On pouvait s’en douter, Isabelle Bauthian, scénariste de Ma Vie d’adulte, a mis une part d’elle-même dans son histoire. En l’occurrence, le tournant de la trentaine pour une libraire morose, qui souhaite renouer avec le journalisme, tout en relançant ses créations textiles. Un petit ami aimant et rassurant va l’aider à réfléchir, à se lancer dans les marécages des offres d’emploi et des lettres de motivation. Après des coups de fils harassants, une proposition alléchante se profile. Élisa, notre future ex-libraire, décroche un rendez-vous. Et enfin, le job ! Une nouvelle vie ? Pas si sûr...
Plutôt que de mettre en avant cette semi-réussite que représente la reconversion du personnage principal, Bauthian préfère explorer les doutes d’Élisa au moment ou elle commence son nouvel emploi. Capricieuse ? Immature ? Inadaptée ? Ses atermoiements font écho aux réalités du monde de l’entreprise : des personnalités diverses, paradoxales, accrochées à leurs intérêts. Beaucoup de diplômés frustrés seront sensibles aux propos des auteurs.
Ma Vie d’adulte ne se contente pas d’une critique sociale subtile : L’album défend le droit au questionnement, aux changements de direction risqués. Et d’une certaine manière, l’émancipation des normes sociales.
Une sorte de sociologie générationnelle aérée d’une jolie chronique sentimentale.
Remarquable.
(par David TAUGIS)
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