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Macaroni ! - Par Thomas Campi et Vincent Zabus - Dupuis

Par Louis GIRARD Charles-Louis Detournay le 8 avril 2016                      Lien  
Si le titre de cet album évoque une fameuse pâte italienne, il représente surtout le surnom donné par les belges aux immigrés italiens venus travailler dans les mines du Nord. Sous ce quolibet familier, Vincent Zabus et Thomas Campi proposent un récit touchant, fait de retrouvailles et de rêves enfouis dans les mines de charbon.

Pour Roméo, 11 ans, passer quelques jours chez son grand-père, « le vieux chiant », qui habite la cité minière de Charleroi, cela se rapproche d’une certaine conception de l’enfer. Surtout qu’il n’y a même pas la télé !

Mais durant ces vacances imposées par son père, tracassé par d’autres problèmes, Roméo va découvrir derrière le silence de cet être usé et bougon une histoire familiale douloureuse : celle d’un homme déraciné de son Italie d’après-guerre parti rejoindre un certain rêve loin au Nord, tout en rêvant d’un autre… Rêves rapidement enterrés, plein de regrets, dans les mines de charbon belges.

Macaroni ! - Par Thomas Campi et Vincent Zabus - Dupuis

À travers ce récit souvent silencieux entre le vieil homme et son petit-fils, Vincent Zabus nous plonge dans un pan de l’histoire du XXème siècle, à la rencontre de toute une génération d’immigrés économiques. Un épisode de l’Histoire des peuples finalement peu connu si ce n’est à travers le classique Les Ritals de Cavanna ou les chansons de Salvatore Adamo, qui préface d’ailleurs ce très bel album.

Le long récit de Vincent Zabus dévoile en effet l’histoire de générations qui se rencontrent enfin, de la découverte d’un passé familial empreint de déracinement et de renoncement, d’identités oubliées. Il faut saluer le travail de scénariste qui a revu plusieurs fois sa copie comme il l’explique dans la postface. Car il avait d’abord écrit ce récit pour son compère Renaud Collin du Monde selon François, avant de le transposer au théâtre, puis de répondre à la demande de son éditrice pour le ramener à son média d’origine, la bande dessinée. Ce long accouchement a permis au scénariste de peaufiner chaque scène, surtout le jeu des silences et des dialogues entre les personnages, ce qui provoque de belles et fortes émotions au lecteur.

Le tout est brillamment mise en image par Thomas Campi (un dessinateur d’origine italienne : impossible d’y voir un hasard). Au long de ces cent vingt-cinq planches, Campi développe un dessin enlevé et lumineux, bien loin des clichés gris de la cité minière, et qui symbolise toute la force des sentiments de cette communauté italienne.

Un récit à lire en parallèle de Marcinelle 1956, le brillant album de Sergio Salma, les deux ouvrages se répondant l’un à l’autre pour développer la complexité de cet épisode méconnu de l’Histoire. Une très belle découverte, pleine de sensibilité !

(par Louis GIRARD)

(par Charles-Louis Detournay)

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Lire notre précédente interview de Vincent Zabus : " ’Les Petites Gens’ démontre tout l’intérêt des personnes ordinaires"

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