Impossible à gérer, notre Joséphine ? Le bilan apparaît bien lourd, lorsque Valérie doit la prendre en charge : la vieille dame mange à peine, communique très peu avec les aides à domicile, et semble irrémédiablement coupée du monde. Il faudra une patience à toute épreuve, et un esprit d’initiative affirmé pour amorcer la relation.
Et les progrès arrivent. Joséphine va mieux, s’ouvre un peu. Pour autant, sa santé vacille toujours, et rares sont les moments ou elle a les idées claires. Mais encore et toujours, Valérie l’infirmière remonte au front...
Ce thème de la maladie, La boîte à bulles l’a plusieurs fois abordé. De grandes réussites comme Journal d’une bipolaire en témoignent. Le sujet pourrait sembler purement descriptif, mais Valérie Villieu, qui raconte ici son expérience, y insuffle un humanisme prenant.
Et surtout, le portrait de Joséphine bénéficie du dessin mouvant de Raphaël Sarfati. Il a choisi de bousculer ses planches, de jongler avec les lignes pour illustrer les différents états de la malade. Le décor s’envole, les personnages glissent hors du cadre, la réalité croise le fer avec de régulières phases d’incohérence... Pour mieux montrer les terribles pertes de conscience de Joséphine, les séquences alternent entre scènes muettes quasi-oniriques et intérieurs très dialogués emplis de tendresse et d’attention.
Au-delà de l’émotion qui se dégage de bout en bout, une vraie révélation sur l’apport personnel des soignants dans le traitement des pathologies critiques.
(par David TAUGIS)
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