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Mairie d’Angoulême : « Le Festival aura lieu en 2010 »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 octobre 2009                      Lien  
À quelques jours de la Conférence de presse de la 37ème édition, c’est la partie de bras fer entre le Festival et la Mairie d’Angoulême. En jeu, une histoire de gros sous, mais aussi un jeu politique à quelques semaines des élections régionales.

La mèche a été allumée cette semaine et l’information a fait hier l’effet d’une bombe : La 37ème édition du Festival d’Angoulême pourrait être purement et simplement annulée. Au-delà des effets d’annonce, qu’en est-il vraiment ?

Le Festival est une association de Loi 1901, qui a accordé depuis 2007 à une société prestataire, la société de M. Frank Bondoux, le soin de gérer l’évènement qu’elle a créé il y a 36 ans. La ville a passé un accord triennal avec le Festival et subsidie largement celui-ci à hauteur d’un million d’euros. Aucune municipalité au monde ne fait autant pour la bande dessinée, il faut bien en être conscient. En plus de ce montant, Le conseil régional et le conseil général participent à hauteur de 200.000 euros chacun et la Comaga verse un peu plus de 50.000 euros. Par ailleurs, le Ministère de la culture, des sponsors privés comme la Caisse d’Epargne et les éditeurs contribuent à équilibrer le budget du Festival qui, son l’on en croit son Délégué Général, M. Bondoux est bénéficiaire.

Entre la ville et le Festival, il y a un contentieux concernant les frais techniques liés au montage et au démontage des bulles, la mise à disposition du personnel municipal et la fourniture de matériaux en tous genres. Valeur estimée : 400.000 euros. Cette année, la Ville réduirait cette prestation.

Mairie d'Angoulême : « Le Festival aura lieu en 2010 »
Le Maire d’Angoulême Philippe Lavaud, ici avec la présidente de la Région Poitou-Charentes, Mme Ségolène Royal. La Mairie l’affirme : "La ville soutiendra le Festival et il aura lieu en 2010".
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Première question : à partir du moment où une convention existe entre la ville et le festival, cette prestation n’était-elle pas contractuelle ? Si oui, la ville est-elle en rupture de contrat ? C’est ce que prétend M. Bondoux qui signale dans La Charente Libre d’hier qu’il s’agir de « prestations sur lesquelles elle s’était engagée par convention. » Il déclare en outre que cette décision est annonciatrice d’une baisse de la subvention principale, au delà de la fin du contrat triennal.

L’adjoint à la culture du Maire d’Angoulême, M. Gérard Desaphy, récuse cette lecture. La ville est engagée sur l’assurance de sécurité et de circulation sur les lieux publics de l’événement. Elle se traduit par des prestations techniques, de la mise à disposition de personnel et l’engagement d’intérimaires pour assurer les services. C’est cette dernière ligne budgétaire que la ville voudrait réduire. Globalement, la ville s’interroge sur le contenu de la prestation. Est-ce le rôle de la ville de financer le montage des stands qui sont facturés aux éditeurs ? En clair, le budget culturel de la ville doit-il financer la partie commerciale du festival ? Rappelons qu’un rapport de la Chambre Régionale des Comptes avait signalé qu’il n’était pas normal qu’une ville de 43.000 habitants finance un festival national et international à ce niveau d’investissement.

L’autre question est : pourquoi apprend-t-on cette décision maintenant, à quelques jours de la conférence de presse de lancement de la prochaine édition ? Parce que la ville vient d’apprendre en septembre seulement que la dotation que lui consacre l’État pour 2010 a substantiellement baissé. Elle doit donc répercuter cette baisse à tous les niveaux et regarde donc sur ses festivals (elle en a 7 !) comment elle peut réduire les coûts. Frank Bondoux considère, si l’on en croit La Charente Libre, que ces problèmes ne sont pas ceux du Festival, mais ceux de la ville.

La crise est donc ouverte. En menaçant ainsi d’annuler le Festival dans la perspective des prochaines élections régionales, Frank Bondoux tente de forcer la main du maire PS Philippe Lavaud. Est-ce opportun ? Rappelons quand même que la convention triennale de la Ville avec le Festival s’achève avec l’année 2010 et que face à cette « diplomatie de la canonnière », la Mairie pourrait revenir de façon défavorable sur ses futures contributions. En tentant ainsi de forcer la main, M. Bondoux ne résoudrait un problème de court terme en compromettant l’avenir ?

