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Luc Besson : « Le film d’Adèle Blanc-Sec est un cadeau au public »

Par Charles-Louis Detournay le 12 avril 2010                      Lien  
Cinéaste incontournable, Luc Besson est revenu à la réalisation pour adapter Adèle Blanc-Sec, la célèbre série de Tardi. Il nous explique les liens entre BD et cinéma, et nous annonce la prochaine adaptation de Valérian, de Christin & Mezières.

En 2006, vous aviez expliqué que les aventures d’Arthur et les Minimoys seraient vos dernières réalisations. Est-ce que c’est le challenge d’adapter Adèle Blanc-Sec qui vous a donné envie de reprendre la caméra ?

Après trente ans de bons et loyaux services, j’étais surtout très fatigué, et c’est pour cela que je voulais arrêter de réaliser. Par exemple, j’avais pris cinq de jours de vacances entre la fin du Cinquième élément et le début de Jeanne d’Arc. Cela m’a donc surtout fait beaucoup de bien de pouvoir le dire, et de laisser le temps faire son œuvre. J’ai continué à travailler pour le cinéma en écrivant et en produisant, attendant que l’envie revienne progressivement sans vraiment être certain que cela serait le cas. Puis, j’ai commencé à écrire Adèle Blanc-Sec et je suis vraiment tombé amoureux du script. Lorsqu’il a fallu choisir le réalisateur, j’ai ‘écarté’ une demi-douzaine de très bons cinéastes, trouvant toujours de mauvaises excuses. Je me suis donc rendu à l’évidence : si j’étais aussi difficile pour choisir un réalisateur, c’est que j’avais envie de le diriger moi-même.

Vous aviez une appréhension en vous lançant dans un tel projet ?

Luc Besson : « Le film d'Adèle Blanc-Sec est un cadeau au public »J’avais surtout peur qu’on le rate ! Le premier réel travail a été de convaincre Tardi, qui avait cru en un premier projet ne s’étant jamais concrétisé en définitive. Ce qu’il faut accepter dans ce type d’entreprise, c’est qu’on change d’univers en passant d’un mode d’expression à l’autre. Il faut bien entendu que l’ADN de l’œuvre se transfère, mais pas nécessairement ce qui est autour. Jacques Tardi et moi avons beaucoup parlé et échangé afin que je puisse ressentir la valeur intrinsèque de ses personnages, ce que lui en tant qu’auteur voulait placer dans ses récits, ce qu’il aimait ou n’aimait pas. Puis, à partir de cet ADN que j’ai puisé et identifié, j’ai créé une autre œuvre. Car il faut bien se rappeler que 98% de public qui verra le film n’aura jamais lu la bande dessinée avant d’entrer dans la salle de cinéma. Même s’ils achèteront peut-être les albums par la suite…

Dans la part que vous avez conservée, on ressent l’attention que vous avez eu à coller au physique des personnages, grimant Jean-Paul Rouve en un magnifique et illuminé Saint-Hubert, sans oublier Adèle et les autres …

Lorsque Tardi créa les personnages pour les albums, il partit de documents photographiques de l’époque. Comme il avait conservé tout cela, j’ai donc demandé à pouvoir m’inspirer de cette documentation. Selon moi, l’erreur aurait sans doute été de vouloir copier les dessins, mais en utilisant plutôt leur origine photographique, parfois plus complexes, on garantissait leur ressemblance.

D’autres adaptations célèbres se sont plus éloignées des codes graphiques de la bande dessinée. Au contraire, vous avez poussé cette corrélation dans les moindres détails ?

Oui, Adèle aurait pu être blonde, Caponi porterait une barbe, etc. Mais Tardi a beaucoup réfléchi en créant ses personnages, s’inspirant de personnes réelles mais anonymes pour leur donner de la cohérence. Autour de leur physionomie, il les a dotés d’un caractère et d’une vie : tout ce long processus de création était donc déjà réalisé ! Si vous devez construire un bâtiment, et que les fondations et les matériaux sont déjà présents, vous les employez !

Pourtant, vous avez modifié, épaissi le caractère d’Adèle en la rendant plus féminine, plus drôle, mais aussi plus fragile en terme de sentiments …

Oui, j’ai changé Adèle, car il faut avant tout maintenir l’attention du public pendant une heure et demie. Puis, c’est que j’ai personnellement capté du personnage de la bande dessinée : elle a beau être insolente et politiquement incorrecte, j’y vois tout de même une femme fragile et humaine. J’ai cassé la coquille pour m’apercevoir qu’à l’intérieur, il y a une petite boule de tendresse.

