n’est pas la faute de la création si l’appareil commercial n’est pas -ou plus-à la hauteur de l’offre proposée.C’est dans ce domaine que "les envies éditoriales un peu surprenantes, neuves"seraient bienvenues .

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        • Répondu par Sergio Salma le 17 décembre 2016 à  22:23 :

          Pourquoi des membres du jury qui changent chaque année auraient—ils cette envie de légitimation ?! Angoulême n’est pas une entité qui surpassent les individus. Dans ce cas, comment est constitué le jury ? Par qui sont choisis les membres ?

          ils reçoivent les albums qu’on a bien voulu leur envoyer, le jury après ça va donner son avis sur ces livres. C’est plutôt votre obsession à vous, la légitimation d’Angoulême. A la 44e édition vous n’y croyez toujours pas ; vu qu’en plus, l’événement a complètement changé de statut, comme la bande dessinée a changé le sien. On est loin de cette volonté d ’être à la hauteur, y a bien longtemps qu’elle y est cette hauteur , suffit de voir les 10 derniers grands prix pour se rendre compte de la majesté des choix.

          Ceux qui y participent sont dans le bonheur d’être plongés dans la créativité , c’est passionnant cette ébullition même si c’est très chahuté. Vous imaginez une branche artistique peinarde ? Sans heurts, Qui tourne tranquille sans tensions ni danger ? Réveillez-vous. C’est vous qui remettez sans cesse le titre du festival en jeu. Quand à votre exemple Thierry Coppée que vous citez bien maladroitement , c’est bien la preuve que vous êtes bien dans le pur snobisme justement. Celui qui voudrait à tout prix envelopper la bande dessinée d’un voile contre-culturel qui vous enchante .

          Angoulême a dépassé ce stade depuis longtemps ; il n’y a que quelques quinquas un peu désabusés qui ont vu l’évolution qui grincent un peu, c’est normal. Bémols par ci, conseils de gestion à tout un secteur par là, ben dites donc. Un manque de recul évident et beaucoup de suffisance.

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          • Répondu par La plume occulte le 18 décembre 2016 à  01:41 :

            Relisez plus haut le passage sur les gouttes d’eau qui sortent du même robinet.

            Vous savez, si vous choisissez systématiquement la même pâte, de la compote et des pommes vous obtiendrez immanquablement une tarte aux pommes,toujours, y’a peu de chances que vous obteniez une pizza. On appelle ça la fatalité.

            Vous aimez toujours autant vous bercer d’illusions, pas grave, si ça vous tient chaud.
            Par contre vous avez vraiment du mal à dépasser votre réflexe "c’est-toi-qui-dit-qui-est" pas grave encore, l’inspiration reviendra.

            J’aime beaucoup Thierry Coppée, ce n’est pas lui que je prenais en exemple mais Les Blagues de Toto.Pas tout à fait pareil.Pour vous c’est de la contre-culture ? Oh oui, carrément même du punk !

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            • Répondu par Sergio Salma le 18 décembre 2016 à  10:35 :

              Soit. Je vous lirai dans vos prochaines réactions aux divers sujets, je regarderai comment vous multipliez vos angles de réflexion, et comment vous ne campez jamais sur vos positions, car bien entendu vous n’avez aucune conviction . Je vous lirai mais m’abstiendrai de réagir à mon tour, ouh là, vaut mieux pas avoir un avis contraire , de plus je n’ai aucune légitimité.Sinon pour les pommes et la pâte, même là je trouve que vous avez tort ; il y a 3000 tartes possibles.

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              • Répondu par La plume occulte le 18 décembre 2016 à  13:23 :

                Bien au contraire, continuez, c’est toujours un vrai plaisir de vous lire, c’est sincère.
                Il vous manque juste le sourire depuis un certain temps, qui vous empêche de saisir la part de jeu derrière tout ça.
                Pas grave encore, à la prochaine monsieur Salma.