La Mairie promet que les prochaines réunions sauront trouver une solution à ce problème.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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16 Messages :
  • Le festival aura-t-il lieu ? Est un refrain que l’on nous ressort tous les ans à la même date depuis quelques années. À croire que c’est une opération de communication...

    Si seulement, pour une fois, il pouvait ne pas avoir lieu. Si seulement c’était vrai. Hop, le FIBD ferait ses valises et irait s’installer, l’année suivante, ailleurs. À La Rochelle ou Arcachon ou à Antibes... Dans une ville au décor plus agréable. Ça nous changerait de l’Hôtel Mercure et de ces rues en pentes qui scient les pattes..

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    • Répondu le 30 octobre 2009 à  14:13 :

      et même plus et mieux : à une autre date, ras le bol de se cailler fin janvier

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      • Répondu le 2 novembre 2009 à  20:28 :

        Aux grincheux : personne ne vous oblige à y aller vous "cailler" et vous "scier les pattes"...

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    • Répondu par Oncle Francois le 30 octobre 2009 à  14:37 :

      Pour ma part, je trouverai normal qu’une manifestation importante ait lieu à Paris. Ou alors à la rigueur à Lyon,capitale de la Gaule et du saucisson (ne pas confondre, quoique dans une certain sens que Uderzo n’a jamais voulu évoquer...) ! Ces deux villes sont déjà mieux placées que la cité angoumoise, par rapport à l’Hexagone. Et je ne parle pas des invités japonais, américains, obligés de à de longs transit en aeroport ou en taxis (ils doivent arriver à Bordeaux). Paris et Lyon disposent de grands parcs d’exposition (nul besoin d’aller à Villepinte, le local du salon de l’Auto devrait etre suffisant. De plus, la plupart des grands editeurs sont situés à Paris, donc cela leur ferait faire des economies d’hotel.

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      • Répondu le 30 octobre 2009 à  17:35 :

        la plupart des grands editeurs sont situés à Paris, donc cela leur ferait faire des economies d’hotel.

        C’est stupide ce que vous dîtes, ce n’est pas parce que la plupart des éditeurs ont des bureaux à Paris que les auteurs sont parisiens, et où vont-ils loger les auteurs ? Sur des lits de camps dans les bureaux de l’éditeur ?

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        • Répondu par Oncle Francois le 30 octobre 2009 à  19:17 :

          Excusez-moi, ce que vous dites n’est pas vraiment malin. Car même en imaginant que les auteurs soient répartis sur l’ensemble du territoire (Bretagne, Nord, Ardennes, Lyon, Midi, Pyrénnées), il est plus simple de se rendre à Paris (grace au réseau en étoile de la Sncf) où il y a des infrastructures en dur (le contraire de chapiteaux couteux à monter et à louer !), et pléthore d’hotels. Par contre, les employés des grands éditeurs (ceux qui tiennent les stands) résident à Paris, non loin des sièges des editeurs. Il n’y a que Thierry Groensteen à Angou, non ?

          Toutefois, si la BD francobelge est à l’honneur, le mieux serait d’organiser ce festival dans ma jolie région des Ardennes (frontière entre la France et la Belgique), de préférence au printemps (saison plus sympa que l’hiver parfois rgoureux chez nou, je le concède). Cela serait pratique pour les belges, et pour les parisiens, notamment !

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          • Répondu le 31 octobre 2009 à  01:35 :

            Glénat c’est à Grenoble, Soleil c’est à Toulon, Dupuis à Marcinelle, sans compter toutes les petites structures qui sont un peu partout en province et dont les tarifs exhorbitants de l’hotellerie parisienne empêcheraient de pouvoir y héberger.

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            • Répondu par ostap78 le 31 octobre 2009 à  14:03 :

              Et sans oublier que le CNBDI est à Angoulême ! On aurait l’air bête nous français, d’avoir construit à grand frais un musée et une école autour de la BD (et de l’image) et de faire un festival internationnal ailleurs.
              Nos amis belges pourraient raconter une histoire "française" en commençant ainsi : c’est un français une fois, qui....etc "
              Pour le coût du festival, voir comment fait le cinéma à Cannes ?

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            • Répondu le 31 octobre 2009 à  16:16 :

              Terminé les festivals. Tout le monde reste chez soi. On aura plus de temps pour lire des bandes dessinées.

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            • Répondu par Xavier Mouton-Dubosc le 1er novembre 2009 à  21:28 :

              C’est réducteur et malsain de croire que Paris est le centre de la France.