Vous maintenez néanmoins son ton ironique et sarcastique face aux événements qui se produisent. Dans l’écriture de certains dialogues, vous avez poussé à l’extrême le sens de la formule.

Mais c’est l’époque qui veut également cela ! Personne ne sait alors qu’on va prochainement se ‘taper’ deux guerres mondiales. En regardant pas mal de documents de 1911, on se rend compte de l’insouciance phénoménale des gens : les passants déambulent sans but, se saluant sans se connaître. La vie est insouciante et légère. Il y a d’ailleurs une invention par semaine ! « Tiens, qu’a-t-on inventé cette semaine ? Cela s’appelle le téléphone : on peut se parler à distance. Oh, cela semble intéressant. » C’est vraiment la Belle Époque dans sa splendeur ! Et donc, le détachement d’Adèle provient aussi du moment où se déroule l’aventure : un homme fait une chute vertigineuse et meurt sur son tas d’or, et elle s’exprime : « Comme quoi, l’argent ne fait pas le bonheur ! » C’est aussi son caractère, mais c’est réellement un travail très jouissif de mettre tout cela en scène.

Certains situations deviennent d’ailleurs assez burlesques, cela rappelle certaines scènes de Chaplin ?

Mais l’époque dirige également cela ! Vous vous introduisez dans une prison alors que vous n’avez rien à y faire ? Actuellement, vous seriez arrêté, jugé et condamné, mais à ce moment-là, on vous jette dehors avec un coup de pied aux fesses ! Finalement, c’est donc tout aussi amusant à tourner qu’à montrer aux spectateurs.

Clin d’œil pour les bédéphiles : Jacques Tardi lui-même joue un petit rôle dans votre film en poinçonnant le billet d’Adèle !

Jacques TardiEt juste derrière lui, vous pouvez également apercevoir son épouse et son fils qui porte les bagages, tous en costume d’époque ! J’ai dû beaucoup insister pour qu’il fasse ce petit passage devant la caméra. In fine, il a accepté mais a exigé de ne pas dire un mot. Et alors, qu’il était habillé et maquillé, devant son épouse, je suis arrivé avec un papier et je lui ai dit : « Tiens, Jacques, je t’ai quand même écrit un petit texte. Tu dois juste dire ‘Merci’ ! » (rires) C’était juste un petit clin d’œil de le voir embarquer avec Adèle à la fin du film. La plupart des spectateurs ne s’en rendront pas compte, mais je trouvais cela mignon.

À la vision du film, on ressent une grande communion avec le public : plus qu’une histoire, vous avez voulu émouvoir et faire rire, sans vous prendre réellement au sérieux ?

Je trouve que la période actuelle est vraiment morose, entre les crises diverses, le chômage, la pollution, etc. Elle est d’ailleurs aussi dure pour ceux qui la vivent que pour ceux qui la regardent. Alors, je joue le rôle de l’artiste : dans une ambiance un peu plombée, j’essaie d’égayer ce public pour un moment, en jonglant, chantant ou faisant un tour de magie, juste pour les détourner un instant de leur quotidien, ce qui lui donnera peut-être plus de force après. Il y a le côté un peu pompeux de l’artiste, mais aussi cet aspect du saltimbanque. J’avais envie d’amener un peu de bonheur par un ton plus léger. C’était d’ailleurs les mots d’ordre du tournage : un ton joyeux, du bonheur. Face à l’adversité, il y a deux façons de réagir : on peut se laisser vous envahir et vous détruire, ou alors on la combat avec de petits moments de plaisir. Et avec Adèle plus pour mes autres films, c’est un cadeau que je me suis fait à moi en le réalisant, mais surtout un cadeau que j’ai envie d’offrir au public. Ce n’est pas un film prétentieux, mais un moment d’éclate et de rigolade destiné à un large public. Le spectateur doit se dire qu’on est un peu barjot, mais pendant ce temps-là, il ne pense pas à autre chose.

Ce n’est pas la première fois que vous écrivez pour adapter une bande dessinée, mais vous avez également travaillé avec Mezières et Moebius sur le Cinquième élément. Quel est l’apport de la bande dessinée dans votre travail ?

