La mèche a été allumée cette semaine et l’information a fait hier l’effet d’une bombe : La 37ème édition du Festival d’Angoulême pourrait être purement et simplement annulée. Au-delà des effets d’annonce, qu’en est-il vraiment ?
Le Festival est une association de Loi 1901, qui a accordé depuis 2007 à une société prestataire, la société de M. Frank Bondoux, le soin de gérer l’évènement qu’elle a créé il y a 36 ans. La ville a passé un accord triennal avec le Festival et subsidie largement celui-ci à hauteur d’un million d’euros. Aucune municipalité au monde ne fait autant pour la bande dessinée, il faut bien en être conscient. En plus de ce montant, Le conseil régional et le conseil général participent à hauteur de 200.000 euros chacun et la Comaga verse un peu plus de 50.000 euros. Par ailleurs, le Ministère de la culture, des sponsors privés comme la Caisse d’Epargne et les éditeurs contribuent à équilibrer le budget du Festival qui, son l’on en croit son Délégué Général, M. Bondoux est bénéficiaire.
Entre la ville et le Festival, il y a un contentieux concernant les frais techniques liés au montage et au démontage des bulles, la mise à disposition du personnel municipal et la fourniture de matériaux en tous genres. Valeur estimée : 400.000 euros. Cette année, la Ville réduirait cette prestation.
Première question : à partir du moment où une convention existe entre la ville et le festival, cette prestation n’était-elle pas contractuelle ? Si oui, la ville est-elle en rupture de contrat ? C’est ce que prétend M. Bondoux qui signale dans La Charente Libre d’hier qu’il s’agir de « prestations sur lesquelles elle s’était engagée par convention. » Il déclare en outre que cette décision est annonciatrice d’une baisse de la subvention principale, au delà de la fin du contrat triennal.
L’adjoint à la culture du Maire d’Angoulême, M. Gérard Desaphy, récuse cette lecture. La ville est engagée sur l’assurance de sécurité et de circulation sur les lieux publics de l’événement. Elle se traduit par des prestations techniques, de la mise à disposition de personnel et l’engagement d’intérimaires pour assurer les services. C’est cette dernière ligne budgétaire que la ville voudrait réduire. Globalement, la ville s’interroge sur le contenu de la prestation. Est-ce le rôle de la ville de financer le montage des stands qui sont facturés aux éditeurs ? En clair, le budget culturel de la ville doit-il financer la partie commerciale du festival ? Rappelons qu’un rapport de la Chambre Régionale des Comptes avait signalé qu’il n’était pas normal qu’une ville de 43.000 habitants finance un festival national et international à ce niveau d’investissement.
L’autre question est : pourquoi apprend-t-on cette décision maintenant, à quelques jours de la conférence de presse de lancement de la prochaine édition ? Parce que la ville vient d’apprendre en septembre seulement que la dotation que lui consacre l’État pour 2010 a substantiellement baissé. Elle doit donc répercuter cette baisse à tous les niveaux et regarde donc sur ses festivals (elle en a 7 !) comment elle peut réduire les coûts. Frank Bondoux considère, si l’on en croit La Charente Libre, que ces problèmes ne sont pas ceux du Festival, mais ceux de la ville.
La crise est donc ouverte. En menaçant ainsi d’annuler le Festival dans la perspective des prochaines élections régionales, Frank Bondoux tente de forcer la main du maire PS Philippe Lavaud. Est-ce opportun ? Rappelons quand même que la convention triennale de la Ville avec le Festival s’achève avec l’année 2010 et que face à cette « diplomatie de la canonnière », la Mairie pourrait revenir de façon défavorable sur ses futures contributions. En tentant ainsi de forcer la main, M. Bondoux ne résoudrait un problème de court terme en compromettant l’avenir ?
La Mairie promet que les prochaines réunions sauront trouver une solution à ce problème.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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