Le lectorat de bande dessinée vieillit, on le sait, et les personnages des bandes dessinées semblent suivre la même voie. Mais à ce point ! Qui eut pu l’anticiper ? Antoine, Pierrot et Émile, le trio de septuagénaires le plus célèbre de la bande dessinée franco-belge, revient pour notre plus grand plaisir.
Le premier tome de la série avait été l’une des très bonnes surprises de 2014 et l’un des grands succès de l’année, obtenant le prix des librairies de BD en 2014 et le prix du public à Angoulême en 2015. Ce nouveau volume, à l’exception de sa couverture, aussi inintéressante et disgracieuse que cet album est agréable et élégant, est un bon cru.
Au début de cette aventure, la situation de nos trois vieux héros n’est guère brillante : Pierrot déguisé en abeille se fait arrêter par la police en pleine attaque militante contre des représentants du lobby des insecticides, Antoine gère sa petite-fille dont la maison prend l’eau, tandis qu’Émile fait une attaque et se retrouve à l’hôpital.
Finalement, des histoires datant des années 1950 ressurgissent en la personne de Berthe, la vieille fille voisine, prise pour une folle furieuse par tout le village depuis plus d’un demi-siècle et détestée par Antoine et Pierrot, ce que Sophie ne comprend pas et cherche à élucider. Le passé refait également surface avec un anglophone unijambiste et estropié, à la tête de pirate, qui débarque dans le village des septuagénaires en cherchant « Arbignac le biouche » : et voilà comment nos trois mousquetaires deviennent un quarteron d’antimilitaristes à la retraite.
L’histoire n’est pas franchement palpitante, pas non plus totalement terminée d’ailleurs, et l’on attend avec impatience le prochain volume. Car peu importe l’intrigue finalement. Si l’on aime tant Les Vieux Fourneaux, c’est avant tout pour son langage truculent aux accents audiardesques, son ton délicatement anar, ses situations cocasses, la mise en scène efficace de Wilfrid Lupano et le dessin anguleux de Paul Cauuet, vif et nerveux, qui transmet une véritable émotion.
Une histoire de « vieux cons de gauchos préhistoriques » qui plaira à tous les jeunes cons de gauchos contemporains, et mêmes aux autres !
(par Tristan MARTINE)
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