Nous sommes dans le schéma classique de la série où Blutch et Chesterfiels doivent se déguiser malgré eux en pasteur et en pèlerin pour une "mission-action" en terres ennemies afin de décoincer une situation stratégique périlleuse.
Plus rien ne nous étonne dans cette histoire : ni le couplet antimilitariste, en particulier celui contre un état-major qui envoie sans conscience ses troupes au casse-pipe ; ni le duo comique Blutch-Chesterfield ; ni la brusque apparition au plus mauvais moment de la Nemesis de nos héros, Cancrelat.
La seule bonne surprise reste l’apparition d’un homme d’Église qui s’avère commander une batterie de canons portant le nom des Évangélistes Matthieu, Marc, Luc et Jean. Même si ces armements ont bien existé dans la réalité, l’argument est un peu mince pour faire de cet épisode un des grands albums de la saga. L’auteur aurait peut-être pu creuser la complexité religieuse de cette nation dont la devise est "In God We Trust" et effleurer le débat idéologique et même théologique qui partagea le Nord et le Sud sur le statut des Noirs. Si Spirou naguère n’était pas le lieu d’un tel débat, nous pensons qu’il est aujourd’hui possible, surtout que, dans la collection, un album comme Captain Nepel (N°35) n’avait pas hésité à aborder un sujet comme celui de l’extrémisme politique.
On est en revanche toujours séduit pas la constance de qualité du dessin de Willy Lambil qui continue à produire au rythme d’un album par an. Depuis 1972, ça fait un sacré bail !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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