Golo est de la génération qui se partageait entre les pages d’(A Suivre) et les prestigieux albums Futuropolis de Robial & Cestac. S’il n’a jamais vendu des brouettes d’albums, il demeure un auteur marquant du genre « noir » en BD : ses albums écrits par Frank (Les noces d’argot, La variante du dragon,…), sont des incontournables parmi les polars parus dans les années 1980. Son trait rond évoque le style de Tardi, chef de file de cette génération, mais Golo s’en éloigne sur le fond. Moins misanthrope que le grand Jacques, Golo conserve une certaine foi en l’humanité qui guide ses récits sur l’Égypte. Futuropolis réédite Mendiants et orgueilleux et publie la première partie de Mes mille et nuits au Caire, récit à la première personne sur son pays d’adoption.
Loin de l’Égypte des pharaons et ses passages obligés par l’aventure, Le Caire que raconte Golo est une métropole grouillante, où les fez dépassent de la foule et s’agitent dans un flot continu. On sent la matière du travail et l’observation minutieuse. Les rencontres que fait l’auteur lors de ses premiers voyages en Égypte sont fondatrices de son amour pour ce pays et plus particulièrement sa capitale. Dans Mes mille et une nuits au Caire, il établit une photographie de l’histoire récente de la grande cité égyptienne.
Hélas, c’est le lot de beaucoup de travaux de mémoire, cet album est très dense, et comporte des longueurs. Toutefois, les chroniques de Golo ont un caractère de témoignage assez extraordinaire. On pointera également la grande qualité des séquences invoquant la mythologie moyenne orientale. Mais outre ses rencontres de voyage, Golo a également un « père d’Égypte » en la personne d’Albert Cossery.
Cossery, écrivain égyptien né en 1913 et décédé en 2008, est notamment l’auteur du roman Mendiants et orgueilleux, adapté en bande dessinée par Golo en 1991. Ce roman noir dans les quartiers pauvres du Caire a enflammé la curiosité du dessinateur et l’a poussé à découvrir l’envers du décor de cette mégapole. Et c’est peut-être finalement dans la fiction que Golo arrive le mieux à restituer la vie cairote.
Chaleureuse et passionnée, l’œuvre de Golo se voit remise en avant par la publication simultanée de ces deux livres.
(par Morgan Di Salvia)
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