Voici le texte intégral de la lettre
« à Serge July, Directeur du journal « Libération »
Ivry-sur-Seine, Vendredi 16 janvier 2004
Cher Monsieur,
Je vous écris relativement à l’affaire qui nous oppose, concernant la «
critique » de Willem dans votre journal. « Critique » concernant mon album «
Social Fiction » publié il y a quelques mois aux éditions Vertige Graphic.
Je ne reviendrai pas sur les épisodes de cette affaire et vous savez très
certainement que la justice m’a donnée tort et me condamne à payer vos frais
de procédure, soit 1000 euros (que je n’ai pas).
J’ai engagé cette action avec une certaine naïveté, pensant que le « droit
de réponse » n’était pas applicable qu’en théorie, mais aussi en pratique.
Depuis, j’ai dû déchanter. Visiblement les libertés de la presse passent
avant celles des simples citoyens, même si la dite presse et ses
journalistes en abusent parfois, et il me semble que ce fut le cas
concernant Willem.
Pour tous ceux qui l’ont lu ce texte apparaît comme partial, désinvolte,
méprisant, misogyne et malhonnête intellectuellement, (voir mes précédents
courriers).
Malgré cela la justice ne me rend pas justice, mais au contraire, me
pénalise ajoutant l’iniquité à l’iniquité, le mépris au mépris.
Je me retourne donc vers vous, et me permets de vous interpeller, car votre
responsabilité morale est concernée dans cette affaire me semble t-il.
Je vous demande, avec force, de bien vouloir vous pencher à nouveau sur ce
problème, aussi dérisoire vous paraît-il, et d’examiner mes arguments avec
un peu de sérieux. Il me semble que la bassesse de l’article de Willem
devrait finir par vous apparaître, et que, considérant cela, vous prendriez
vous même en charge les frais de la procédure, ce qui serait une manière
élégante d’assumer ce dérapage et cette mise en cause de mon travail et de
ma personne. Travail qui bénéficie tout de même d’une certaine estime,
puisque je viens d’être nominée « prix du patrimoine » par un jury (unanime)
d’Angoulême, et cela grâce à la publication de « Social Fiction », tellement méprisé par votre chroniqueur.
En comptant sur votre compréhension (être femme dessinatrice au pays des
machos de la bd et du dessin de presse, n’est pas tous les jours chose
facile), et sur votre sens de la justice, puisque la justice semble parfois
manquer de sens.
Bien à vous.
Chantal Montellier
PS : Je me permets de vous rappeler que j’avais avant de prendre un avocat,
tenter une approche pacifique voire amicale, à laquelle je n’ai pas eu de
réponse. »
La dessinatrice de Julie Bristol a accompagné cette copie de sa lettre par ce mot :
« Pas de réponse de Serge July, dont la secrétaire prétend que je l’ai
"insultée" au téléphone, ce qui est faux. Le seul mot "grossier", de son
point de vue, que j’aie employé est le mot "oignon" : "je sais que ce ne sont
pas vos oignons". Elle a eu l’air offusquée !!! (c’est dire). Je ne suis pas
quelqu’un qui insulte.
Il va donc me falloir payer... Help ! »
Alors qu’à l’occasion du Festival d’Angoulême, Libération publie un numéro entièrement illustré par des auteurs de BD, son rédacteur-en-chef calmera-t-il le jeu en renonçant d’accabler un auteur de BD dont la carrière a toujours été marquée à gauche ?
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(par Xavier Mouton-Dubosc)
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