              Angoulême est peut être excentré, mais les habitants, les commerçants se mettent en quatre pour accueillir le Festival.
              Relocalisez-le à Paris, et je doute qu’il aie le même impact : les Parisiens n’y mettront pas le même intérêt, il sera fade, et le public provincial ne viendra pas à cause du prix des hotels parisiens.

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              • Répondu par José de Freitas le 3 novembre 2009 à  11:29 :

                J’ais souvent été visitant du festival, j’étais lié au marché de l’édition de BD portugaise. Comme visitant étranger j’ais toujours bien aimé le Festival a Angoulême, la ville est sympa, les habitants acceuillants et "l’infrastructure BD" (musée, etc...) raisonablemment boone.

                Mais.... être logé à 20-30km parcequ’il est impossible de trouver un hotel dans la ville, obligé de louer une voiture, devoir faire parfois plus d’une centaine de km pour prendre l’avion (ou dans notre cas être forcés de venir en voiture, partant de Lisbonne à 7h du matin pour arriver à l’heure du diner, parcequ’il n’y a pas d’avion direct le jour ou nous en avons besoin), ne jamais trouver un restaurant avec une place disponible, à moins de payer une fortune dans les restos chers.... J’avoue que l’idée d’un Festival à Paris ou Lyon me plait BEAUCOUP !

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            • Répondu par Oncle Francois le 6 novembre 2009 à  21:19 :

              Du n’importe quoi ! Il suffit de discuter avec auteurs, libraires et editeurs (quand on ’est pas asocial !!)pour savoir que soleil a des bureaux sur Paris (10 ou 11 je crois), Dupuis France est logé chez Media participations (18ème). Quant à Glénat, cela fait longtemps que les bureaux de sa filiale vents d’Ouest sont en banlieue parisienne (Issy je crois) ;

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  • Finalement on manque de chiffres.

    le montage des stands qui sont facturés aux éditeurs ?

    Quelle part cela représente ce que paient les éditeurs ? La billeterie représente quelle part du budget global ? Et où ces revenus vont-ils ? Vers l’association ? Si l’association (à but non lucratif) ne peut pas empocher de bénéfices, qu’en est-il de la société de Mr Bondoux ? Le festival est-il déficitaire ? Si ce n’est pas le cas, où vont les bénéfices ? L’association a-t-elle des fonds propres qu’elle met dans l’organisation ? A quel niveau si les structures physiques sont gérées par la mairie ? Les sponsors sont-ils présents en argent ou en nature (voyages et hébergement des Grands prix etc...) ? Gérer un tel festival doit être une usine à gaz !

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    • Répondu par Chat Lent le 30 octobre 2009 à  15:03 :

      C’est joli ce que vous proposez les uns et les autres, mais ça ne change rien au fond du problème : l’état ne donne plus de subvention aux municipalités, alors que le gouvernement multiplie les dépenses extravagantes :

      "Un rapport de la cour des comptes sur la présidence française de l’Union européenne pointe notamment du doigt le coût d’un dîner du 13 juillet dans le cadre du sommet de Paris de l’Union pour la Méditerranée (UPM) qui, restauration et aménagement compris, a représenté "un total de 1.072.437 euros pour 200 personnes, soit 5.362 euros par invité".
      Ce seul sommet a coûté 16 des 171 millions d’euros de la présidence française de l’UE. Ce montant a servi notamment à un réaménagement "exceptionnel" et "sans précédent" du Grand Palais pour trois heures de réunion, avec notamment 91.500 euros de moquette éphémère, 194.900 euros de jardinières et 136.000 euros consacré au fond de scène."
      (AFP)

      Avec des sommes pareilles, il y a de quoi financer plusieurs festivals...
      Alors, déplacer le festival ne changerait rien, les municipalités seraient confrontées au même problème.

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      • Répondu le 30 octobre 2009 à  17:09 :

        Une ville plus grande serait peut-être plus adaptée pour accueillir un tel salon... sur le plan financier aussi, non ?

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        • Répondu le 1er novembre 2009 à  23:18 :

          Promenez vous dans les rue d’Angoulême et regardez les murs peints sur le thème de la BD : le mur consacré à Titeuf est très dégradé. D’autres murs BD sont à l’abandon...Le Festival BD fait de grandes opérations de com puis plus rien.J’aime beaucoup ce festival, je suis triste d’assister à son délabrement.

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