C’est sûr que, comparé au Japan Expo de Bruxelles, la dimension n’est pas la même : c’est dans le joli gymnase de la place Sébastopol que ce tient cet évènement qui, s’il a bien communiqué (une page dans La Voix du Nord et un buzz intensif sur les sites dédiés au comic-book) a encore du chemin à faire pour la signalisation.
Mais l’ambiance est sympa, tous les amoureux du comics se retrouvent : des Nordistes, des Parisiens, des Belges… 2 000 visiteurs sont attendus pour un rassemblement, exceptionnel cette année, de 42 auteurs venus d’outre-manche ou d’outre-Atlantique.
Les stands sont pour la plupart tenus par de revendeurs de bande dessinée américaine. Ils occupent le rez-de-chaussée avec les têtes d’affiche tandis que l’étage offre une coursive où l’on trouve bon nombre de fanzines et d’auteurs un peu moins réputés. Sur les deux niveaux, les amateurs font la file sagement.
Dédicaces payantes
Ce qui frappe l’observateur peu au fait des mœurs des conventions étasuniennes, c’est que les dédicaces sont payantes. Rassurez-vous : si vous vous êtes acquitté du tarif d’entrée (4 euros) vous recevrez une petite sérigraphie et un ticket donnant le droit d’obtenir un dessin de votre auteur favori.
Mais si vous en voulez plus, c’est tarifé. Par exemple : une tête au marqueur : 15 euros ; un personnage en plan moyen : 40 euros ; une tête en couleur : 45 euros ; un buste en couleurs : 85 euros ; Un personnage en pied en couleurs sur un A3, c’est 250 euros. Pour une « big star », cela peut faire plus. On appelle cela des « commissions ».
« Les organisateurs nous paient le voyage, le resto et l’hébergement, nous explique l’un de ces auteurs. En échange, nous donnons les dédicaces gratuites. Mais si l’amateur en veut plus, c’est payant, c’est bien normal, car c’est du boulot ! Cela devient intéressant de venir dans ce type de festival car, outre le fait de voir du pays, cela nous rapporte à peu près le double de ce que nous est payé une page de BD. On se débrouille donc pour faire quelques festivals dans les périodes où l’on a peu de commandes. » Ces tarifs et ces méthodes sont très bien intégrés et acceptés par les fans.
Voilà qui devrait faire réfléchir nos auteurs franco-belges. Car, après tout, on en voit qui passent du temps sur des dessins chiadés sans aucun retour financier et dont le travail se retrouve sur Ebay quelques temps plus tard. Il n’y a aucune raison que l’artiste n’en profite pas, après tout. Certains trouveraient là un moyen de nouer les deux bouts en temps de vache maigre. Ce système pourrait s’instaurer sans problème, que ce soit en festival ou dans les boutiques. Ce serait juste, les auteurs s’y retrouveraient et n’auraient aucune aigreur à voir leurs dessins boursicotés dans les sites en ligne.
Il y a parfois de grands enseignements à tirer des petits festivals...
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Le Lille comics festival se tient jusque Dimanche, à Lille dans la salle Le Gymnase, place Sébastopol.
Photos : Didier Pasamonik (L’Agence BD)
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