Pour moi, il y a quatre grands vivier d’inspiration pour le cinéma : tout d’abord, votre propre imagination ; puis l’Histoire avec ses siècles de penseurs, de fourbes, de martyrs et d’aventuriers ; la littérature qui est l’imagination des autres ; puis la bande dessinée qui est un mélange d’écrits avec ses personnages, auquel vient se greffer l’image, le lien naturel vers le cinéma. On peut alors piocher selon ses propres valeurs. Mais une bonne histoire ne fait pas pour autant un bon film. Ensuite, le moment où vous faites votre film est également important car les effets spéciaux évoluent considérablement. Il y a une dizaine d’années, j’aurais sans doute animé un ptérodactyle en carton à l’aide de ficelles. Ces nouveaux outils technologiques nous permettent donc maintenant de revisiter l’univers de la bande dessinée et de saisir les opportunités qui se créent, surtout dans le domaine de la science-fiction.

C’est ce qui vous a motivé à créer Europa-Glénat, cette association avec les éditions Glénat pour la production de films tirés de la bande dessinée ?

C’est une des raisons. La seconde était de retirer une cloison entre deux univers qui peuvent très bien s’accorder. Mais les personnes évoluant dans la bande dessinée connaissent mal le monde du cinéma et, de notre côté, nous ne situons pas toujours bien les différents éditeurs. On voulait donc aussi créer ce pont pour aider certains auteurs de bande dessinée à faire du cinéma comme ils pourraient en avoir envie. Comme nous connaissons également fort bien le marché américain, on sert d’intermédiaire pour les États-Unis, faisant la promotion de certains titres. Vu le nombre de bandes dessinées qui sortent par semaine, on ne pourra pas toutes les adapter au cinéma, mais l’intérêt est réel.

Vous avez déjà quelques productions qui sont mises en route ?

Tout-à-fait, nous avons deux ou trois projets qui sont en marche, mais je ne pourrai pas vous en dire plus. Par contre, je peux vous annoncer que cela fait pas mal de temps que nous travaillons sur Valérian ! J’ai toujours été un grand fan de la série de Christin & Mezières. J’ai été très amoureux d’Adèle, mais aussi et surtout de Laureline.

Vous évoquiez dans la presse la suite des aventures d’Adèle Blanc-Sec, le second épisode serait déjà écrit d’après ce qu’annonçait Jacques Tardi…

Absolument rien n’est fait, ni décidé. C’est le public qui décidera de cette suite possible. En trente ans d’expérience, je peux vous dire que jamais rien n’est gagné, qu’il faut attendre et conserver son humilité jusqu’au bout. Actuellement, je n’y pense même pas, me focalisant sur le film qui sort maintenant. Effectivement, j’ai dit à divers journalistes qu’ils y avaient neuf tomes dans la série, et donc de quoi faire des suites. Bien entendu que ce serait réjouissant de pouvoir s’y atteler ! Tardi n’arrête pas de me demander quand est-ce qu’on fait la suite, et Louise [Bourgoin] ne cesse de me tirer la manche ! L’envie et l’excitation sont donc très présentes, mais ce n’est pas à nous décider : en voyant le film, le public saura nous le faire sentir par ses réactions !

(par Charles-Louis Detournay)

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Lire notre chronique du film de Luc Besson
Lire notre article annonçant le tournage du film
Lire une interview de Jacques Tardi : « J’arrête Adèle Blanc-sec »

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13 Messages :
  • J’ai vu Luc Besson sur l’A2 samedi soir, tard dans la soirée et chez Ruquier. Il a confirmé la présence du fameux fétiche à l’oreille cassée, un petit clin d’oeil sans doute !

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  • Car aux dernières nouvelles, une place de cinéma coûte dans les dix euros (quand il n’y a pas de supplément pour la location des lunettes 3D). Donc (et puisque vous avouez avoir écarté cinq ou six réalisateurs pour avoir le plaisir de le diriger en personne), je pense que vous avez fait ce film pour vous faire plaisir (même si en tant qu’homme de goût, vous appréciez sans doute l’oeuvre du grand Jacques Tardi). Notez bien que je ne vous reproche rien, le fait de cotoyer la belle Louise Bourgoin (ex-fiancée de Monaco !!) justifie bien des choses ! Cordialement

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    • Répondu le 13 avril 2010 à  21:26 :

      qu’est-ce qu’il raconte ? Il a passé la barre ?

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      • Répondu le 13 avril 2010 à  21:55 :

        Nan, laisse...c’est un truc entre lui et son pote Besson...

