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Lindingre : « Il n’y a que Sarkozy pour croire encore au travail ! ».

Par Nicolas Anspach le 19 juillet 2007                      Lien  
Dans son dernier album, Lindingre met en scène Martine, une jeune femme qui vit avec Bouffy, son petit frère. Ils connaissent une jeunesse autant oisive que paresseuse, où le sexe, la nourriture et l’alcool, rythment exagérément le quotidien. Adepte de l’humour trash, Lindingre n’en est pas moins provocant. Rencontre.

Comment est née Titine, cette jeune femme habituée aux quatre-cents coups, vivant dans un milieu des plus modeste ?

Grâce à Martine, les albums destinés aux jeunes enfants. Après Martine à la Plage et Martine à l’Ecole, pourquoi ne pas créer « Martine au Bistrot ». Dans ces livres pour la jeunesse, on ne voit jamais les parents. Et puis, les enfants y sont totalement asservis : Martine fait la vaisselle et nettoie la maison. … Je voulais rendre à Martine sa liberté !

Lindingre : « Il n'y a que Sarkozy pour croire encore au travail ! ».Du coup, Titine pèse cent-vingt kilos et va au bistrot…

Mes personnages ne sont pas vraiment des humains. Je ne connais d’ailleurs pas leurs poids. Je dessine le rêve de n’importe quelle petite fille : celui de s’émanciper, de rester toute sa vie avec son chien et son frère, et vivre du RMI. Les parents de Titine sont décédés, et je laisse imaginer qu’ils ont touché un héritage. Ces deux sources de revenus leurs permettent de vivre sans travailler. Elle est un peu dans le même cas que Paris Hilton ! Tintine ne pense qu’à boire et faire la fête !

Titine se repoudre-t-elle le nez ?

La poudre n’est arrivée jusqu’à elle ! Tintine a compris qu’elle peut s’amuser en buvant du picon-bière. C’est un grand message pour les jeunes d’aujourd’hui : Ils peuvent rigoler en buvant de l’alcool, sans avoir besoin de toucher à la drogue. On peut s’évader avec du picon-bière. Pas besoin, donc, de sombrer dans l’américanisme, et de boire de la Corona ou de snifer de la cocaïne...

Vous ne faites pas une ode au travail, à la vie saine...

Mais qui croit au travail ? Il n’y a plus que Sarkozy pour croire en cela ! Une partie de la population, de plus importante, vit du RMI et des jeux de hasard.

En tant qu’artiste, n’avez-vous pas un rôle à jouer pour prévenir de ces dangers ?

Mais bien sûr. Nous devons éclairer le peuple, et lui faire connaitre la vérité. Elle est si simple : il n’y a plus de boulot. Il faut donc profiter au maximum du RMI, et retourner dans les bistrots. Il faut aider les gens qui vivent de cette profession. De plus en plus de bistrots ferment en Belgique et en France. Dans mon patelin, cinq ou six ans avant ma naissance, il y avait cinquante bistrots. Quand, j’ai eu quatorze ans, j’en ai dénombré une vingtaine. Et à l’heure actuelle, il n’y en a plus que dix… C’est un drame national !

Le café représente aussi un lieu où des personnes de milieux différents peuvent dialoguer.

Bien sûr. La tradition orale est quelque chose de très important. Les médicaments et la télévision nous ont coupé de tout cela. Il suffit d’aller chez le médecin pour avoir des comprimés pour aller mieux. Dans le temps, on picolait ensemble et on s’amusait !

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Lindingre sur actuabd.com, c’est aussi les chroniques de :

- Titine au bistrot ;
- Jeunesse de France ;
- Chez Francisque (avec Manu Larcenet) ;
- Petite Nature (avec Chauzy et Zep).

Illustration (c) Lindingre & Fluide Glacial.
Photo en médaillon (c) Nicolas Anspach

 
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