De digressions en digressions, Gipi prolonge dans Ma vie mal dessinée le travail autobiographique entamé avec son précédent ouvrage S (Vertige Graphic & Coconino Press, 2006). Un livre déroutant à bien des égards, tant l’auteur saute d’un sujet à l’autre et alterne des planches au fin feutre jetées comme dans l’urgence et d’autres en couleurs directes particulièrement léchées. Il faut voir dans Ma vie mal dessinée une véritable plongée dans le cerveau de Gipi, ses angoisses, ses amours, ses envies, ses névroses : un livre d’une grande impudeur, tels ceux qu’ont pu signer Chester Brown ou Robert Crumb avant lui.
S’il est évident que Gipi ait mis toute son intelligence et sa virtuosité dans cet ouvrage, il semble malheureusement laisser le lecteur sur le côté du chemin catharsique qu’il a décidé d’emprunter. Sans doute, tenons-nous là un livre-charnière dans l’œuvre de l’auteur.
Ceux qui voyaient en Gipi un Baru italien en sortiront perplexes.
(par Morgan Di Salvia)
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