On pensait avoir écumé tous les métiers en bande dessinée... Mais nous avions semble-t-il oublié les chauffeurs de bus ! Heureusement, Berco & Thiriet comblent ce vide abyssal pour nous livrer un premier opus plutôt rocambolesque !
Pas vraiment de héros, si ce n’est un chauffeur de bus type sortant du lot de ses collègues, mais qui demeure néanmoins anonyme. Tous les occasions sont prétextes à rire : les personnes qui parlent au chauffeur, ceux qui font la manche, ceux qui loupent leur arrêt, etc.
Si Thiriet n’avait revisité que les clichés, ce premier tome serait morne à souhait, mais il fait heureusement part d’une belle inventivité pour imaginer des convoyeurs, chauffeurs et contrôleurs hors du commun : le médecin qui vient vérifier le dos du chauffeur sur son lieu de travail ; le contrôleur qui rivalise d’astuce avec les resquilleurs pour leur faire payer leur amende, les cœurs à prendre qui se servent du bus comme speed dating ; ... Mention spéciale pour quelques personnages qui reviennent de page en page, dont la folle qui prend le bus comme d’autres vont au cinéma, uniquement pour invectiver le chaland par le biais de pancartes aux messages explicites : à chaque passage, le personnage gagne en truculence !
C’est donc par cette inventivité que Thiriet convainc en dépit d’un début de lassitude lors des premières pages. Une bonne part de la réussite revient également au talentueux Bercovici, « star incontournable des Éditions Dupuis depuis 1886 » nous apprend le communiqué de Fluide Glacial ! Malgré son grand âge supposé, Berco continue de fasciner par la vitalité qu’il place dans ses personnages : quelle efficacité !
Mais si le produit semble accessible, voire formaté, on se demande pourquoi il a atterri chez Fluide ? Mise-à-part le lien qui unit cette maison à Thiriet, c’est peut-être également parce que les mises en situations ne sont pas réalisées par planche, ou par strip. Tous les gags sont accolés, avec des chutes en début de page suivante, des enchaînements parfois sans transition, et une alternance de dessins drôles (à la limite de l’illustration), des mini-récits de trois-quatre cases et d’autres de plus d’une page.
Si cela déstabilise certainement le lecteur habitué aux codes immuables, les amateurs d’humour et de nouveautés pourront se lancer sur cette ligne, en se laissant guider par l’expérience de deux chauffeurs chevronnés.
(par Charles-Louis Detournay)
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