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  • Vu ce week-end en avant-première, à Rouen.
    Immense déception, d’autant plus que j’en attendais quand même pas mal. En fait, ce truc est l’exemple parfait de ce que le l’industrie cinématographique actuelle produit actuellement de moins inventif et de plus laid. Formellement, d’abord. Là où Tardi montrait de l’originalité, de la grâce (c’était plutôt original de se référer à Feuillade et à l’esthétique début-de-siècle, pour une BD des années 1970...), cette tarte-à-la-crème entasse toutes les figures de style rebattues depuis à peu près 20 ans par le genre, à savoir celles du cinéma d’action formaté ricain (le savoir-faire en moins, tout de même) : subwoof DTS, plongées-contre-plongées spectaculaires au fish-eye, effets Matrix (TM) et gros plans épidermiques à gogo, louma en veux-tu en voilà, steadycam ad nauseam, anim’ des momies en 3D poussivement copiée sur Ice Age (ce qui stylistiquement ne colle pas du tout, mais a au moins le mérite de nous montrer que les studios 3D français ont enfin intégré le principe des lois de la gravitation 1O ans après les américains et 325 ans après Newton), montage épileptique... L’histoire, indigente, est à l’avenant : une sorte de melting pot des albums auquel on a ajouté toutes les grosses ficelles du genre. Les acteurs semblent se noyer dans ce brouet et n’y croient manifestement pas eux-mêmes. En fait, j’ai eu la sensation bizarre en sortant d’avoir visionné un porno, tellement tout ça était mécanique, prévisible et vilain (et avec ça, les dévoilements de la Bourgoin sont on ne peut plus timides : un comble !!). Même la légendaire exactitude documentaire de Tardi est mise à plat par l’équipe : éléments de décors anachroniques (la SNCF, en 1910 ?!?), diction et attitudes modernes... Bien sûr, tout n’est pas noir, et par moments (au détour d’une scène de rue d’époque ou d’un plan fixe d’Adèle dans sa piaule...) on a presque le sentiment d’une irruption du cinéma sur l’écran, chose que le méchant monteur des studios Besson s’empresse de dissiper en balançant un énième plan de coupe moche et superflu...

    Et maintenant la grande question : qu’est donc allé faire Tardi dans cette galère ???

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    • Répondu par Imho le 14 avril 2010 à  16:48 :

      "Et maintenant la grande question : qu’est donc allé faire Tardi dans cette galère ???"

      Les raisons des bonnes dispositions de Tardi à l’égard de Besson coulent de source :

      - Besson clame sur tous les toits qu’il admire Tardi (dur de rejeter quelqu’un dans de telles conditions...)
      - Besson est quand même le seul réal a avoir concrétisé le truc, là où tous les autres ont échoué (raison suffisante, à mon sens).
      - C’est un débouché pour Tardi en termes de ventes et de notoriété. Et sans aucun doute la cession des droits d’adaptation a été une opération très lucrative (
      on ne mord pas la main de celui qui vous nourrit).
      - Le fils de Tardi qui bosse dans le cinoche est employé de manière récurrente par la prod’ de Besson (idem).

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      • Répondu par Oncle Francois le 14 avril 2010 à  17:42 :

        Je viens de voir le film (la séance n’était pas gratuite, à ma grande surprise !°). Je confirme qu’il y a bien un Tardi (pas Jacques) dans le générique de fin.

        A ce sujet : attention à ne pas sortir dés le début du générique, car il y a ensuite une sorte de bonus avec Jean-Paul Rouve en gibier. De plus, il y a une chanson de la chanteuse de Rita Mitsouko. Bonne séance !

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        • Répondu par laurent le 14 avril 2010 à  20:20 :

          Incroyable, ils ont même fait le coup éculé (au bas mot depuis 15 ans...) du bonus/bêtisier post-générique (et moi qui suis parti avant la fin des tartines déroulantes — le fils Dutronc me file de l’urticaire) !!!

          Une dernière remarque pour être complet (et j’arrête là avec mes critiques, mais la modération n’ayant pas publié cette réflexion digne d’un Fontenelle ou d’un Voltaire sur l’autre sujet "Tardi a aimé le film de Luc B.", sous le post d’Alain Perfide, ça me donne envie d’en rajouter une couche ici...) : ce film est tellement mauvais qu’il fera assurément un carton !

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      • Répondu par laurent le 14 avril 2010 à  17:44 :

        Merci pour ces éléments de réponse. M’enfin, on parle de Tardi l’artiste, Tardi l’anar’, tout de même ! Il n’a jamais été du genre à se vendre au premier mercanti venu ! Je le répète, ce film est plat et sans âme, c’est une insulte faite à l’intelligence du spectateur, au cinéma et à l’oeuvre de Tardi, cela saute aux yeux (je m’étonne d’ailleurs aussi de la mansuétude critique ici-même) ! Tardi se bat contre MacDo (cf. ses affiches), là, c’est exactement la même chose, du cinoche formaté, prédigéré, du "fast-cinéma" par Ronald Mc Besson (TM), ce n’est pas possible qu’il cautionne un truc pareil.
        Et pour répondre à ton 2e point : je ne suis absolument pas d’accord : laisser cette adaptation dans le néant (d’où elle n’aurait jamais dû sortir) aurait été mille fois préférable.

