Les Rendez-Vous de la BD de Quaregnon élargissent les (...)


Sergio Salma est l’invité d’honneur de l’édition 2013

En marge d’une exposition qui court le mois durant, la Maison Culturelle de Quaregnon organise ce samedi 18 mai 2013 une journée consacrée au 9e art sous toutes ses formes : Rencontres, débats, dédicaces, ateliers créatifs, découvertes audiovisuelles, bibliothèque, jeux,… L’idée est de faire apprécier la BD dans toute sa diversité, en destination du public le plus large, l’événement ayant vocation à s’élargir à d’autres disciplines comme le livre jeunesse ou le cinéma d’animation.

Morgan Di Salvia, co-organisateur nous en explique l’évolution : "Depuis 2006, la Maison Culturelle de Quaregnon organise très régulièrement des expositions consacrées au 9e art. Ce sont succédés à nos murs : Baru, Jean-Christophe Chauzy, Cossu, Yan Lindingre et Clovis. Cette longue implication nous vaut la sympathie et le respect de beaucoup d’auteurs. En 2011, nous avons eu envie de prolonger le plaisir de l’exposition avec une journée créative, ainsi sont nés Les Rendez-Vous BD. Nous sommes un Centre Culturel, notre mission est de faire découvrir la culture dans sa plus grande diversité. Il était du coup naturel de montrer la richesse de la bande dessinée et de déborder sur des disciplines connexes. Le banquet est plus appétissant comme ça ! Notre maître mot, c’est la convivialité."

Et il est vrai que le programme est large et varié ! Bien entendu, rencontre et dédicaces sont au rendez-vous, avec des auteurs tels que Flore Balthazar, Benjamin Benéteau, Muriel Blondeau, Michel Constant, Jean-Luc Cornette, Clovis, Gilles Dal, Diel, Jean-Luc Englebert, Benoît Feroumont, Philippe Foerster, Sacha Goerg, Frédéric Jannin, Jürg, Alain Mauricet, David Merveille, Philippe Moins, Christelle & Bertrand Pissavy-Yvernault, Pittau & Gervais, Max de Radiguès, Marzena Sowa, Sylvain Savoia et Arnaud Stouffs. On retrouve donc pèle-mèle des auteurs de récits populaire comme Michel Vaillant, des biographes de Spirou, des auteurs engagés ou de la nouvelle vague. De quoi ouvrir bien des voies différentes aux amateurs de bande dessinée.


On retrouve une première version de Marcinelle, parue en 1989 dans Tintin Reporter: Photo DR

"Notre but,confirme l’organisateur, c’est que les visiteurs ressortent des Rendez-Vous BD en ayant appris des choses. Que soit en rencontrant des auteurs, en écoutant une conférence, en lisant un album ou en regardant un film. On a toujours envie de revenir heureux d’un rendez-vous, n’est-ce pas ?"

Les Rendez-vous de la BD proposent également un grand marché de l’occasion centré sur le neuvième art, la découverte de fanzines et de blogs, un magasin de BD délocalisé spécialement pour l’événement, une bibliothèque ambulante et un espace numérique, la présentation de la réalisation d’un livre jeunesse, etc. De plus, l’Usine d’Images proposera aux apprentis cinéastes (à partir de 8 ans) à s’initier aux rudiments du film d’animation en une après-midi. Pour souligner cette activité, une projection du film Ernest et Célestine sera organisée, ainsi que celle de courts-métrages animés « Best of Anima ». Comme pour toutes les activités des Rendez-vous de la BD, ces projections seront gratuites.

Il y a également une table ronde avec des scénaristes de bande dessinée qui expliqueront leur métier, une conférence Christelle & Bertrand Pissavy-Yvernault sur La Véritable Histoire de Spirou, ainsi qu’un atelier créatif pour initier les plus et moins jeunes à la création de bande dessinée. Un des points d’orgue du week-end devrait être la concentration de Vespa, organisée en clin d’œil à l’album Marcinelle 1956 de Sergio Salma ! Le Vespa Club Mons-Borinage se réunira sur la Grand’Place de Quaregnon pour une photo-souvenir et une visite de la manifestation.


En 2011, c’est un rassemblement d’anciennes voitures qui avaient attiré le chaland, cette année, ce seront les Vespa, en référence à l’album de Sergio Salma.: Photo DR

"La clé de voûte des Rendez-Vous BD, c’est l’exposition "Marcinelle et autres histoires de charbonnages" consacrée au travail de Sergio Salma, continue l’organisateur. Sergio est de fait notre invité principal, on a conçu le programme en symbiose avec son parcours et son œuvre. Une grande partie des invités sont ses amis et/ou ses compagnons de route. On a veillé à représenter aussi les auteurs de notre région, à proposer une grande diversité de style et à tenir compte de l’actualité comme l’anniversaire de Spirou ou le magnifique film "Ernest & Célestine". Il y aussi des rencontres émouvantes : Philippe Moins, directeur artistique d’Anima, proposera une projection de courts-métrages internationaux. Or, il faut savoir que le père de Philippe avait défendu les parties civiles lors du procès de la catastrophe du Bois du Cazier, un dramatique accident dont il est question dans le dernier album de Sergio Salma. Philippe et Sergio ne s’étaient jamais rencontrés. On est heureux de faire le lien entre eux."