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                • Répondu le 19 décembre 2016 à  07:30 :

                  Le FIBD est une entreprise commerciale. Sa remise des prix est un spectacle, un prétexte pour donner à ce festival un vernis de légitimité. Ce n’est qu’un festival régional qui se prétend international mais Angoulême, on ne peut pas dire que ce soit une ville cosmopolite à envergure internationale. À part ce festival, c’est une ville de province française en déclin depuis les années 70. Justement, le premier salon date de 1974. La bande dessinée existait déjà depuis des décennies et se portait très bien sans. Ce festival a existé parce que la bande dessinée existait et en 1974, elle se portait même très bien. Les prix et les critiques existent parce que les auteurs et les éditeurs publient des livres, jamais l’inverse. Un livre qui ne reçoit ni prix, ni critique existe quand même. Si le festival dépose son bilan un jour, la bande dessinée continuera d’exister. Cela vous donne une idée de la futilité de la chose.
                  Les ouvrages sont sélectionnés par un jury constitué de professionnels de la BD ou autres. Comment sont-ils sélectionnés ? Je l’ignore et peu importe. Il faut bien un jury. Ils sélectionnent des ouvrages qu’ils apprécient. Chacun fait sa liste, ils confrontent leur liste pour en sortir d’autres, une par catégorie, et ces listes seraient différentes si le jury était différent. Pas moins bonne ou meilleure, juste différente. Mais à partir de cette liste, tout le monde se met à y croire. C’est-à-dire : puisqu’on désigne ces albums comme les meilleurs, au début, pas mal de gens braillent mais au bout de quelques temps, comme les journalistes se concentrent dessus, ils deviennent les meilleurs. Ben oui, puisque le mensonge a été assez répété pour devenir la réalité. Et parmi ses meilleurs, dans une société ou la compétition est vue comme une valeur positive, il y forcément LE meilleur. Et le jury vote à nouveau pour dire c’est lui ou lui ou peut-être lui ou encore lui et puis non, on va dire que c’est lui. Mais en réalité peu importe, parce que le meilleur de quoi ? puisque les ouvrages de chaque liste ne se ressemblent pas. Les auteurs ne se concertent pas avant de faire leurs ouvrages pour se dire qu’ils vont faire des trucs qui se ressemblent dans le but qu’un jury les départage. Un auteur ne fait pas un livre pour obtenir un prix mais parce qu’ils a besoin de faire un livre et que ce livre plaise ou non ou puisse correspondre au goût d’un jury ou d’un critique, il n’y pense même pas. Donc, après votation, un livre est primé. Comme on a dit que c’était le meilleur, on donne une statuette en résine à son auteur et il y croit puisque son égo est flatté et son éditeur est content parce qu’il peut poser un autocollant sur l’ouvrage et communiquer pour espérer en vendre plus. Pour le libraire, peu importe le livre primé, ce qui compte pour lui aussi, c’est le autocollant pour faire vendre. Le FIBD est une entreprise commerciale et le seul intérêt d’un prix est là. Et un bon livre ne peut être primé nulle part, recevoir de mauvaises critiques et se vendre ou pas à la sortie mais s’il est vraiment bon, il finira par tracer sa route et rester dans les librairies et les bibliothèques et se vendre sur des décennies voire des siècles. Et un ouvrage de ce niveau, c’est un événement, pas de l’événementiel et ça n’a pas prix. Et si un ouvrage n’est pas bon, il aura au moins eu le mérite d’exister et peut-être été le point de départ pour un auteur d’en produire un autre bine meilleur.

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                  • Répondu par La plume occulte le 19 décembre 2016 à  16:16 :

                    C’est tout à fait ça, le FIBD est une entreprise commerciale qui assure sa survie économique en donnant le change avec divers artifices.Y’a pas de mal à ça , la disparition du festival ne serait une bonne affaire pour personne.

                    Cependant la BD est aussi un art commercial, c’est comme ça ,et le FIBD ne fait rien, on a même souvent l’impression du contraire, pour assurer la bonne santé économique du secteur. Le festival, le phare de la BD, joue plutôt la carte de sa prospérité, qui passe par sa crédibilité, sa légitimation, et tous les travers que cela induit au détriment de celle, prospérité,du monde de la BD.
                    Ça devient problématique.

