Cela faisait plaisir jeudi dernier de voir les deux amis réunis à l’occasion du vernissage de l’exposition Smoke and Mirrors, la dernière collaboration entre l’écrivain à succès Neil Gaiman (Neverwhere, Stardust, American Gods, Coraline...), venu de New York, et le fabuleux illustrateur britannique Dave McKean (Violent Cases, Cages, Batman : Arkham Asylum...), venu pour sa part de Londres, autour d’un texte datant de 1998 publié en français sous le titre Miroirs et fumée au Diable Vauvert en 2000, dont on espère que cette version graphique sera reproduite prochainement en France.
Issu de la génération de créateurs britanniques dont fait partie notamment Alan Moore, son mentor, Neil Gaiman a depuis longtemps partie liée avec la bande dessinée puisqu’il est le créateur de la remarquable série The Sandman, épine dorsale de la collection Vertigo de DC Comics, dont les couvertures sont assurées par Dave McKean, mais aussi de nombreux comics multiprimés par des Eisner Awards : The Eternals inspiré par Jack Kirby avec John Romita Jr, Angela avec Greg Capullo, La vie n’a pas de prix et Le Choix d’une vie avec Chris Bachalo, Coraline avec P. Craig Russel... Plusieurs de ses romans ont été adaptés en comics.
Sa relation avec Dave McKean est ancienne et fidèle : les BD Violent Cases, Black Orchid (Orchidée noire), La Comédie tragique ou la Tragique Comédie de Mr. Punch ou les contes pour enfants illustrés Le Jour où j’ai échangé mon père contre deux poisson rouges ou Des Loups dans les murs... Sans parler des couvertures de Sandman qui sont pour beaucoup dans l’identité de cette série.
Aux cimaises, les magnifiques travaux de Dave McKean, de petits et de grands formats, avec son style qui est une sorte de rêverie entre la Sécession viennoise et Francis Bacon, traversée d’influences fantastiques tordues et convulsives typiquement anglaises qui font le charme d’Aubrey Beardley ou d’Arthur Rackham.
Cette rencontre dont profite la galerie Martel est favorisée par la publication dans quelques jours du nouveau roman de Neil Gaiman : L’Océan au bout du chemin (Au Diable Vauvert, traduction de Patrick Marcel). Ses fans ont pu le rencontrer jeudi et pourront faire signer leurs ouvrages aujourd’hui après midi à la Galerie Martel. "C’est possible à Paris, mais cela n’aurait pas été possible à New York, s’amuse Neil Gaiman. Il aurait fallu mettre en place un service d’ordre."
L’éditrice de Gaiman en France, Marion Mazauric, fondatrice des éditions Le Diable Vauvert, en a profité pour publier le texte de la conférence-manifeste que Gaiman a donnée à la Reading Agency à Londres et qui est un appel vibrant pour la défense du livre : Pourquoi notre futur dépend des bibliothèques, de la lecture et de l’imagination (Diable Vauvert). "Nous avons tiré une version gratuite à 14 000 exemplaires pour les bibliothécaires et les libraires. Nous en ferons une version à un euro car c’est un texte qu’il faut absolument lire" nous dit-elle.
Il y invite à laisser l’enfant vagabonder dans ses lectures, sans chercher à le diriger vers les "bons livres". Et de citer Tolkien : "Les seules personnes qui dénoncent l’évasion sont les geôliers."
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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