Il fut un temps pas si lointain, celui d’un "irréductible Gaulois", où les auteurs de bande dessinée ne savaient comment représenter la Gaule. "Pour le premier épisode qui se passait à Rome, racontait René Goscinny, j’ai puisé dans La Vie quotidienne à Rome de Carcopino, qui m’a fait savoir, quand il a lu l’album, que ma documentation était excellente : Il a reconnu la sienne…" [1]
Par un effet de retour, les archéologues se sont posés, en lisant ces BD, des questions qui n’étaient alors pas centrales dans leurs recherches, avec une accuité bien plus accrue : comment les Gaulois vivaient-ils ?, comment s’habillaient-ils ?, que mangeaient-ils ?... Du coup, la représentation des Gaulois changea, entre la fabrication nationaliste de la IIIe République et le profil un peu plus complexe qu’on leur prête aujourd’hui.
Consacrer un album à Alésia n’est pas si facile. D’abord parce que le lieu même est encore sujet à controverse. Du fameux oppidum, il ne reste rien. Ensuite parce que en ce qui concerne les sources, on a surtout le récit de César, rapports d’opérations faits au Sénat dont le but est quand même de se mettre en valeur. Mais raconter l’histoire, c’est faire des choix et Pascal Davoz a su les faire de façon conséquente, appuyé, cela se lit, sur une bonne documentation.
Bien sûr, il subsiste quelques clichés de l’histoire romaine classique (il ne peut s’empêcher de faire dire à César : "mon fils" à l’endroit de Brutus et la reddition de Vercingétorix est conforme aux images d’Épinal) ; bien sûr les casques d’apparat et les ornements celtes sont presque trop beaux pour être vrais ; mais cette bande dessinée n’a pas d’autre prétention que d’inviter le lecteur à l’Histoire, comme le faisaient jadis nos bons vieux Oncle Paul.
À ce titre, l’objectif est atteint.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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