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                    • Répondu le 19 décembre 2016 à  23:16 :

                      La BD n’est pas à proprement parler un Art commercial (comme la publicité, le design ou la mode). C’est un Art tout court. Le 9ème. Parce qu’il permet d’exprimer des émotions, des abstractions… impossibles avec d’autres arts. Par exemple, la façon de présenter le temps d’une action dans un même espace.

                      C’est son mode de diffusion et de distribution qu’il est commercial : l’édition. Et un auteur peut (et doit ?) faire évoluer cet Art en fonction de l’évolution (degré de compréhension et d’absorption) de son lectorat. En cela, l’auteur de BD peut aussi se révéler un habile commerçant ou spécialiste du marketing et complice de son éditeur. Hergé en est un parfait exemple. Que Tintin ait été un best-seller a contribué au développement de cet Art. Mais avec ce qui est primé à Angoulême, avons-nous toujours la certitude que le jury prenne conscience des spécificités particulières de cet Art ? Nous pouvons en douter car les jurys cèdent souvent aux modes et font l’impasse sur de véritables pépites. Une œuvre n’est pas obligatoirement originale parce qu’elle est élitiste.

                      Contentons-nous de ne pas oublier qu’un prix n’est jamais rien d’autre qu’en entreprise commerciale. Et dans le cas des prix du FIBD, c’est une évidence.

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                      • Répondu par La plume occulte le 20 décembre 2016 à  13:02 :

                        "La BD n’est pas à proprement parler un Art commercial (comme la publicité, le design ou la mode). C’est un Art tout court. Le 9ème. Parce qu’il permet d’exprimer des émotions, des abstractions… impossibles avec d’autres arts. Par exemple, la façon de présenter le temps d’une action dans un même espace."

                        Oui ,la BD est bien un art à part entière,on est d’accord.Mais c’est ,aussi,un art commercial,comme le cinéma.Cependant la BD n’est pas du cinéma,pas plus qu’elle n’est de la littérature -et on peut en rajouter sur la liste :-).

                        "l’auteur de BD peut aussi se révéler un habile commerçant ou spécialiste du marketing et complice de son éditeur"
                        C’est rien de le dire,ces 25 dernières années on a même vu que ça.Suivez mon regard.

                        "Mais avec ce qui est primé à Angoulême, avons-nous toujours la certitude que le jury prenne conscience des spécificités particulières de cet Art ? "

                        Excellente question.

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                      • Répondu par Sergio Salma le 20 décembre 2016 à  22:58 :

                        un prix une entreprise commerciale ?! Mais que voulez-vous dire ?

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                        • Répondu le 22 décembre 2016 à  10:10 :

                          C’est pourtant évident et je m’étonne qu’une intelligence comme la vôtre puisse s’en étonner.

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                          • Répondu par Sergio Salma le 22 décembre 2016 à  22:13 :