Invité de marque de ces Rendez-vous de la BD, Sergio Salma montre son enthousiasme : "Ces Rendez-vous de la BD me tiennent doublement à cœur : non seulement le Borinage est une région industrielle jumelle de celle de Charleroi, Liège et la La Louvière mais, en plus, j’y ai fait mes études de 1978 à 1982. J’ai aussi beaucoup d’amis qui habitent dans les environs, même de la famille du côté de la belle-famille de mon frère. Donc Mons et Quaregnon sont des villes vers lesquelles je reviens régulièrement. Et puis le sujet : charbon, mine, immigration... est toujours chargé d’émotion. Le Borinage est une région qui se situe à la frontière française : cela rappelle que les veines de charbon traversent les régions."


L’atelier créatif réunit petits et grands autour du dessin et de la bande dessinée

"Mon livre parle d’un univers, d’une atmosphère mais ce que Morgan propose ce sont deux choses : une expo évidemment à l’occasion d’un festival "classique" de bande dessinée ; avec des dédicaces, des auteurs, des animations etc... J’encourage toujours tout le monde à s’intéresser à tout. La bande dessinée traverse une période particulière, dévastatrice pour certains. Pourtant les auteurs sont nombreux encore et les opportunités sont à saisir. Ainsi, les blogs et fanzines sont époustouflants de créativité. Intéressant d’ailleurs de constater que l’éditeur à l’affût ne laisse pas passer un auteur dès lors que son travail peut s’adapter à l’humeur éditoriale-papier ; c’est un fabuleux lieu d’échanges ; et il faut être un peu distrait pour ne pas avoir suivi l’éclosion de nombreux magazines et revues numériques. Des dizaines d’auteurs travaillent désormais directement pour le web ; c’est toute une économie qui est en train de se mettre en place. Sans parler du crowdfunding."


Les pages sélectionnées sont emblématiques de la Belgique ouvrière des années 1950: Photo DR

Sergio Salma nous confirme également qu’après le succès de Marcinelle 1956, il désire continuer à explorer le sujet. "Cet univers est riche et je ne sais d’ailleurs pas pourquoi je n’y ai pas plongé plus tôt. Sans doute à cause des multiples travaux engagés depuis une vingtaine d’années mais également sans doute une espèce de pudeur qui m’empêchait d’explorer ces côtés autobiographiques. Marcinelle a été un déclencheur. En établissant le scénario, j’ai mis à jour des dizaines d’idées potentielles qui sont en train de prendre forme aujourd’hui. Il s’agit d’histoires isolées, pas à proprement parler une série, mais tout est relié. J’ai envie aussi que l’on puisse percevoir cette histoire autrement que sur la fibre sociologie voire ethnologique ; ce sont des aventures au quotidien, sans fusillade, ni poursuite, mais je peux assurer que ces gens étaient pourtant en danger de mort."

"Il me reste aussi l’envie d’aborder ce thème sur deux longueurs d’onde différentes. D’un côté une envie brute de raconter certains faits, tragiques ou drolatiques pour les adultes. Mais j’ai aussi une autre ambition : mettre en scène cet univers pour des lecteurs jeunes, faire non pas une œuvre didactique mais donner à lire des récits avec pour cadre un environnement social , politique, humain assez précis et qui soient captivants pour eux. "

"À lire l’histoire de la révolution industrielle, on est ému (en tout cas je le suis) par différentes époques : les charbonnages, l’acier, le verre, toutes les industries lourdes ont employé des hommes, des femmes , des enfants ; on peut envisager des récits qui se passent dans le Nord de la France mais aussi en Belgique, en Angleterre, au début du XXe siècle, mais aussi dans le siècle précédent. On pourrait adapter Germinal en bande dessinée, pourquoi pas ? La richesse des pays nommés s’est construite sur le labeur du peuple ; ces industries ont pratiquement disparu dans ces mêmes contrées . C’est ce monde disparu qui me touche. On est dans un domaine que l’on appelle l’archéologie industrielle, il y a des musées, des mémoriaux, des sites préservés ou reconstitués. C’est un domaine que je n’ai pas fini d’explorer."

Ces Rendez-vous de la BD devraient donc rassembler amateurs et connaisseurs dans un esprit de franche convivialité, comme le conclut l’organisateur : "Oui, c’est l’essence même de notre démarche. Un spécialiste trouvera son compte dans nos Rendez-Vous BD, mais un néophyte également. Peut-être que les visiteurs de notre manifestation ne lisent pas de bande dessinée le reste de l’année, mais ils savent qu’en participant à notre événement, ils auront accès à une belle sélection, variée et ouverte. En ce sens, ça me paraît réjouissant de voir se croiser dans un même espace des auteurs de fanzines, des bibliothécaires, des auteurs de BD, de livres jeunesse, des réalisateurs de dessins animés, etc. La tentation d’un festival BD, c’est de fonctionner en vase clos. Il nous a semblé qu’il était plus amusant d’ouvrir les fenêtres !"