Co-fondateur du groupe italien Valvoline, Lorenzo Mattotti a marqué l’histoire de la bande dessinée avec "Fuochi" (Feux, 1984). Depuis, il n’a jamais quitté vraiment le 9e Art mais il a bâti à côté une œuvre considérable d’illustrateur dans les domaines aussi divers que le livre illustré pour enfants, l’affiche, le dessin animé, la presse magazine...
Les éditions italiennes Logos ont eu l’idée de rassembler ces travaux par thématiques. Ce volume "Works - Mode" (Ed. Casterman) rassemble ceux réalisés pour un domaine qui lui va à merveille : l’industrie du chic.
La mode est, comme la bande dessinée, l’un de ces arts précieux du motif. Chez Mattotti, celui-ci est récurrent : drapés alambiqués, corps sculpturaux et massifs tordus comme des flammes, appels de note aux arts premiers, au japonisme, au fauvisme, au futurisme, au cubisme, à l’expressionnisme... Mouvements artistiques désuets, sauf dans cet "art mineur" qu’est l’illustration.
Dans cette galerie d’anecdotes hiératiques, il y a le rituel du fond pastel où quelques tons unis dialoguent en harmonie. Arrive le sujet et son regard oblique (il se sait observé). À la façon de Zarathoustra, il s’avance comme un danseur : "Son œil est limpide et sur sa lèvre ne se creuse aucun pli de dégoût." Ses habits sont des oriflammes, les couleurs scintillent, et les couleurs sont un domaine où Mattotti excelle.
Le dessinateur, avec une exquise politesse, invite l’œil à suivre ses arabesques, à s’attarder sur un détail, à apprécier le rendu inédit d’une matière... Une ballade enchanteresse.
Au bout de quelques pages, un crayonné préparatoire où le dessin offre toute la vérité de son vibrato. Une émotion nue.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.