                            Franchement, vous êtes dans une torsion de la réalité ou alors ce sont les mots qui pour vous veulent dire autre chose que pour moi . Pour un éditeur , un prix reçu c’est tout bon, évidemment. Même dans la grande majorité des cas, ça ne sert à rien, en cause la logistique et le temps. Supposons qu’un album tiré à 5000 ex sorte en mai, quelques mois plus tard il est sur la liste des nominés. Imaginez un peu ce qui se passe... si c’est un titre suivi par l’éditeur qui lui doit gérer les albums en train de se faire et pour peu qu’il y ait (c’est un exemple) des tensions avec l’auteur, ça risque juste d’être une info agréable mais aucune mobilisation. On verra bien. Dans le meilleur des cas, OK, le livre est primé, disons même pour le meilleur album de l’année. S’il a été un succès jusque là, ça va conforter mais si l’éditeur n’a pas fait de retirage, s’il ne s’en occupe pas, prix ou pas prix, comment ça pourrait devenir "une opération commerciale" ? Les films, les livres hors-bédé, même les pièces de théâtre etc ...se retrouvent sur des listes ; de nombreux jurys, des revues, des émissions, des chaînes de radio, des organes de presse se constituent en jury pour décerner des prix ; des journalistes , des amateurs, des professionnels , tout le monde a le droit de choisir des albums et de les fêter à leur manière, les distinguer. Dans très peu de cas, ces jurys divers sont connectés avec des marchands ; bien entendu, la relation est évidente et tout le monde connaît un peu tout le monde ; recevoir certains prix c’est parfois assurer un petit coup de pouce , comment le nier . Mais c’est d’une certaine façon, un effet bénéfique ; ce n’est pas le but premier de la manœuvre ; ce but est de désigner un objet qui se détache des autres, qui est remarquable et donc auquel on a envie de décerner une récompense, une récompense qui entraîne des ventes. J’ai fait un petit sondage en demandant à l’un ou l’autre membre ou ex-membre du jury d’Angoulême ; ravis, flattés qu’on fasse appel à eux, ils auront un réflexe : mettre en avant des choses que vraiment ils aiment et n’ont pas la sensation de participer à une quelconque opération de légitimation ni une entreprise commerciale. Comme les discussions annuelles autour de la palme d’or à Cannes où le jury va discuter parfois âprement qui mérite cette distinction . Pensez-vous qu’à ce stade, il s’agisse d’une opération commerciale ? Bien sûr que le primé risque de voir de bons résultats mais là aussi il suffit de voir l’historique de tous les primés, tous genres confondus pour voir que souvent ça n’a que très peu d’influence. Quand ça en a , le Goncourt par exemple, il s’agit pourtant aussi d’autre chose que d’une opération commerciale. Il y a l’air du temps, la politique, les mœurs, les tensions internationales jouent un rôle, les humeurs, le climat...une batterie d’éléments qui influencent consciemment et inconsciemment les membres des jurys qui pourtant dans leur comportement individuel vont pourtant tous rester de simples lecteurs et lectrices. En quoi un membre du jury y gagne-t-il à donner sa voix à tel ou untel ? Angoulême parfois prime le courant le plus commercial et parfois prime le livre qui au final épate, séduit le plus la majorité du jury, et parfois c’est le même livre qui a ces 2 caractéristiques. Vous n’expliquez en rien en quoi c’est une opération commerciale parce que vous n’y connaissez rien. Avec évidemment en filigrane le fait que si le commerce s’en mêle il y a dérive ; pourtant Hergé , Goscinny sont les plus gros vendeurs et ils sont bien les maîtres absolus de cet art. Dans les autres commentaires , certains voient dans la bédé un art à part entière en opposition par exemple à la mode, c’est dire la profondeur de la réflexion. "Parce qu’on peut exprimer des sentiments "...ah ben oui, les autres créateurs sont juste des marchands , ils n’expriment rien , n’ont aucune sensibilité et in fine leur seul but, dans votre for intérieur aussi, c’est qu’ils veulent juste vendre leur soupe. Tant pis, je ne vous convaincrai pas mais j’essaie au moins de décrire ce que je crois être un jury , il y en a de toutes sortes. Votre seule réponse c’est la moquerie . C’est pas très fin . Donnez-moi des arguments et je réfléchirais à moduler mes impressions et même à revoir mes positions , pour l’instant je ne trouve en aucune manière que les prix sont avant tout des opérations commerciales.

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                            • Répondu par Pirlouit le 25 décembre 2016 à  11:12 :

                              Là, Sergio Salma a raison. Combien de livres de Mac Guire ont été vendus cette année, alors qu’il a eu un prix en janvier dernier ??

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  • Le prix SNCF
    15 décembre 2016 10:17, par Fred Poullet

    "promouvoir les petits labels", j’adore les petits labels : Dupuis, Dargaud, Glénat !

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  • Une petite précision concernant le Fauve Jeunesse... Les écoliers, collégiens et lycéens d’Angoulême et de l’Académie de Poitier participent aux prix des écoles, des collèges et des lycées. Ce sont des récompenses "satellites" qui ne sont pas mentionnées dans le palmarès officiel.
    Le Fauve Jeunesse est lui remis par un jury d’enfants sélectionnés parmi de nombreux candidats. Ils reçoivent les 12 titres de la sélection et ils se réussissent le premier jour du festival pour délibérer. Ils seront encadrés cette année par Benjamin Renner, l’auteur du Grand Méchant Renard, qui a remporté le prix l’an dernier.

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PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
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