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        • Répondu par Oncle Francois le 14 avril 2010 à  18:55 :

          Personnellement ; voila ce que j’ai écrit de ce film sur cinémovies et sur mon cinéblog :

          Pour un Besson, c’est plutôt réussi, on aurait pu s’attendre à pire après ses épouvantables Minimoys. Ici, il adapte avec liberté les aventures d’Adèle Blanc-Sec. Donc les puristes (dont je fais un peu partie, car je fais partie de ceux qui ont acheté ses aventures lors de leur sortie )vont peut-être crier au scandale. Je ne me souviens pas que Tardi ait enmenè son Adèle aux Trois Pyramides du Caire, celle longue séquence lorgne du coté d’Indiana Jones et de la Momie. Il y a même un clin d’oeil aux Cigares du Pharaon lorsque Adèle fait du canot dans un sarcophage. La machine à momifier est ridicule. Caponi et Dieuleveult ont de grandes oreilles rouges (magie du maquillage !!). Le ptérodactyle a une couleur qui ressemble à celle de l’album, ce qui permettra de le différencier des créatures spielbergiennes du Jurassic Park. Pas trop de glamour sexy racoleur, Besson a surtout repris la séquence de la baignoire. Les acteurs sont quand même excellents, leurs nombreuses grimaces passent plutôt bien la rampe.

          Un bon divertissement à grand spectacle, une authentique oeuvre artistique, c’est déjà moins sûr. Tardi mérite quand même de récolter des droits d’auteur sur ce film qu’il a autorisé et qu’il félicite, les authentiques lecteurs de BD pourront toujours relire leur collection. Je précise que le film semble être conçu pour être distribué à l’étranger. De nombreuses séquences se passent dans des endroits fort appréciés des touristes qui font le tour de la capitale en 48 heures (Tour Eiffel, Palais Royal, Jardin des Plantes, Elysée,Musée du Louvre, Butte Montmartre)

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        • Répondu par Oncle Francois le 14 avril 2010 à  19:36 :

          Cher Laurent, il y a en fait deux Tardi : l’anar et l’artiste engagé (à gauche notamment, mais aussi contre toutes les guerres), et d’un autre coté, l’auteur des Adèle Blanc-Sec où il a toujours avoué son admiration pour le roman populaire du début du siècle. Les deux sont de remarquables dessinateurs, mais vous avez bien noté que l’adjectif "extraordinaires" figurait aussi dans l’oeuvre de Jules Vernes.

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          • Répondu par laurent le 15 avril 2010 à  18:27 :

            Salut François,

            À mon sens, tenter de tracer chez Tardi une frontière entre un hypothétique "art-du-divertissement" dont relèverait la série des Adèle et un art "plus engagé" est injuste. Il serait bien sûr tentant de réduire la saga à un simple exercice de style esthétisant de type vernien, guimardesque et que sais-je encore (ce dont semble se prévaloir Besson dans son adaptation), mais cela serait faux.

            Outre que la fibre anarchiste sous-tend tout l’oeuvre de Tardi, les trois premiers albums seraient plutôt une savante déconstruction du modèle revendiqué : Jules Verne, avec ses inventions merveilleuses, avait une foi dans la science toute positiviste. Tardi, lui, détruit cette thèse dans le "Savant fou"... Les inventions, le décorum IIIe République, ne servent pas que de toile de fond ; ils sont là avant tout pour être dézingués. Sinon, les méchants et les monstres me font plutôt penser — plus qu’à ceux des feuilletonistes français début-de-siècle — à ceux du cinéma expressioniste allemand qui à sa façon traquait aussi "la bête"...

            Après, si des personnes trouvent leur compte avec ce film le samedi après le restau, ça me va, hein... Seulement, je persiste à trouver ces aventures filmées "très ordinaires"...

            Au plaisir,

            — Laurent

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  • À propos, connaît-on le "grand réalisateur" français (aux dires de Tardi et de Besson dans les interviews) qui avait projeté l’adaptation et initialement acquis les droits ? Son nom n’est jamais cité... (un pote bossant dans le cinoche m’avait à l’époque où cela se négociait soufflé les noms de Guédiguian et de Rohmer, peut-être cela s’est-il confirmé...)

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