Forte d’une large documentation socio-économique à travers les âges en Asie et au Moyen Orient, Tomomi Sumiyama nous dépeint une civilisation - le royaume de Shardao - régie par des castes, allant du rebut de la société, les "Gathiya", jusqu’aux dirigeants, en passant par le clergé et les commerçants. À l’instar de ce que l’on peut encore apercevoir aujourd’hui en Inde, ces castes sont énormément codifiées, et les Gathiya, comme les intouchables hindous sont mal vus et rejetés.
C’est dans cet univers, que nous pourrions situer à une époque proche du début du siècle, avec encore néanmoins des peuplades archaïques, que notre histoire se déroule. Deux jeunes garçons que tout oppose, se rencontrent et deviennent amis. Mais que leur est-il arrivé pour que l’un quitte son statut de riche noble, pour devenir une sorte de shaman dans un village isolé, et que l’autre se transforme en farouche rebelle contre la politique en place ?
C’est ce que l’autrice nous invite à découvrir par le biais d’un scénario bien ficelé, pour lequel on sent toute l’implication de Tomomi Sumiyama. Elle donne une base solide à cette civilisation, à défaut d’en créer une de toute pièce, avec un trait graphique précis, travaillé jusqu’au moindre détail expressif, vivant et percutant.
Voici un excellent tome d’introduction pour Lost Children, qui présage une suite palpitante.
(par Marc Vandermeer)
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